de denis r-e le Vendredi 21 Décembre 2007 07:35
Je te ressors un vieux truc que j'avais posté il y a des siècles sur l'ancêtre du forumàléon, du temps de la FFA. Si ça peut éclairer ...
"J’aime pas gâcher !
Hier, je tombe sur une question de Pierre H sur l’autre site. Vous savez, celui des gens qui défendent et promeuvent notre petite aviation ? Ne faites pas les ânes, vous voyez très bien de qui je veux causer !
Bref, je lui prépare une petite réponse, je me connecte pour lui coller (sur son post, pas dans la g….e) et c’est tout cassé. Impossible de répondre ! Comment ? C’est pas cassé ? Nonnnnn.
Bref, j’aime pas gâcher. Alors, je me suis dit que je répondrai à sa question ici. Même s’il n’a pas encore posé de question !
C’est fort comme service après vente non ? La réponse avant la question ! Moi je trouve ça balaise !
La question de Pierre (j’ai résumé sinon, avec ma réponse, on va faire exploser ce forum) (ce serait dommage) :
En gros, quelqu'un peut-il m'expliquer la gestion de la manette bleue le long d'un vol, du départ à l'arrivée ? Ce système est-il vraiment si rentable que ça ? Ce dispositif complexe n'est-il pas une source suplémentaire de pannes ?
Pierre. C’est à la fois simple et compliqué.
Par quoi on commence ?
Ouais, moi aussi je n’aime pas me prendre la tête.
Alors on y va.
On va parler du cas très courant de la constant speed. Pourquoi ? Parce que c’est très très répandu sur les petits avions à hélice pas variable et surtout parce que c’est celui que je connais. Ben oui, j’ai des lacunes. Les autres je laisse quelqu’un d’autre t’expliquer.
Ta manette bleue est une manette magique. Si si, les clédedouzes vont te démonter la tripaille et si tu n’es pas porté sur la mécanique, t’auras du mal. Les scientifiques vont te démontrer. Moi j’aime assez mais c’est parfois un peu complexe. Alors on va faire de la poésie ! D’accord ?
Tu es sur l’eau. Comment ? Non, pas comme Jésus ! Dans un bateau. Genre canoë kayak. Avec une rame. Tu sais, le machin qu’on met dans l’eau et qu’on tire vers soi pour faire avancer. OK ? Tu sais nager ? Bon, parce qu’on ne sait jamais !
Alors, en cette radieuse journée de grippe aviaire (je ne t’avais pas dit ? Tu es sur un étang dans les Dombes…), tu te lances un petit défi. Tu te dis « Tiens, je vais m’imposer un rythme ! Je vais m’imposer de pédaler un coup de rame toutes les secondes ! »
Comment ? Oui, je suis d’accord, c’est débile. Mais pas tant que ça ! Tu sais, il y a des gens qui sont sportifs. Et qui se lancent des défis. Qui escaladent des montagnes, qui courent comme des malades, qui volent en 112 en plein hiver, etc etc. Alors pas de jugements hâtifs ! Ce n’est pas parce que tu trouves débile d’être en canoë sur les Dombes que ça ne branche pas les autres !
Mais bon, entre nous, je n’aime pas trop le bateau non plus. Mais j’admets que ça puisse en passionner d’autres.
Bon, on s’éloigne.
Alors tu te dis, « je pédale un coup par seconde ». D’accord ? Comment ? Mais non, il n’y a pas de canard dans le coin (coin) (désolé j’ai pas pu me retenir). Ils sont où ? Bon, Patrick, tu veux comprendre ou on va balayer les hangars ? Bon !
Alors, tu es à l’arrêt et tu démarres. Que se passe t il ?
J’attends !
D’accord, tu vas avancer. Mais tu vas avancer comment ? Comment ? De travers ? Pffffffff. Patrick ! Je te parle pas de trajectoire ! J’ai oublié de poser toutes les bases : tu rames un coup à gauche et un coup à droite ! D’accord ? Donc tu devrais avancer à peu près tout droit. Comment ? Tu as un bras plus court que l’autre ? Bon, OK, j’ai compris. Tu vois le balai là bas ? On y va ! Direction le hangar !
