Salut tout le monde !
Une des raisons qui m'ont fait choisir le Québec pour venir faire une session d'études en échange, c'est la nature grandiose qu'on ne trouve pas chez nous, et la possibilité de la voir depuis le ciel, avec des avions qui roulent, mais aussi avec des avions qui nagent (ou qui flottent, plutôt).
Et donc aujourd'hui c'était le grand jour : Vol d'initiation en hydravion, depuis la Marina Boisvert à Montréal.
Le lieu : La Marina Boisvert est une hydrobase située à Montréal-même, au nord de l'île dans le quartier Pointe-aux-Trembles, et au bord de la Rivière des Prairies, un affluent du Saint-Laurent.
La bête : Un Cessna 172, 150 CV, avec des flottes à la place des roues. L'hélice a été changée pour une 80/46 (de mémoire ...). La mise en place des flottes apporte quelques restrictions : volets à ne pas utiliser à plus de 30°, charge utile un peu diminuée. Mais dans l'ensemble, les performances sont les mêmes qu'avec des roues, car si les flotteurs apportent de la trainée, ils apportent aussi de la portance et ont leur propre vitesse de décrochage.
Enfin, l'instructeur : Louis-Bernard, Québécois de souche, a touché à un peu tous les types de vols, mais c'est l'hydravion qu'il préfère. Pour lui, l'hydravion c'est la liberté : "On va où on veut, pas de procédure comme en IFR, on fly au cul et au feeling, on se pose, on chasse, on pêche, on rentre" ... Je sens qu'on va bien s'entendre !...
Avant d'embarquer, j'ai droit à deux mises en garde de la part de Louis :
"Bon, dans l'avion je ne touche pas aux commandes, c'est toi qui feras tout, je te dirais au fûr et à mesure ce qu'il faut faire".
Mais aussi : "Et je te préviens que si tu montes dans cette crisse d'avion, ça va être une piqûre et tu reviendras passer ta qualif".
La messe est dite, on embarque, on largue les amarres, et on démarre.
Première impression : Avec les gouvernes abaissées, ça se dirige plutôt facilement sur l'eau, mais faut botter avec force ... on sent qu'il y a du cable et du ressort entre les palonniers et les gouvernes ! Il y a bien une manette de freins dans le cockpit, mais comme il n'y a rien à l'autre bout, on se promène sur la rivière en faisant quelques virages, le temps que le moteur chauffe et qu'un autre hydravion décolle. Le C172 venant de voler, on se dispensera des essais moteurs.
Aller, la rivière est libre, on s'aligne, on relève les gouvernes, et forcément l'avion change de direction, donc on rabaisse les gouvernes, on se ré-aligne, on les remonte, et de suite plein gaz. Les tours sont là.
Volant à fond en arrière, jusqu'à que la vague apparaisse au niveau du hauban. On met alors l'avion à plat sur ses flottes, pas trop pour ne pas marsouiner, puis on laisse monter la vitesse, et hop, décollage !
A partir de là, c'est plus simple, et ça marche comme un avion "normal". On monte un peu, mais pas trop pour rester sous les zones de contrôle de Montréal (pas besoin de contact radio jusqu'à 1500 ft), et direction les Laurentides.
Peu à peu, les maisons laissent places à des champs, qui eux-mêmes laissent place à des forêts. Les couleurs et le paysage sont magnifiques : nous sommes au début de l'automne, et en bas la palette est large, depuis le rouge des érables jusqu'au vert des sapins, en passant par le jaune, le brun, ...
Ici, le relief est constitué de vallées et de collines plutôt basses. Un peu plus au nord, ça s'élève un peu, mais les vraies montagnes ne se trouvent que tout au nord du Québec, à environ vingt heures de vol ...
A 100 mph, on arrive assez rapidement à notre destination : le Lac de l'Achigan, dans les Laurentides. C'est un lac offrant pas mal de directions d'amerrissage possibles, situé dans une auge entre des collines boisées. Pas complètement moche comme coin !
