de Henri Payre le Jeudi 8 Avril 2021 08:21
Bonjour,
Je trouve la phrase de Jean-Loup Chrétien, citée plus haut, réellement médiocre. Etre général et astronaute ne semble donc pas suffisant pour éviter la sortie de piste, manifestement.
Cette dame a été élue, à la régulière, pour sauver la planète. Si les écologistes n'avaient pas fait irruption sur la scène politique, les choses changeraient-elles aujourd'hui progressivement ? Permettez-moi d'en douter. Simplement, ils se laissent parfois berner par des facilités idéologiques et s'engouffrent dans des impasses d'où il est difficile de les faire sortir. On peut essayer, tout de même, comme le fait intelligemment le président de la FFA.
De mon côté, j'ai déposé une bafouille sur le site de la Convention citoyenne pour le climat (ci-jointe). On fait ce qu'on peut où on peut.
Blue skies,
Henri
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Chers conventionnels pour le climat,
De façon générale, vous avez fait un beau travail mais, s’agissant de la taxation de l’aviation de loisir, vous vous êtes laissés aller à un plaisir facile en expliquant que cette aviation légère n’avait, je cite, « pas d’utilité directe pour la société ». Il s’agit là d’une profonde ignorance de ce secteur majoritairement associatif en France, et d’une véritable injustice.
On passera rapidement sur divers points :
- cette taxation plus légère des carburants aviation est historiquement liée au fait que les avions n’ont pas besoin d’infrastructures au sol.
- l’aérien est le seul moyen de déplacement qui, parce qu’il ne cloisonne pas les milieux naturels, respecte la reproduction de toutes les espèces et donc la biodiversité (l’une des 3 limites planétaires sur 9 que l’humanité a dépassées).
- les plates-formes aéronautiques, n’ayant jamais été aspergées de pesticides, sont des havres de biodiversité,
- l’aérien est le seul moyen capable de s’affranchir des océans et chaînes de montagne, et de relier les peuples entre eux, facteur indéniable de progrès de l’humanité,
- les machines utilisées par l’aérien s’inscrivent dans le cercle vertueux de l’économie circulaire, avec leurs 30 ou 40 ans de durée de vie et les distances parcourues (3 millions de km pour un petit avion, 300 millions pour un avion de ligne), et leur recyclabilité en fin de vie.
- si l'aérien est attaqué aujourd'hui, c'est simplement parce qu'on voit l'avion en levant les yeux au ciel ; on passe devant des tas d'autres activités génératrices de GES sans "voir" les émissions de GES associées.
Mais passons, ce chapitre nécessiterait de plus amples développements pour expliquer aux écologistes qu’ils se font berner par le « Flight Shame », et que l’aviation décarbonée a un rôle fantastique à jouer à l’avenir.
Et venons-en à ce qualificatif : "absence d’utilité directe pour la société", insulte gratuite qui raye d’un trait de plume le rôle de ce secteur associatif et constitue une gifle pour les milliers de bénévoles qui l’animent pour accueillir des jeunes sur les aérodromes, susciter des vocations, former au Brevet d’initiation aéronautique (diplôme reconnu par l’EN) et à différents métiers, organiser des journées portes ouvertes, des actions en faveur des enfants handicapés ou des seniors, des journées féminines, des stages d’apprentissage du vol en été, etc. et surtout, surtout !, transmettre des valeurs.
Pis encore ! Sans remonter bien loin dans le temps, il était facile de retrouver la déclaration d’un récent ministre des sports, Patrick Kanner, décrétant que les aides au monde sportif (dont relève l’aviation de loisir) devaient être systématiquement fléchées vers des actions sociales (accueil de « l’orphelin de 16h », revitalisation des zones rurales, publics prioritaires ou défavorisés, etc.). Comme si d’ailleurs le sport en tant que tel n’avait pas de valeur sociale !
Alors quoi ? D’un côté l’État met à contribution l’aéronautique légère et sportive pour remplir un rôle social, et de l’autre il clame que ce secteur n’a « aucune utilité directe pour la société » ? Il faudrait savoir !
Sans doute souhaitez-vous taxer cette activité par souci égalitariste, sans réfléchir bien loin à la place de l’aérien dans une société de progrès ? Même si le raisonnement est faible, pourquoi pas, après tout ! La fiscalité a un rôle incitatif et encouragera encore le verdissement déjà entamé de nos activités.
Mais de grâce, n’ajoutez pas l’insulte à la facilité en giflant les bénévoles méritants de ce secteur !
Conventionnels pour le climat, supprimez ce qualificatif insultant du projet de loi !
Henri Payre
Président de clubs aéronautiques (3 successivement)
Président de comité départemental aéronautique