Vous voulez construire un avion métallique ? Rien de plus simple !
On va y aller pas à pas, tranquille.
Je vous propose, suite à une discussion sur les morpions dans un autre post, de poser un rivet. A la main ! Comme le faisaient les Grecs et les Romains il y a quelques siècles.
Prêt ? C’est parti !
Tout d’abord, au sol comme en vol, on ne plaisante pas avec la sécurité ! Godasses de sécu, casque, masque, gants et autres accessoires vous protègeront efficacement pour la séance d’aujourd’hui. La tenue amiante des pompiers est facultative mais qui peut le plus peut le moins ! A vous de voir …
Il va vous falloir quelques outils de base ! Sinon on risque de rester dans le virtuel et de finir sur Flight Simulator…
Alors rien de très sophistiqué, on va se procurer : perceuse, pince à riveter, feutre et réglet, quelques clécos (les « laiton » sont pour les trous de 3,2 mm, le « argent » pour les trous de 2,4) et la pince qui va avec, des rivets (c’est mieux pour riveter), quelques fraises (pas le fruit), quelques forêts (pas les végétaux), une pince à pincer (j’ai égaré les autres…) et 2 chutes d’alu (mais ça marche aussi avec des grandes plaques) (mais bon, faut pas gâcher…).
Il va aussi vous falloir une source d’énergie. J’aime bien la vitamine C mais pour charger un accu ou gonfler un compresseur c’est assez moyen … Alors branchez vous !
Gros plan sur les chutes. Imaginez que la cornière soit un renfort de fuselage qui rigidifie la peau de votre future monture et que le petit morceau d’alu soit la peau elle-même.
Allez hop, on positionne la peau sur la cornière, on immobilise avec la pince (à pincer), on mesure et on trace selon un réseau cabalistique que seuls quelques initiés ou quelques géomètres savent calculer ! Et on perce.
A ce stade, on reste concentré !
Tout d’abord, on s’attache à percer au bon diamètre. Plus petit reste acceptable (on peut refaire un trou plus gros), plus gros c’est b...sé !...
Ensuite on évite de laisser glisser le forêt sur le métal, ça provoque de disgracieuses rayures qu’il est très malaisé de rattraper (démonstration sur ma machine quand vous voulez).
Enfin on s’assure qu’on va bien percer les 2 tôles ensemble. Faire un trou dans la peau pour « tomber » dans le vide, à 2 cm de la nervure, n’est pas très gratifiant …
Le premier trou est fait ? Sans bobo ? Pas de forêt planté dans le pouce ? Ni dans l’œil ? Bien, on continue.
On va glisser un cléco dans ledit trou. Pour cela il nous faut un cléco et la clé à cléco.
On serre la clé, et on glisse la pointe du morpion dans le trou. C’est y pas simple de construire un avion ? Bon, d’accord, c’est pas encore fini. Mais on a déjà bien avancé là !!!
La peau est maintenant « épinglée » sur la cornière par un cléco d’un côté et serrée par une pince de l’autre côté.
On va fixer encore quelques clécos. On termine donc le perçage en mettant un cléco à chaque fois qu’un trou est terminé : il est important de bien plaquer la peau et d’éviter qu’elle ne glisse au cours des opérations.
Une fois que tous les trous sont percés, on va … tout démonter !
Il faut en effet « nettoyer » les bavures sur chaque trou. Et de chaque côté des tôles. Le moindre petit grain de métal risque en effet de faire un bourrelet dangereux pour la bonne santé du rivet. Une fois le ménage effectué (on peut se servir de divers outils spécialisés, mais parfois un simple forêt de plus gros diamètre passé délicatement à la main suffit à bien nettoyer), on continue.
On va sortir l’outil qui tue ! J’ai oublié son nom exact (en rosbif c’est countersink je crois). C’est une fraise qui s’adapte au bout d’une perceuse. La vis micrométrique va régler la course de sortie de ladite fraise. Un petit téton en bout va centrer l’outil dans le trou. Il suffit de pousser et la fraise va sortir et s’enfoncer dans la peau sur une profondeur affichée.
A quoi ça sert ? …. Pas d’idée ??? Bon, on va jouer aux devinettes.
Vous avez déjà vu un Cessna ? Non ? Vous sortez d’où là ? Bien ! Les rivets sur un Cessna sont comment ? Comme des boutons sur la figure ! Et oui !
En plus un Cessna ça croise à quelle vitesse ? Et oui ! Pas un foudre de guerre quand même…
Alors on va s’orienter sur une machine plus lisse et plus rapide ! Comment faire plus lisse ? Yes ! On va noyer les rivets dans la peau ! On va utiliser des rivets à tête fraisée !
Et on aura un bel oiseau aussi lisse qu’un bon vieux Mirage III. Moins rapide mais aussi lisse.
Vous voyez le cratère ? On va y introduire le petit rivet qui est à côté.
Maintenant, on peut finaliser le boulot. On va se servir de la pince à riveter. C’est une presse manuelle qui va écraser le rivet entre 2 outils de surface bien plane.
Et, Oh merveille, après quelques mouvements souples, on obtient un bel avion bien lisse :
Vu du dedans du fuselage ça va vous donner une surface moins lisse …C’est moins lisse, mais c’est solide !!!
Quelques petites précisions :
1)J’espère que vous l’aurez remarqué : l’avion n’est pas encore terminé !!!
2)Le principe pour des rivets à tête ronde (Cessna) est le même : il suffit de remplacer un des 2 outils sur la pince à riveter.
3)Le Cessna ne vole pas vite mais ce n’est pas, en grande partie, à cause de ses rivets !
4)La pince manuelle est pratique pour riveter en bordure de tôles. Dès que vous vous en éloignez (milieu de l’aile par exemple), il vous faudra un pistolet à riveter côté peau et un partenaire muni d’un « tas » (marteau sans manche) côté interne. Là je vous assure que les protections auditives sont les bienvenues !
Allez hop, qui se lance ? Ben ? OK ! C'est parti !