de Papa-Hotel le Vendredi 14 Novembre 2008 14:23
Je sais pas trop si j'ai le droit de participer vu que je vais pas parler de VFR...
Il est 21h30 et je commence à regarder un épisode des Têtes Brûlées. J'aime bien cette série où les acteurs et les scénaristes ne se prennent pas au sérieux. On y voit des jolis avions (bon d'accord c'est toujours les mêmes prises de vues...) et on rigole bien. C'est pas fatigant pour les neurones... Bref une bonne série à mon sens.
Le téléphone sonne. C'est mon captain qui m'appelle... Ca sent la mission ! Il me dit en substance "On prend tel avion, on part à Bordeaux pour un Foie à 23h00. Je demande 3400lbs au pétrole." Ca y est on est déclenchés. Maintenant que j'habite à côté du travail c'est plus serein quand même : j'ai 20 minutes pour me préparer. Et ce soir je soigne le noeud de cravate parce qu'à Bordeaux y a un inspecteur de noeuds de cravates qui doit me rejoindre.
A 21h50 je quitte mon appartement pour 5 minutes de voiture dans les rues pas si désertes que cela du Bourget. Ca papote, ça se balade, ça rigole, bref c'est vivant ! pas comme ce qui nous a déclenchés...
Au terrain, je retrouve le CdB qui vient d'arriver aussi et nous commençons à préparer le vol. Pendant qu'il gère la météo, les notams et le plein, je débâche l'avion, fais la prévol, le ménage et le plein d'eau chaude. Puis nous nous retrouvons aux "Ops", les Opérations aériennes, pour faire le point. Je lui donne les infos prévol et huile, catering et lui me briefe sur les conditions du vol. Quelques NOTAMs à Bordeaux à cause des travaux, faudrait dégager à la bretelle Bravo sinon on va devoir faire des zig-zags. Sinon, belle nuit a priori. Il fait l'aller mais je lui propose de lui préparer les cartes de départ. C'est fait en 5 minutes et je reste dans l'avion pour attendre l'arrivée des médecins. Nous emmenons une équipe de deux toubibs qui vont récupérer l'organe, le ramener à un hopital parisien où leurs confrères feront la greffe. On m'a demandé pas mal de fois pourquoi ce ne sont pas des médecins locaux qui préparent l'organe. La réponse en est simple : chaque équipe a ses préférences sur les longueurs de vaisseaux à laisser avec les organes, sur le mode de préparation etc... donc ils envoient des gens qui vont préparer comme les greffeurs s'y attendent. Pas bête.
Quand les médecins et le captain sortent du terminal, je contacte Le Bourget Prévol pour avoir l'autorisation de mise en route sur Bordeaux. Je m'annonce au parking et en "Evasan", ce qui signifie evacuation sanitaire et a pour conséquences pas mal de raccourcis et de priorités... Une fois les médecins et la glacière à bord, nous mettons en route et roulons. Pendant le roulage il faut faire quelques vérifications, le briefing départ qui parle des pannes et de la trajectoire prévue... et après une ultime check-list "avant décollage" nous mettons les gaz après quelques petites 3 minutes 30 de roulage. Ca va vite. Le contrôle départ de De Gaulle, qui fait aussi la tour (c'est marrant d'entendre les flyco demander à traverser les pistes en même temps que Delta Airlines arrive de San Francisco à 300kts...), le départ de CDG donc nous fait monter le plus rapidement pour pouvoir passer au-dessus de Paris à plus que le FL060 et nous donne une directe sur VAGNA, point d'entrée de Bordeaux Merignac. Adieu OL, PTV, LMG et compagnie, on est Evasan et y a personne... on va pas se priver ! Nous montons tranquillement vers le niveau 180 (pas plus à cause du vent de face) et contemplons un peu la nuit. La pleine lune éclaire quelques petits nuages et c'est superbe, on a une visi de plus de 50NM, on voit déjà Chartres bien-sur mais aussi Orléans, on aperçoit Tours. Puis c'est Poitiers, Limoges à Gauche et déjà on aperçoit les lueurs de Bordeaux.
Pendant la croisière, j'ai servi du café aux médecins, puis on a préparé l'arrivée. J'ai pris la météo auprès de la Tour puisque l'ATIS est plus que succint, le captain qui pilote a calculé la pressu pour l'arrivée, le point de mise en descente et m'a fait un briefing arrivée du style "on va débuter la descente à xx NM de BMC pour faire une descente continue et intercepter le glide à 9NM de l'ILS 23 accessible avec des minima de 550m, DH200 ft. Le plan est standard, en cas de remise de gaz c'est [ma mémoire me fait défaut], les moyens radio : l'ILS au VOR1, BMC au VOR2 puis on double l'ILS, le DME sur NAV1, BD à l'ADF, Dans la boite (GPS) le terrain avec l'axe de percée, la pressu xxxft. As-Tu des questions ? - pas de question - OK, briefing arrivée terminé."
Tout se passe comme sur des roulettes, à 15NM et 230kts indiqués on est pile sur l'ILS avec la piste en vue, c'est un plaisir des nuits comme ça, avec le centre ville de Bordeaux devant et certainement Guillaume qui m'écoute baffouiller dans la radio... On débute une descélération qui nous amènera en configuration atterrissage à 3NM du toucher tout en douceur. L'air est calme et l'atterrissage plutôt doux à 1h00 (c'est plus dur de nuit). Un poil de reverses (en fait plutot du Beta) et on dégage en Bravo, on roule au parking Lima, petite pensée pour Clédedouze et on coupe les moteurs.
Les médecins partent les premiers, puis nous allons à l'aérogare. Super, ici on va pas dormir dans l'avion et le froid ! En plus Guillaume arrive à nous rejoindre et pendant que le captain essaiera de dormir un peu nous on taillera du steak...
Pour le retour, à 6h25 locales, ça sera la même sauce, mais de jour avec quelques nuages et encore plus de raccourcis.
Voili voilo...