Bon, t’arrêtes de déconner 5 minutes ? ? ? Sûr ? On continue.
Alors tu vas avancer comment ?
Ouiiii, de plus en plus vite !
Bien. A ton avis, si tu avances de plus en plus vite, que va faire la distance toutes les secondes ? Très bien ! Elle augmente. De plus en plus. Donc, chaque fois que ta rame va rentrer dans l’eau, ce sera à des distances de plus en plus grandes, d’accord ? Bien !
Mais Patrick, est ce que tu crois que tu vas réussir à passer le mur du son en pagayant comme ça ? Non ? Nous sommes bien d’accord. Et pourquoi tu ne vas pas réussir à faire comme Chuck ? Hein ? Tu ne connais pas Chuck ? Le Chuck ? Yeager, Patrick, Yeager ! Le premier homme qui a passé le mur du son. L’étoffe des héros tu n’as pas vu ? T’aurais du !
Bon, d’après toi, pourquoi tu n’arriveras pas à passer le mur du son ? Et oui, tu n’es pas assez fort !
Et que va donc faire ton kayak ? Exact, il va plafonner à une vitesse limite. Qui sera moins grande pour toi que pour moi parce que je suis plus fort ! Mais non, je déconne ! Quoique…
Bein voilà, t’as tout compris la manette bleue !
Un résumé ? Oui, ça s’impose !
Ta manette bleue, c’est elle qui va fixer le rythme. Pas un coup de rame par seconde, en aviation ça fait pas sérieux. Mais des tours par minute. Selon sa position, tu vas fixer 2500 ou 2300 ou 2600 tours par minutes. Plus elle est en avant, et plus le rythme sera élevé. Sur mon kayak, mon RV4, plein avant j’ai une limitation et je plafonne à 2500 t/mn. Normalement, sur une hélice « normale », plein avant tu es à 2700 t/mn. Je te cause du Lycosaure de base. Les autres il faut voir au cas par cas.
Et la distance entre chaque coup de rame, c’est le pas de l’hélice. Au début, quand tu démarrais, la distance entre chaque coup de rame était courte, c’est le petit pas. Au fur et à mesure que l’avion (le kayak) accélère, la distance, le pas s’allonge. L’hélice passe d’un petit pas à un grand pas. Automatiquement. Comme en kayak.
Jusqu’à atteindre une vitesse d’équilibre. Due à la force de tes petits muscles. C’est la puissance de ton moteur.
OK ?
Alors concrètement, comment on s’en sert ?
1) Tout d’abord, tu décolles et tu atterris manette stroumph plein avant. On dit aussi plein petit pas. On devrait dire régime maxi. Car tu fixes le régime du moteur avec cette manette. Et tu es comme dans un avion « normal », je veux dire avec une hélice à pas fixe. Ta manette de gaz te permet d’accélérer et de ralentir comme un avion classique. Sauf ! Sauf que tu ne risques pas, en principe, de faire une survitesse. Tu as fixé un régime, le bazar se prosterne en évitant de t’ennuyer avec les détails. Et il se démerde. Tu as plein de petit stroumphs dans le cône de l’hélice qui sont là uniquement pour régler le régime à la valeur que tu as fixé. Et oui ! Pourquoi tu crois qu’elle est bleue la manette ? Le hasard n’y est pour rien !
2) En croisière , tu vas pouvoir diminuer ce régime. En reculant la manette bleue. Et afficher par exemple 2300 t/mn. Pourquoi faire ? Patrick, en voiture, ça fait quoi quand ton moteur tourne moins vite ? Et oui, pareil, tu économises de l’essence !
Oui, mais à quoi sert la manette des gaz alors ? Ahhhh, bonne question. Je l’attendais !
Simple, ta manette de gaz sert à fixer la puissance que tu va demander à ton moteur. C’est un peu ta capacité musculaire. Si tu veux battre un record avec ton kayak, tu vas libérer tout tes muscles. Si tu veux faire pépère, tu vas t’économiser. Avec la manette des gaz !
Mais tes muscles, tu arrives à les doser ! Tu sens ta force ! Comment ? Des fois tu ne la sens plus ? Bon, Patrick, arrête de te vanter !
Le moteur, c’est moins facile à sentir. On peut écouter, mais la manette stroumph le bloque à un régime donné. Donc tu ne pourras pas faire comme en 112 et dire que tu règles à l’oreille. Tu pourrais aussi mesurer une température. Mais avec l’inertie, c’est pas très précis pour dire quelle puissance tu développes. Alors, un jour, un magicien a eu une idée. Il a inventé la PA.
C’est la Pression d’Admission. En tout cas c’est la traduction officielle. Et ça va te donner une bonne image de la puissance que tu demandes à ton moteur. C’est la pression atmosphérique mesurée directement dans les pipes d’admission (dans une pipe en fait. C’est suffisant).
Et ce magicien était très malin car il savait qu’il s’adressait à des gens pas forcément aussi malin que lui. Il a donc trouvé une unité facilement exploitable pour des gens comme toi et moi. Comment ? Oui, si tu veux, surtout comme moi. L’unité c’est le pouce de mercure. Non, pas la planète, le métal. Et ce pouce de mercure varie de 0 quand tu es dans le vide intersidéral à 30 et des brouettes à la pression atmosphérique au sol, là, à nos pieds.
Tu ne vois pas la facilité d’utilisation ? Normal je ne t’ai pas tout dit. Il faut savoir que quand ton moteur tourne plein gaz, la PA descend à 28 ou 29 pouces. Et si tu réduis les gaz, elle descend de plus en plus. Hors ton moteur, lui, va tourner, en croisière, entre 2000 et 2500 t/mn. C’est la plage habituelle. Tu vas donc, pendant le vol, essayer (et réussir) de faire correspondre la PA avec la valeur du régime en centaines.
Comment ça pas clair ? On prend un exemple ! Tu as réglé 2500 t/mn. Avec la manette ? … J’attends ! Oui, avec la manette bleue ! Il va donc falloir régler combien de pouces ? 2500 divisé par 100 ça donne ? Non, je n’ai pas de calculette ! Tu te fous un peu de moi quand même non ? Non ? Ah bon. Je croyais. Bon, il va falloir afficher 25 pouces. Avec la manette des gaz. Facile non ?
C’est le réglage habituel durant tout le vol. Si tu décides de prendre un rythme plus faible, tu ajustes ta PA en conséquence. Exemple : 23/23 (23 pouces et 2300 t/mn) ou 24/24 etc etc.
A noter une petite particularité. Patrick, que fait la pression atmosphérique quand tu montes ? Exact, elle descend. Donc, si tu as réglé 25/25 au raz des pâquerettes, et que tu décides de monter, que va faire ta PA ? Exact. Elle va diminuer elle aussi. Donc, quand tu montes, tu pourras pousser régulièrement sur la manette des gaz pour ramener la PA à 25. Et tu constateras qu’à une altitude donnée, ta manette des gaz sera plein avant. Tu seras plein gaz et ton moteur sera en train de donner tout ce qu’il peut. Et comme toi, il ne pourra donner que ce qu’il a.
Inversement, si tu descends, la PA augmente. Il faudra donc diminuer, tirer la manette des gaz vers l’arrière pour éviter de trop dépasser la valeur du régime fixée par les stroumphs.
Dernière subtilité : quand tu veux réduire le régime, tu réduis d’abord la PA puis tu recules la manette bleue. Et inversement pour augmenter le régime.
Si ça t’intéresse, on reviendra sur ce point précis. Mais pour l’heure, tu réfléchis à tout ça et tu prends quand même le balai, c’est pas du luxe !"
Denis