Commandant René Mouchotte. 1957, un aéroclub de Seine et Marne a décidé de porter son nom en sa mémoire. A la fin des années 60, Léon Robin volait déjà sur le terrain de Mitry-Mory, mais il fallut déménager pour laisser la place aux gros avions de la pieuvre naissante, l'aéroport Paris-CDG, qui a décidé de placer ses pistes dans l'axe du petit terrain. Le Plessis-Belleville sera choisi pour poursuivre l'activité de la section vol moteur.
L'Aéro-Club René Mouchotte a eu plusieurs types d'avions différents, mais dans les années 90, le fleuron de la flotte fut pour quelques temps un Bébé Jodel torpédo, dont la VNE se rapprochait de la vitesse de décrochage. Avion économique à la construction, à l'entretien et à l'utilisation, mais pas économique en sueur pour certains.
Le véritable grand-père, c'est ce vénérable Charlie Alpha, Jodel D112 construit en 1959 par l'aéro club des Ailes Montluçonnaises, acquis par l'ACRM en 1976 et reconstruit par les membres du club au milieu des années 90. Il est épaulé par Fox Yankee, construit en 1961 et au club depuis 1992. Tous deux en Fox Papa. Les années 90 ont marqué un tournant, celui du retour au train classique. 1992 fut aussi l'année de l'achat d'un avion de voyage, le DR220 Zulu Tango, construit en 1967. Les deux D112 ont été refaits à neuf en 2008.
D'autres se sont succédés, dont un DR400-120 dont l'immatriculation n'aurait pas plu au Commandant Mouchotte, le Sierra deux fois, qui nous a quittés pour voler à Dreux, remplacé en 2004 par un DR400-120 qui porte le doux nom de Roméo-Juliette. Je ne parlerai pas du PA28 IFR qui ne fait pas partie de cette famille de boiz'étoiles. Toute cette flotte a fait de nombreux voyages, nommés Raids René Mouchotte, notamment plusieurs fois en Angleterre et jusqu'au Maroc via Gibraltar avec des enfants handicapés qui suivaient en autobus, effectuant des étapes à tour de rôle dans les avions. Le tracé du vol reprenait certaines parties de la fuite de Mouchotte vers l'Angleterre pour rejoindre le Général De Gaulle.
Il y a bientôt trois ans, quelques membres du club avec l'aval du CD décident de construire un 3ème Jodel D112. Ce sont des bouts qui sont récupérés ici et là, puis là aussi, l'aile est entièrement refaite, le fuselage aussi, en fait tout est refait... Puis pendant un an, la motivation les a quittés, et ce sont de joyeux papys qui se sont attelés en novembre 2008 à la tâche de faire enfin voler cette machine au printemps 2009. Voici le résultat, avion terminé à 80%, mais encore 80% du boulot à faire. Ce n'est que la partie émergée de l'iceberg, dans l'atelier se trouve le faisceau électrique, la radio l'intercom et le transpondeur, les autres instrument, le moteur au ban qui attend son hélice dans la semaine (elle ne sera pas en métal, ne sera pas crochisée et ne servira pas à dégager le taxiway de la neige qui s'y trouverait). Mais enfin il est en croix, et dans un mois peut-être il volera.
L'été arrive et dans ce club dont je m'occupe un peu, la politique est qu'il faut être lâché sur D112 ou DR220 avant de pouvoir toucher aux trains tricycles. L'instruction de base est , si possible, dispensée exclusivement sur D112 et les "vols de contrôle" (1h d'instruction tous les deux ans pour proroger son PPL) sont pratiqués en priorité sur le DR220. C'est une sorte d'assurance-casse un peu originale qui tire le niveau de pilotage demandé vers le haut, plutôt que de tirer la difficulté des machines vers le bas en choisissant du plastique et des paillettes. La plupart de nos membres s'y retrouvent et leur porte-feuille aussi, mais chut, nous ne sommes que des bénévoles et nous ne cherchons pas à attirer les pique-assiette. Environ 150 membres, 9 instructeurs tous plus ou moins professionnels de l' "aérien", 5 et bientôt 6 avions presque toujours dispos, des repas tous les jeudi, et paraît-il le taux record de réussite aux brevets dans la DAC ou au moins une partie de celle-ci...
Voila la vie d'un club près de Paris, ouvert à tous ceux qui peuvent y apporter quelque chose, du temps, de l'huile de coude, du savoir-faire, ou bien juste de la bonne-humeur et où l'on n'est rémunéré que par le sourire des pilotes qui prennent du plaisir à gratter la boue au balai par -5°C après le dégel de la piste en herbe pour rendre un avion propre au suivant ou au mécano qui fait la visite le lundi.
La flotte des Boiz'étoiles
Le troisième Jodel :
La plus belle roulette de queue du monde :