Nouveau moteur aux yeux bridés

[grogrognon]

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Notre ancien moteur, un 912 S, arrivant en fin de potentiel, devait être remplacé par un nouveau flambant neuf.

Le choix était facile : on prend le même et on recommence.
Seulement la politique commercialo-agressive et finalement désastreuse de notre fournisseur de moteur autrichien, nous a obligé a aller voir ailleurs si l'herbe poussait plus verte et le riz plus blanc.

Et elle pousse plus verte du côté de Chongqing en Chine là où est implanté le groupe ZongShen.
ZongShen, fabricant de moteurs de motos depuis des décennies à décidé de se mettre à l'aviation et à donc sorti une gamme de moteur ressemblant comme deux gouttes d'eau à nos moteurs autrichiens.

Après avoir pris contact avec l'importateur en France : Air K Motors nous avons été voir sur place ce fameux moteur. Il nous a plu d'entrée de jeu.

L'allure est belle, la finition soignée, la construction respire la qualité. Les Chinois n'ont pas lésiné sur les moyens pour sortir un moteur aussi bien fait.

Ni une ni deux et au vu du prix proposé nous sommes repartis avec notre moteur sous le bras. C'est une image mais vu le poids de ce dernier, identique au 912 S, on aurait presque pu.

Nous voilà donc à la tête du fameux Zongshen C100 numéro de série : 00001. Le premier vendu en France !!!

Une fois à l'atelier nous avons décidé de le monter sur notre banc d'essais pour le faire tourner quelques heures pour tester et analyser ce nouveau moteur.

Aucun problème à signaler, il tourne comme une horloge. Notre mécano en chef toujours méfiant vis à vis des nouveautés venus d'Extreme-Orient est conquis tellement le fonctionnement est propre et sain. La ressemblance avec le 912 S est stupéfiante, les pièces peuvent être interchangées. Visuellement nous avons refait le jeu des 7 erreurs et nous n'en avons pas trouvé hormis la couleur des caches culbuteurs qui est différente.

A la fin des tests, et avec l'aide de G1 Aviation qui a homologué ce moteur sur ses G1, nous avons mis en place l'engin aux yeux bridés dans l'uns de G1 pour le tester en vol.

Sans aucune appréhension et aux vus des tests précédents nous voilà dans les airs avec cet ensemble G1 + C100 ZongShen et là pas de surprise. C'est comme si on volait avec un 912 S. Il n'a pas de différence.

De retour au sol et après inspection poussé de notre chef mécano toujours aussi suspicieux rien n'a été constaté. Pas de fuite, pas de points chauds, pas de jeux, rien à dire.
Cela ne facilite pas la création de cet article parce qu'il n' a rien à dire en fait, pas de problème à décrire, rien à comparer entre le 912 S et le C100, tout est pareil.

Sauf le prix !!!!
Notre trésorier, toujours un peu avide, il est Anglais, à souri en voyant la facture du moteur.
Et oui il est beaucoup moins cher que l'Autrichien. De plus les conditions de ventes n'ont rien à voir ; le moteur est garanti 3 ans ou 500 heures avec remplacement à la clef en cas de problème et tout cela dans la convivialité et avec le sourire. Ça change !!!

Aujourd'hui nous en sommes à pratiquement 300 heures d'utilisation école et toujours aucun problème.
Pourtant ce n'est pas faute de chercher la bête. Notre chef mécano, qui depuis à mis un peu d'eau dans son saké, s'est converti au bouddhisme et trempe des rouleaux de printemps dans son café le matin, commence à le trouver très bien ce moteur.
Rien à bougé, aucun suintement d'huile n'est apparu, rien d'usé, vibré, altéré. Il est ravi.
Les révisions s'enchaîne simplement sans rien à faire de particulier.

Certains d'entre vous nous on vu au Mondial de l'ULM de Blois où nous étions venu avec un G1 équipé de ce moteur pour montrer que tout cela était possible facilement en laissant de coté nos aprioris plus ou moins négatifs.
Au vu des retours, beaucoup se sont montrés intéressés par ce nouveau moteur.

Du point de vue des pilotes, tout le monde est unanime et la question est toujours la même : "C'est quel moteur qui est dedans, le Chinois ou le 912 S ?" .
C'est dire !

Si vous êtes intéressé par le suivi dufonctionement de ce moteur, nous avons mis en place, sur le lien ci-dessus, un système qui vous enverra des nouvelles à chaque révision si vous nous laissé votre e-mail.
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[Delépine]

Ils copient tout ce qui vient d'Autriche !

Mozart - Turkish March by LANG LANG - YouTube

[FbS]

Intéressant

A force d’essorer le client captif, l’industrie de l’aéronautique risque fort de se faire bouffer tout cru

On peut avoir une idée du différentiel de prix ?

[micheto]

Il suffit d'aller voir sur site de l'importateur.