On effectue d'abord un passage de reconnaissance : repérer le sens du vent grâce au courant et à l'écume, repérer les axes utilisables, repérer les bateaux, les roches, et les zones d'eau sombres qui sont souvent turbulentes. Pour choisir son axe d'amerrissage, quelques règles de bon sens mais auxquelles il faut penser sont à respecter, comme par exemple se poser près des rives, pour ne pas avoir à trop nager en cas de soucis ... On essaye aussi de limiter les nuisances sonores au dessus des habitations qui bordent le lac.
"Tu te poseras dans le sens de l'écume, entre ces rochers et ce bateau". Ok ... on va essayer en tout cas !
Ce choix arrêté, c'est parti pour une couple d'amerrissages sur la partie est du lac. Vent arrière, base, sortie des volets,
jusque-là c'est classique. La finale se fait ensuite à 65 mph, puis on arrondit en rajoutant un peu de moteur pour bien
garder l'avion cabré. Ca touche, pas trop brutalement en plus, on garde le volant complètement cabré jusqu'à ce que la
vitesse soit contrôlée, et puis c'est repartit.
C'est vraiment nouveau comme sensation, et pas du tout désagréable !
On repart ensuite pour le même exercice, à l'issu duquel on fera un décollage court : ça consiste à incliner l'avion sur un
seul flotteur, pour offrir moins de trainée, à le faire sortir de l'eau à la vitesse la plus faible possible, puis à le laisser ensuite accélérer, une fois que ça vole, à faible hauteur.
Comme le lac se prolonge à l'ouest, on décide de faire un amerrissage à l'autre bout du lac. C'est dit, c'est fait ... ça se pose vraiment court un hydravion.
Et voilà, il est maintenant temps de "remonter le lac" avant de re-décoller, en jetant un oeil au passage sur les belles maisons, au milieu des sapins, construites au bord du lac.
A nouveau un décollage court, puis un virage serré pour profiter de quelques pompes formées par les collines sur la rive sud du lac. Un peu de radada au dessus des forêts, puis passage bas sur le lac d'à côté, et on remet le cap vers la ville !
La route vers Montréal n'est pas désagréable elle non plus, et on voit petit à petit se profiler au loin le Mont-Royal, les
tours du centre-ville, et la fameuse tour penchée du parc Olympique.
Et voilà, dernier atterrissage sur un bras de la Rivière des Prairies, puis un peu de navigation jusqu'à l'appontage.
Puis en descendant de l'avion, constation intéressante : "Tabernacle, on avait oublié de mettre les gilets". Bon, c'est pas
grave, on n'en a pas eu besoin, mais on y pensera la prochaine fois !
Ca y est, c'est fait, et c'était vraiment magique ! Je crois en effet que je suis infecté ... Paysages, couleurs, lacs ... ça
me plait tout ça ! Ce premier vol en hydravion restera, je pense, longtemps gravé dans ma tête, comme le premier vol tout court, le lacher, les premiers vols en montagne, sur skis, et de nuit, etc ...
A refaire, sans hésitation ! "Plus que 6 heures pour la qualif, maintenant tu sais pourquoi tu ramasses des sous" m'a dit
Louis. Et il n'a pas tort ! Pas pour cette année, mais certainement que, quand je serais grand, riche, beau et intelligent, je reviendrai au Québec pour appronfondir un peu le sujet !
Quelques photos :
Ils ont l'air malheureux, hein, les pilotes d'hydravion :
Arrivée du C172 C-GUGT :
En route vers les Laurentides :
T'en veux-tu des arbres ? :
Le Lac d'Achigan, c'est là qu'on va :
J'y ferais bien ma résidence secondaire moi :
Prêt au départ :
Mignon, n'est-il-pas ? :
Je l'aime bien, moi, cet aérodrome :
Bons vols à tous,
Alex
... content !
"La façon la plus rapide et la moins agréable de faire faillite est d'utiliser des ingénieurs." (Detoeuf)