de Leon Robin le Dimanche 8 Juillet 2018 09:42
La même chose a été tentée il y a une quinzaine d'années en monomoteur léger. Il s'agissait d'Henri Chorosz aux commandes d'un Glasair.
Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises d'Henri, un ancien collègue de travail dont le Glasair (un "Exerimental" immatriculé en Novembre qu'il avait lui-même contruit) fut un temps basé à Cannes. Après avoir inscrit moult records mondiaux dans sa catégorie FAI ( MTOW < 1000 kg), il rêvait d'inscrire le circumterrestre polaire à son actif, ce qui n'a encore jamais été réalisé à ce jour dans la catégorie. Après des années de préparation, il avait entrepris ce vol qui s'est malheureusement terminé par un échac mais, heureusement, sans bobo pour le pilote. Malgré les réservoirs supplémentaires, le passage par le pôle sud imposait une escale en Antarctique. Les terrains y sont rares (euphémisme) et les automates 100LL inexistants (la 100LL aussi, sous quelque forme que ce soit). Le seul aérodrome possible étant Mc Murdo, il lui fallut plus de 2 ans de négociations avex les autorités américaines pour obtenir l'autorisation d'atterrissage et faire acheminer (spécialement et à grands frais) le carburant.
L'étape décisive consistait à relier Le Cap (en Afrique du Sud) à christchurch (Nouvelle-Zélande) avec cette fameuse escale à Mc Murdo. Les choses se passèrent mal. Un givrage le contraignit à descendre à un niveau incompatible avec les calculs de consommation pour atteindre le but. Faute de déroutement possible, la seule issue possible était un atterrissage forcé. Mais où : en plein océan (on est dans les "cinquantièmes rugissants". Son choix se porta sur la seule île quelque peu habitée située à portée, l'île Marion où se trouve une station scientifique avec quelques dizaines de personnes. Mais il n'y a pas d'aérodrome. Son choix se porta sur la seule zone plate près de la station, constituée de tourbières. L'aterrissage se pass "bien" puisque le pilote sortit indemne de son avion retourné. Il ne restait plus qu'à quiter l'île, ce qui fut une longue histoire, puis d'y retourner ensuite pour débarrasser lles lieux de l'épave, ce qui fut aussi une autre longue histoire.
Pour ceux qui seraient surpris des distances avec cet avion, il faut savoir qu'il embarquait près de 750 litre de carburant dans ses divers réservoirs (strucuraux et annexes) et que tout était optimisé pour gérér le vol et la croisière à l'économie maximum. L'un des records homologués est le vol Dakar - Floride (Sun'n Fun) en quelque 27 heures sans escale.
Bien qu'avortée, cete tentative de vol par les pôles vaut à mon avis largement autant que celui du 747. Imaginez-vous un instant seul à bord d'un monomoteur léger au milieu de l'Atlantique Sud à plus de 6000 km de tout entroit posable. Un jour, une personne à qui je venais de présenter Henri Chorosz lui pasa cette question à propos de son vol Dakar-Floride : "comment faites-vous pour ne pas dormir durant un tel vol". La réponse me laissa pantois de vérité et simplicité : "la trouille me tient éveillé".
Le vol - remarquable- du 747 était une simple démonstration technique. Les vols d'Henri, et sa tentative transpolaire, étaient une grande aventure humaine d'un Aviateur.
Léon Robin, LFMD" Ceux qui sont prêts à sacrifier leur liberté à leur sécurité ne méritent ni l'une, ni l'autre " (d'après Benjamin Franklin)Site de mon aéroclub :
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