[Philippe PONS]

Et à quand un fabricant Gâr Minh pour faire redescendre sur terre les prix des mises à jour des bases de données de l'américain ?

[MICHEL JANIN]

Oui et non,
Etant en plein front au boulôt avec des pays en dumping social ....

On se bat tellement pour défendre notre société et conserver ou relocaliser notre industrie ..........

Si ça fait avancer les choses comme Uber avec les taxis , tant mieux , bien sûr que la concurrence c'est de l'émulation , mais ça me rend triste quand même un poil de cultiver notre dépendance avec la Chine et d'alimenter la noria des tankers .
Tout en sachant qu'en tant que consommateur on va au moins cher et en tant que salarié on veut être augmenté tout en critiquant les gouvernements .
Ainsi va la vie .

[gma]

Hummm !... C'est parce qu'on va au moins cher qu'on est augmentés... Pas l'inverse.
Quand on augmente d'abord, ensuite c'est plus cher.

[grogrognon]

Intéressant

A force d’essorer le client captif, l’industrie de l’aéronautique risque fort de se faire bouffer tout cru

On peut avoir une idée du différentiel de prix ?

14500 ttc (plus ou moins 25% moins cher)

[Matthias]

Et à quand un fabricant Gâr Minh pour faire redescendre sur terre les prix des mises à jour des bases de données de l'américain ?

J’avais hésité à parler des Lee Co Ming…. Mais puisque le bal est ouvert

[gma]

Oui et non,
Etant en  plein front au boulôt avec des pays en dumping social ....

On se bat tellement pour défendre notre société et conserver ou relocaliser notre industrie ..........

Si ça fait avancer les choses comme Uber avec les taxis , tant mieux , bien sûr que la concurrence c'est de l'émulation ,  mais ça me rend triste quand même un poil de cultiver  notre dépendance avec la Chine et d'alimenter la noria des tankers .
Tout en sachant qu'en tant que consommateur on va au moins cher et en tant que salarié on veut être augmenté tout en critiquant les gouvernements .
Ainsi va la vie .

Expliques dans une chambre de commerce, à des élus locaux, à des banquiers, à des représentants de l'administration fiscale dont tu souhaites le soutien que tu vas monter une petite entreprise pour fabriquer et commercialiser des moteurs thermiques fonctionnant au carburant liquide pour l'aviation de loisir...
Si tu passes les préliminaires, essayes de trouver en France une boîte qui maitrise le moulage d'alliages d'aluminium par injection sous pression et en parois fines... Une autre pour du moulage centrifuge d'alliages d'aluminium avec chemisage acier... Une autre pour le forgeage (estampage) de tes bielles et du vilebrequin, encore une autre pour le taillage en denture corrigée et hélicoïdale, qualité 7, de pignons droits (réducteur)...

La fermeture, chez nous, de boîtes qui se nommaient "Mecastamp International", "Metal Europe", "Forges er fonderies d'Anor",... Ne sont pas un hasard, c'est le résultat (voir la volonté) de ne plus être compétents (formé + expert + pédagogue) dans ce type d'industrie, voir tout simplement rester à la hauteur techniquement des exigences du process. Et c'est d'abord technique avant d'être financier et commercial.

J'ai installé et mis en route des process industriels en Chine (lignes d'usinage)... Derrière le patron de la boîte, il y a une volonté politique et un environnement fertile. A la mise en route, l'opérateur qui vient d'une rizière et découvre l'existence des chaussures de sécurité n'est pas doué et n'a pas la connaissance technique. C'est pas grave, dans la semaine ils monte une école pour 50 gars et tu es invité à expliqué le job aux personnes, inclus les subtilités.
Tu montres à un type comment affûter un forêt, s'il n'y arrive pas, le contremaitre vire le gars et en met un autre, jusqu'à obtenir le bon résultat (un foret bien affûté par un type de chez lui)... Chez nous c'est socialement pas acceptable, le type qu'on te propose s'en fout (ou pas), ne saura pas affûter le foret, pas grave on fait sous traiter, le type reste au poste d'affuteur... C'est ce qui est socialement acceptable.


Chez eux, la première pièce est pourrie, la dixième est bonne, la centième est parfaite, on commence à regarder le coût des loupés après la mise au point du process. Ils apprennent vite et vont à l'essentiel.
Chez nous, à la cinquième pièce loupée, parce que le process n'est pas au point, il y a une réunion de crise du comité de direction pour mettre en place un groupe de travail chargé d'évaluer le surcoût financier de la mise au point... Vu qu'on pensait faire bon du premier coup et qu'on s'était persuadé de réussir.


