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VFR panic en IMC

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VFR panic en IMC

Messagede Yann le Lundi 8 Octobre 2007 09:15

Un VFR aux US rentrant en IMC et partant dans les sens calmé et à priori sauvé par le calme du controleur...

http://www3.telus.net/viaviation/sounds ... %20IMC.mp3
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Re: VFR panic en IMC

Messagede cpiard le Lundi 8 Octobre 2007 12:44

Ouahou ! S'il ce brave pilote avait des passagers, ils ne sont pas prêts de remonter…
En tous cas une bonne pub pour l'IFR ou au moins des cours de PSV !
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Re: VFR panic en IMC

Messagede msa le Lundi 8 Octobre 2007 13:14

Mouais...si c'est ca une bonne pub pour l'IFR (Americain en France c'est ca??), je ne suis pas pret de m'y mettre....je dirais un bon rapel a l'ordre pour bien faire attention a ne pas aller se fourer dans une telle situation.

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Re: VFR panic en IMC

Messagede cpiard le Lundi 8 Octobre 2007 13:47

msa a écrit:Mouais...si c'est ca une bonne pub pour l'IFR


Je disais l'IFR ou au moins des cours de PSV. C'est un savoir supplémentaire qui donne plus de chances quand on entre involontairement dans le coton. Et les cours de PSV, ça se fait en aéroclub, pas besoin de FTO, et c'est un plus pour la sécurité.

msa a écrit:…pour l'IFR (Americainen France c'est ca??).


Pas nécessairement américain !! J'ai l'IFR français depuis 8 ans et l'IFR US depuis 1 mois. S'il y a une grande différence quant au théorique, si la réglementation est différente, je n'ai pas vu de différences techniques. Les avions en IMC se pilotent de la même façon aux US et ici. Heureusement !

Quand même, très impressionnant cet enregistrement.
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Re: VFR panic en IMC

Messagede flyjodel le Mardi 9 Octobre 2007 13:25

Quand j'écoute cet enregistrement, j'ai surtout l'impression que c'est un monstrueux coup de bol qui sauve notre candidat à la chute libre sans visibilité.


- il commence à appeler maman en hurlant mayday et son immat "i'm in trouble"
- il insiste "i'm going to crash"
- on lui demande où il pense être, c'est finalement la seule chose que peut faire le contrôleur désemparé.
- il insiste en répétant qu'il va se crasher.
- on lui demande son altitude, certainement pour le chercher sur le radar, histoire de ne pas laisser les bouts de viande se faire dévorer trop longtemps par les coyotes.
- il répond encore à côté de la plaque, ce gars n'écoute rien de ce qu'on lui dit ! en annonçant "i'm rolling i'm rolling i'm rolling" suivi d'un pathétique "oh my god". Heureusement qu'il ne s'est pas empalé dans une mosquée on aurait pu mal interpréter ses propos.
- ce pauvre gars est vraiment mal, car après avoir invoqué son dieu qui semble sourd à ses requêtes, il redevient plus terre à terre en criant "Help Help"
- le contrôleur lui propose de faire une petite manoeuvre de diversion, pour occuper son esprit, mais surtout pour lui faire reprendre la main sur son appareil et se décrisper. On n'a pas la camera de bord de l'avion, mais c'est peut-être là que le bougre reprend la main. Seulement 3 secondes s'écoulent avant qu'il annonce qu'il est en palier, ailes à plat.
- le contrôleur reprend ses vieilles habitudes en lui demandant de rester en VMC s'il le peut. L'autre doit bien rigoler. Il lui précise de surtout garder ses ailes à plat en palier, et derrière on entend queulqu'un qui lui souffle de lui faire afficher 7700.
- réponse "in level now", comme quoi, on ne fait qu'une seule chose à la fois.
- on isiste sur le transpondeur, j'imagine que c'est pour le guider plus sûrement, éventuellement vers une zone où il fait meilleur.
- il répond qu'il transponde 1200 (code VFR équivalent de notre 7000 européen)
- on recommence avec 7700, derrière ça cause de son cas.
- le pilote remonte à 3000, il n'en fait qu'à sa tête ! puis il annonce "i'm in complete IFR"
- le contrôleur lui demande de revenir aux bases, garder l'avion ailes à plat, en palier.
- bis repetita
- ah, ils vont lui faire changer de fréquence, phase toujours très délicate.

l'échange dure 2 minutes 25, et il s'écoule 40 secondes entre le premier hurlement et le moment où le contrôlur tente une solution suivi du rétablissement de l'avion. Ces 40 secondes, temps infiniment long, ont été nécessaires pour que les deux parties soient totalement en phase sur la gravité et l'urgence de la situation, ainsi que sur les actions à entreprendre de la part du contrôleur. Il est derrière un micro, n'a que la voix de son pilote/client/patient pour le guider dans ses décisions. Celui-ci l'aide grandement en ayant un ton suffisamment théâtral (et naturel) pour que la gravité de l'évênement soit prise en compte. C'est peut-être aussi ce qui sauve ce gars, une énorme frayeur, une grosse dose d'adrénaline qui multiplie ses facultés intellectuelles et aucun amour-propre, qui aurait été déplacé et dangereux pour lui dans son cas.

qu'en retirer ? je dirais comme cpiard : s'entraîner, avec un instructeur et un avion équipé, à savoir tenir 5 minutes en toute sécurité en IMC simulé, savoir effectuer une ou deux manoeuvres de base, savoir sortir de virage engagé et éventuellement suivre un ILS.
D'autre part, ne pas hésiter à appeler le contrôle et à préciser ses problèmes ou difficultés, ils ne pourront parfois pas beaucoup aider, mais il fera office de confesseur.

Enfin, le ton qu'on emploie est très important,et le calme absolu n'est pas forcément un bon choix car il peut cacher une situation dramatique que l'interlocuteur ne saisira pas aussi rapidement que dans le cas de cet enregistrement. Et cela peut être fatal.
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Re: VFR panic en IMC

Messagede thiev le Mardi 9 Octobre 2007 15:38

flyjodel a écrit:une grosse dose d'adrénaline qui multiplie ses facultés intellectuelles



Sauf erreur, avec une panique pareille, je doute fort de la multiplication des facultés intellectuelles.

J'aurais plutot tendance a penser que l'on en perd les bases meme du pilotage, voire davantage.Image
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Re: VFR panic en IMC

Messagede Philippe Warter le Mardi 9 Octobre 2007 20:54

Je n'ai pas compris que ce soit une manoeuvre de diversion. "Release the stick" et ... ça a marché, l'avion s'est remis de lui-même dans une position moins "rolling". Bon c'est juste ce que j'ai compris.
Et lâcher le manche est souvent une excellente manière de sortir de vrille.
Ce devait être un contrôleur qui pilote. Ca existe ;)
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Re: VFR panic en IMC

Messagede flyjodel le Mardi 9 Octobre 2007 21:42

"release the stick, go forward on the stick, and then slowly back again" -> tu as parfaitement raison, à un détail (mot à la mode) près c'est une bonne manière de tenter de sortir de vrille.

mais au-delà de cette tentative de sortie, je pensais aussi que quelqu'un dans un tel état de panique pouvait facilement être tétanisé sur les commandes, sans s'en rendre compte, et sans se rendre compte lui-même de la force qu'il applique dessus. Et tout lâcher permet de retrouver les sensations de ses membres dans ces cas là.


Quant aux contrôleurs qui pilotent, ne pas s'y fier, ce sont les pires.
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Re: VFR panic en IMC

Messagede flyjodel le Mardi 9 Octobre 2007 21:50

thiev a écrit:J'aurais plutot tendance a penser que l'on en perd les bases meme du pilotage, voire davantage.Image

tu as peut-être raison. Pour avoir été par deux fois confronté, tout seul, à des accidents (de voiture) je me souviens fort bien que le temps est démultiplié, que tout se déroule lentement et qu'on est plus que lucide quand l'adrénaline fait effet. On se trouve même des facultés et des solutions étonnantes.
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Re: VFR panic en IMC

Messagede thiev le Mardi 9 Octobre 2007 23:26

flyjodel a écrit: Pour avoir été par deux fois confronté, tout seul, à des accidents (de voiture) je me souviens fort bien que le temps est démultiplié, que tout se déroule lentement et qu'on est plus que lucide quand l'adrénaline fait effet. On se trouve même des facultés et des solutions étonnantes.


Je ne demande qu'a te croire sur parole en priant le GGDLU (Grand Gator de l'Univers) de n'avoir jamais a te contredire !!
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Re: VFR panic en IMC

Messagede Anne Honime le Mardi 9 Octobre 2007 23:52

Le pilote a l'air d'être totalement paniqué, c'est indéniable.
Je n'ai jamais expérimenté, et j'espère ne jamais avoir à gueuler comme ça sur une fréquence.

Puisqu'on parle de passage en IMC, je vous raconte ce qui est arrivé à un cousin.
Effectivement, l'adrénaline l'a aidé à se sortir d'un mauvais pas, dans lequel il s'était mis tout seul. Il a eu la confirmation que le passage en IMC est terrifiant, et a retenu que la seule chose à faire pour éviter de se mettre à hurler ou à pleurer avant de mourir, c'est de faire une chose à la fois. Une chose, puis l'autre.
Il en a retenu aussi qu'on ne joue pas avec certaines règles, celles des espacements avec les nuages, notamment. On a tous joué à lècher les barbules. Mon cousin a juré qu'on ne l'y reprendrait plus.
1/ Il s'est mis dans cette situation seul, sans voir venir, par erreur.
2/ Il pense savoir comment ne plus se retrouver en IMC.
3/ Il a identifié l'erreur : jouer à frotte nuage et ne pas avoir pris la bonne décision plus tôt.

Donc, son récit, tel qu'il le raconte en descendant de l'avion.

-----------------------
Hier après-midi.
13h locales, au-dessus de la Beauce, morne plaine plate, c'est important, en C172 poussif. Il est équipé comme il faut pour le VFR (de nuit).
Je suis cdb, mon voisin de droite est en formation PPL (40 hdv), un neveu derrière (lui aussi pilote), et quelques petits bagages.
On est chargés comme un C172, c'est à dire à la masse max ou pas loin.

Le C172 oscille gentiment autour du FL65, on file 100 petits noeuds, léger vent de face 10/14 kt. Des petits cumulus épars présents à 3000 ft, on est montés au-dessus, puis ça s'est resserré et épaissit. On sait que c'est bien à destination, là où je dois faire un stop pour le carburant.
La couche en desssous s'épaissit. Elle remonte assez insidieusement : depuis trois minutes je dois monter sans cesse un peu plus. A ce moment, vers le FL70, je dois trouver un trou, le prochain pour redescendre.
Il n'y en a plus, je n'en vois plus.

J'envisage de monter au FL85. Il faut que je monte ou je vais rentrer dans cette couche qui me chatouille les pneus.
J'indique au contrôleur que...que rien du tout.
En montant, j'ai rattrapé une couche au-dessus. Ou plutôt je progresse dans une cloche, entre deux couches.
Je passe en une fraction de seconde complètement en IMC. J'attends 5 secondes pour voir si c'est un paquet qui traine ou autre chose...
Toujours le coton le plus blanc, et pas de soleil apparent. Ca fait 10 secondes, mon voisin de droite a pris un top chrono en rentrant dans le nuage.

J'indique sur la fréquence que je viens de perdre toute référence et passer en IMC.

On me questionne sur ma compétence à gérer l'avion...

Je réponds : j'ai déjà fait cela, en formation TT (il y a longtemps) et 1h de rafraichissement l'an passé en mai.
Le contrôleur m'indique que là où je me trouve il y a 3000 ft de plafond, et que je dois me concentrer sur l'horizon.
Merci, je me concentre. Rassuré d'avoir 3000 ft dégagés avant le sol...

Monter plus ? Non, le Cessna est poussif et je ne sais pas où cela me mènera. Je sais donc que m'échapper par le haut est impossible. Je me dis alors que je suis mort ou pas loin.

Je stabilise l'avion qui bouge un peu, un peu plus qu'il y a une minute ou deux, alors qu'on bavassait doucement, trop détendus par la quiétude ambiante...

Ca fait 20 secondes, il faut faire quelquechose. Ca fait 20 secondes parce qu'on me l'annonce. J'ai l'impression d'être rentré dans cette crasse depuis très longtemps.

Dois-je faire demi-tour ? Je me pose la question : vais-je savoir faire demi-tour ? Sur Flight simulator, aucun problème. Là c'est la vraie vie.

Dois-je descendre ? Je sais par l'info de plafond du contrôleur (je le sais vraiment puisque j'en viens, mais je doute à ce moment, j'ai la trouille, une vraie trouille) que sous les nuages qui m'enveloppent, j'ai 3000 ft dégagés.

Je dois faire quelquechose. Le contrôleur me l'a dit, mais je suis plus que perturbé...

Je me pose ces questions en une fraction de seconde.
Il faut que je fasse demi-tour et que je le réussisse.

Que ça ne soit un virage qui se termine engagé et encastré dans la planète.
A 6700 ft, en faisant demi-tour, en toute logique je devrais retrouver l'endroit d'où je viens, et donc les conditions VMC.
A 30 secondes, je débute mon 180°. Stabilisé vario 0, taux à peu près standard, me voilà reparti route opposée.

Je suis route opposée, mon voisin m'indique un nouveau temps lu sur son chrono. Logiquement dans 2 minutes maxi, je devrais revenir à la vue. A la vie aussi, car j'en mène pas large. Je suis dans un tunnel mental plus qu'étroit.

Là, je me force à tout oublier : oublier les connards du club qui te disent que tu vas mourir si tu rentres dans la couche, oublier les 179 secondes à vivre qu'on ramène sur le tapis comme un vieux serpent de mer, et penser même pas à ses enfants, juste à tenir cet avion les ailes à plat.

Machinalement en voyant la pluie ruisseler sur le pare-brise et sur les ailes, j'ai le réflexe de tirer la réchauffe carbu (la tempé extérieure indique 10°C). Je ne sais pas s'il faut, je ne sais plus rien, mais je le fait. Est-ce opportun ou débile ? Aucune idée.

Je suis toujours en vol à plat, mais l'avion à tendance à vouloir monter. Ca turbule un peu. Il est bien compensé, mais ça bouge un peu plus encore. J'en déduis que je suis au coeur d'un vrai nuage, en me rappelant la Temsi, je ne persuade qu'aucun cumulonimbus ne trainait par là.
En réalité, aucun n'était mentionné. C'est sûrement un du genre congestionné, jouflu, pas sympa.

Route opposée à ma route initiale, et ça fait 2 minutes, annoncées par mon voisin. Rien, du blanc. Et de l'eau qui ruisselle bruyamment. Si je reste là, je peux aller jusqu'à la mer du Nord dans la crasse.

Il faut descendre.
Machinalement encore, je me dis qu'il faut que je fasse descendre cet avion qui veut monter. Je réduis, sort les volets demi course, et prends une assiette qui m'amène à un petit 400/500 ft/min en descente. 85 kt VI et on descend.

Le contrôleur me rappelle et me confirme environ 3000 ft de plafond, plafond confirmé par un traffic dans le coin, et le contrôleur m'indique de le rappeler en vue du sol.

Oscar Fox ! Je lui réponds juste ça. Je suis incapable d'en dire plus, je suis trop concentré, trop absorbé.

J'ai une disponibilité mentale uniquement dédiée à l'horizon artificiel, au vario, au badin et au conservateur de cap. Fixé sur mes instruments, nouveaux copains de la vraie vie, jusque là uniquement observés du coin de l'oeil ou sous une casquette avec la bienveillance d'un instructeur à droite.

Je descends toujours. Je suis très tendu, mais calme et mobilisé sur ma mission : nous sortir de cette merde blanche.

Ca ruisselle toujours dehors, mais ça descend tranquillement (nerveusement, mais c'est curieux, je suis calme, je me persuade que c'est pas pire que lorsque je suis sur FlightSim, les picotements sur les tempes en plus).
Je m'autopersuade que je vais y arriver, qu'on n'est pas encore morts et que ce soir on sera au resto devant une bonne assiette, que ça ne va pas s'arrêter là et que je verrais grandir mes filles.
Je me persuade peu, car j'en suis persuadé, j'y crois. Tendu, concentré, mais pas paniqué. Con-cen-tré autant que possible.

On est là-dedans depuis 4 minutes...Mon voisin l'annonce, avec une voix qui trahit son impatience à sortir de là.
Il me dit qu'on va givrer, c'est sa hantise. Je lui dit : non ! J'en sais rien en fait, je suis accaparé à 100% par la tenue de l'avion.
On continue de descendre.

D'un coup, ça perce, je vois le sol. 2700 ft là où je sors, je passe sur le calage, j'ai oublié tout cela, je vois le sol, on est pas morts.
On a passé quasiment 7 minutes dans la couche m'indique mon voisin.
J'indique au contrôleur être en vue du sol, en conditions VMC et reprends ma navigation et route initiale.

La suite, les averses, les 35 kt/G40 kt plein travers à l'arrivée sous la pluie étaient faciles, comparés à cette incursion dans le monde de l'IMC...

Curieusement je n'étais pas vidé après ça, mais convaincu de ne plus jamais me remettre dans cette situation.

J'ai peiné à gérer sur le moment ce passage en IMC, mais après, il fallait gérer.

Je sais maintenant comment ça fait de se faire piéger. Je sais aussi pourquoi : on doit respecter les espacements avec les nuages. Ils ne sont pas faits pour les chiens, ni pour favoriser la monotonie d'un vol.

J'ai pensé à monter, mais j'ai renoncé, vu mes capacités VFR uniquement et mon avion pas véloce.
Je pense que je n'avais pas d'autre choix que de descendre et faire demi-tour, tout en informant.

Il m'a semblé qu'il était possible de gérer le pilotage en IMC en vol à plat, mais difficile de gérer cela et de dissocier mon attention pour la radio, réfléchir à d'autres choses : j'ai peiné et ça m'a demandé beaucoup de concentration. A mon avis, il faut se concentrer sur les priorités et s'éviter la pollution mentale avec des images répandues (en situation d'urgence, et pas pour légitimer un passage IMC, soyons clairs).

Je sais qu'il peut y avoir du monde dans la couche, mais une fois pris au piège, à part informer et piloter, il n'y avait rien d'autre à faire.

FIN
----------------------------------

De cela on retire quoi ? Que c'est passé, une fois, cette fois. Que ça aurait pu être dramatique. Que ça aurait pu être une séquence MP3 diffusée sur un forum, ou une carcasse éparpillée dans un champ de blé. Que ce n'est pas parce que c'est passé qu'il faut recommencer en repoussant ses propres limites.
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Re: VFR panic en IMC

Messagede gabriel le Mardi 9 Octobre 2007 23:54

Les accidents ça me fait comme à FlyJo. Mais qu'est-ce que c'est fatiguant.

Ce qui n'exclue pas des paniques délétères sous adré non plus.
Extrême-occidentaux bonsoir.
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Re: VFR panic en IMC

Messagede mixture17 le Mercredi 10 Octobre 2007 19:52

Francis Bergeade a écrit:.....

Là, je me force à tout oublier : oublier les connards du club qui te disent que tu vas mourir si tu rentres dans la couche, oublier les 179 secondes à vivre qu'on ramène sur le tapis comme un vieux serpent de mer, et penser même pas à ses enfants, juste à tenir cet avion les ailes à plat.



Cette stupidité a inutilement foutu la panique à bon nombre de pilotes, un pilote correctement formé (heures de VSV inclus) est capable de piloter un avion facile en IMC une heure ou deux, ces fameuses 179 secondes font références à un avion non équipé d' horizon ou bille aiguille.

Partant d'un avion trimé en croisière au dessus d'une couche, afficher les paramètres de descente (réduction, réchauffage, un cran de volet) le conduira à traverser tout seul la couche sans aucune pression sur le manche servant seulement à maintenir les ailes horizontales, si l' avion est correctement trimé en descente il prendra tout seul le taux de chute adéquat.

Le problème vital n'est pas de traverser la couche, mis à part les conditions givrantes, mais que va-t-on trouver dessous, sauf l' absolue certitude d' un plafond, ne pas descendre, plutôt monter pour retrouver des conditions VMC et dégager  vers une zone où la sécurité sera assurée.
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Re: VFR panic en IMC

Messagede denis r-e le Mercredi 10 Octobre 2007 21:59

mixture17 a écrit:........, ces fameuses 179 secondes font références à un avion non équipé d' horizon ou bille aiguille.
........


Ou non équipé d'un pilote qui a suivi la formation "normale" PPL.

Il fut un temps lointain (mais pas tant) où le VSV ne s'enseignait pas et où les ordinateurs n'existaient pas encore.

Si si.

Et beaucoup de pilotes volent aujourd'hui avec ce qu'ils ont appris à autrefois. Je pense que c'est à eux que s'applique ce chiffre de 179 s (dont je ne suis absolument pas sûr qu'il soit exact)...

Certains anciens se sont mis au VSV. D'autres à l'ordinateur. Certains font même du FS !

Mais pas tous.
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Re: VFR panic en IMC

Messagede géniedesalpages13 le Mercredi 10 Octobre 2007 22:49

mixture17 a écrit:
Cette stupidité a inutilement foutu la panique à bon nombre de pilotes, un pilote correctement formé (heures de VSV inclus) est capable de piloter un avion facile en IMC une heure ou deux, ces fameuses 179 secondes font références à un avion non équipé d' horizon ou bille aiguille.

Partant d'un avion trimé en croisière au dessus d'une couche, afficher les paramètres de descente (réduction, réchauffage, un cran de volet) le conduira à traverser tout seul la couche sans aucune pression sur le manche servant seulement à maintenir les ailes horizontales, si l' avion est correctement trimé en descente il prendra tout seul le taux de chute adéquat.

Le problème vital n'est pas de traverser la couche, mis à part les conditions givrantes, mais que va-t-on trouver dessous, sauf l' absolue certitude d' un plafond, ne pas descendre, plutôt monter pour retrouver des conditions VMC et dégager  vers une zone où la sécurité sera assurée.


Pas du tout d'accord avec toi collègue... Cette "stupidité" m'a convaincu de toujours avoir un horizon artificiel sur l'avion que je pilote. Maintenant si tout le monde vole sur un avion équipé VSV avec la formation qui va avec tant mieux. