de frank le Lundi 21 Mai 2018 23:49
Un petit week-end sympa pour la pentecôte prévu depuis un moment. La chance de pouvoir emprunter le SR 22 de l'aéroclub pour une durée de 3 jours. La destination est Calvi en Corse. La météo est relativement clémente pour un vol en IFR. Tous les ingrédients sont là pour passer un bon week-end avec mon épouse, loin du stress de la vie parisienne.
C'est un vol que j'ai effectué de nombreuses fois (6 précisément), donc aucun stress. J'étudie en profondeur la carte VAC et les cartes d'approche aux instruments la semaine précédent le départ. Rien de bien original.
La veille du départ je dépose le plan de vol par Olivia (c'est vendredi soir, et il est 23h). Puis je consulte les NOTAM comme toujours au dernier moment avant le départ pour avoir la version la plus fraîche possible. Et là je tombe sur l'item parlant du PPR à faire par téléphone ou par email 72h avant…. Sauf que nous arrivons demain matin.
Trop tard pour appeler, je tente d'envoyer un email que je m'applique à rédiger de la manière la plus cordiale pour expliquer la situation mais l'adresse mail est invalide et impossible de l'envoyer.
Olivia me répond que mon plan de vol est accepté, je vais dormir tranquille, nous avons prévu un décollage samedi matin à 8h30 et il est minuit passé.
Lever aux aurores pour arriver préparer l'avion, faire le plein … vous connaissez. La météo sur la route est nickel. Décollage de Toussus à 8h45 et arrivée dans la jolie baie de Calvi pour notre plus grand bonheur après seulement 3h de vol …
A peine les roues posées sur le tarmac, le contrôleur me demande sur la fréquence : vous avez bien déposé un PPR ?
Je lui explique brièvement la situation et il enchaîne : allez au parking A, rendez vous au bureau de l'aviation générale : vous allez faire l'objet d'un constat d'infraction.
Super accueil ! Ca fait plaisir d'arriver dans ces conditions. On me demande de me garer dans le parking en herbe quasi vide et de repousser l'avion à la main (sur l'herbe c'est presque impossible) soit disant pour laisser de la place pour les autres avions qui doivent arriver ce week-end. Le placeur m'explique que le PPR est indispensable pour prévoir le nombre de places de parking et qu'à cause de moi ils ne pourront pas placer tous les avions qui doivent arriver … (J'ai su par la suite que cela était totalement faux çar le parking est resté quasi vide tout le week-end)
En descendant de l'avion j'ai fait le plein et les employés de BP m'ont assuré que tout cela était de la fumisterie et que tout cela était organisé uniquement pour emmerder le monde … Leur discours m'a en partie rassuré mais je ne savais pas d'avantage ce qui allait se passer… Finalement pas grand chose. Ils ont noté mes coordonnées et sermonné … Je leur ai pourtant expliqué que j'étais de bonne foi … Pas facile …
Je pensais avoir vu le pire … Et bien pas du tout ...
La personne de l'aviation générale me demande à quelle heure nous comptons repartir lundi. Je lui réponds que cela dépendra de la météo. Elle me répond que ce n'est pas possible et qu'elle doit m'affecter une tranche horaire (de une heure) pour me donner un numéro de PPR à noter dans le plan de vol. En quelques minutes je comprends qu'il n'y a rien à faire, je suis obligé de lui répondre. Elle nous affecte le créneau de départ 16 - 17h. On m'explique qu'à Calvi il ne peut y avoir que 3 mouvements (décollage ou atterrissage) par heure. C'est leur règle de fonctionnement.
Très bien on va essayer de faire avec…
Le taxi nous dépose à l'hôtel, on enfile les tenus de plage, on peut enfin se détendre …. (Je ne suis pas là pour vous raconter mes vacances mais c'était super !)
Au détail près que je suivais de près les prévisions météo qui n'étaient guère favorables pour le retour du lundi. (CB, Orages sur la côte d'Azur et le massif central) … Pas mal de stress qui grossit à mesure que le départ approche. J'ai même sérieusement pensé à contacter l'assurance rapatriement de la FFA (Chose que je n'ai encore jamais faite).
Dimanche après midi je passe un coup de téléphone à l'aviation générale de Calvi pour leur expliquer la situation météo qui nous contraint à décoller au petit matin pour avoir une chance de rentrer chez nous à Paris. Je lui demande un décollage pour 8h30. Elle me dit que cela n'est pas possible et elle me propose le créneau 11h - 12h pour le PPR. Je n'ai pas d'autre choix que d'accepter mais je reste convaincu que les conditions météo ne nous permettrons pas de rentrer en décollant à 11H.
La personne a quand même le culot de me dire : vous avez modifié votre créneau, on ne le modifiera plus. Si finalement il fait beau et que vous voulez rester plus longtemps ce ne sera pas possible car je ne vais pas m'amuser à vous modifier plusieurs fois votre créneau !!
Je lui réponds : vous croyez vraiment que ça m'amuse de modifier mon créneau ? On est hyper dépendant de la météo et vous nous mettez en danger en ne nous laissant pas choisir notre horaire de départ.
On est dimanche soir il est 22h. Je dépose finalement mon plan de vol retour par Olivia pour le lundi matin avec pour heure de départ 8h30. Je sais que je ne pourrais pas faire autrement. Je consulte quelques minutes après la réponse qui est favorable : mon plan de vol est accepté. Je suis à moitié soulagé. Il ne reste plus qu'à réussir à les convaincre de me laisser partir à temps.
Un autre impératif de plus vient alourdir la lourdeur de ce voyage retour. Nous sommes lundi férié et à Toussus nous avons la joie de bénéficier grâce à la bienveillance des riverains de l'aérodrome des fameuses plages de silence. Pour ceux qui ne connaissent pas le concept : pour limiter les nuisances sonores liées à notre activité il a été décrété que l'aérodrome serait fermé à la circulation aérienne entre 12 et 15 heures locales les dimanches et jours fériés.
Alors je résume : A calvi ils ne veulent pas me laisser partir avant 11h et à Toussus nous ne pouvons pas arriver entre 12 et 15 heures.
Entre ces 2 contraintes vraiment pesantes il faut gérer des potentiels CB et TCU sur la route sans trop savoir si nous pourrons les franchir. J'ai comme le sentiment d'être pris en otage entre le marteau et l'enclume … Je sais simplement q'une chose est certaine : plus le départ tarde et moins j'ai de chances de passer …. Je vous raconte pas le stress …
Au final Taxi pour l'aérodrome : arrivée à l'aviation générale. Je tombe sur une autre équipe que celle du samedi. Que des personnes sympa qui me disent qu'il faut que je demande aux contrôleurs de la tour l'autorisation de partir en avance par rapport au créneau programmé. Après un bref échange expliquant le point météo la contrôleuse que je remercie encore m'autorise à la mise en route pour un départ à 8h30 locale. Ouf !!
Le vol se déroule sans autre problème (CB isolés et bien visibles) et l'arrivée à Toussus 25 minutes avant la plage de silence. On coupe le moteur et le stress redescend enfin … On a réussi !!!
Ca commence vraiment à devenir compliqué de faire de l'aviation en France. Il faut une sacrée dose de motivation quand même …