Chez nous (vécu)... On "manage" les lignes de production par le RO (rendement opérationnel)... Comprenez la productivité de la machine menante en temps de cycle (Nbre de pièces x tps de cycle / temps d'ouverture)... Mais on se retrouve en fin de ligne avec peu de pièces bonnes vu qu'au contrôle final il y a eu 30% de rejet sur défaut de propreté (dosage lessiviel de la machine à laver pas bon)... 10 jours de production à 1200 pces/jour pour se rendre compte du problème !
La raison : Les opérateurs sont pas formés à l'utilisation d'un refractomètre...

Et tu veux créer une usine de construction de moteurs d'avion ?

[Leon Robin]

Ca sent le vécu !
Tous ceux qui mettent la main à la pâte (ceux qui n'y connaissent rien disent "dans le cambouis" en ignorant qu'un bon mécanicien n'a jamais travaillé dans du cambouis) savent d'expérience que la pièce qu'un atelier mécnique du coin savait réaliser vite et bien pour un prix raisonnable vient maintenant du bout du monde ... si on la trouve. Fabriquer à la demande devient un exploit qui coûte une fortune, les rares encore capables de le faire l'ont bien compris, mais ce n'est plus à la portée du petit atelier du coin, qui a d'ailleurs disparu depuis les années 80.
Connaissez-vous un atelier de mécanique ou autre PME de métallurgie près de chez vous ? "gma" en cite une liste dont certains noms me sont aussi familiers. Malheureusenent, ils sont au cimetière industriel qu'est devenu notre pays, ne rêvez pas trop.

@ "gma"
Pour la fonderie, il reste les fonderies de Sougland, qui réussisent à cumuler tradition (Entreprise du patrimoine industriel) et haute technologie. Quand j'étais gamin (à 5 km de là), ils fabriquaient des poëles à charbon. Il y a peu, ils ont contribué à maintenir en vie une vénérable rotative d'impression de 90 ans en refabriquant un cylindre d'impression et ses paliers qui avaient explosé. Cela existe encore, c'est donc possible mais c'est l'exception. Le savoir-faire existe encore, mais il devient rarissime. On est loin de la production d'un moteur, même en petite série. Alors, s'il fallait en plus parler de certification !

[gma]

Pour être tout à fait honnête, il existe fort heureusement dans notre pays une quantité industrielle de petites entreprises artisanales qui ont la maîtrise technique (savent faire le boulot).

Le souci n'est pas de maîtriser le boulot (car c'est juste un apprentissage), ce qui est complexe c'est la maîtrise du process, comprenez la qualité de fabrication pour toutes les étapes d'élaboration du produit.

Un exemple...

Vous prenez la doc publicitaire de Lycoming, avec une belle photo d'un vilebrequin sur une machine de contrôle 3D... Et la légende de la photo : "100 % de nos pièces subissent des contrôles géométriques rigoureux"...

Cette petite phrase est synonyme de qualité, ça réconforte le client.

Pour un technicien process en industrie, là ou on réalise un contrôle métrologique niveau 3 selon un fréquentiel (toutes les 100 pièces par exemple), avec juste une surveillance bord de ligne allégée pour les autres (contrôle sommaire de quelques caractéristiques), la phrase de Lyco machin révèle surtout que leur process de fabrication n'est pas robuste en qualité, que les fluctuations d'une pièce à l'autre sont telles qu'ils sont contraints de contrôler toutes les pièces, sur toutes les caractéristiques, pour garantir la qualité... Une faiblesse du processus de fabrication donc.

La maîtrise d'un process c'est ça, c'est à dire mettre en oeuvre un procédé de fabrication qui garanti que demain ou dans 10 ans, la qualité de fabrication sera la même. Et si vous fabriquez 2000 vilebrequins par jour en certifiant que le contrôle d'1 seul tout les 100 garanti la qualité des 100 fabriqués... Alors vous êtes fiable.
S'il vous faut contrôler chaque pièce pour piéger les dérives machines ou les non conformité matériau, alors vous êtes fragile.

[Luciano]

Tout à fait exact !
... et bien contraire à l'idée que se fait le grand public concernant la qualité.

Bons vols,
Luciano

[Jacques HM Cohen]

A ne pas confondre avec le test des capotes selon la norme iso 4074 révisée 2016 qui n'est pas systématique sur chacune, mais dont le test par échantillonnage admet un certain taux de capotes poreuses....

[ebonv]

Bonjour,
Je ne suis pas particulièrement contre le matériel Chinois qui peut être de haut niveau.
Mais croire faire des économies en privilégient du matériel Chinois plutôt qu'Européen (s'il est bien fabriqué en Europe),est une erreur.
La disparitions des entreprises sur notre sol engendre du chômage qui est compensé par des aides sociales. Et qui payes ces aides ? Nous, bien entendu, par nos impôts et les charges sociales. Charges sociales qui augmente le coût du travail et donc notre compétitivité. Donc l'économie est toute relative. Et c'est la même chose dans d'autre domaine.
Bons vols
Etienne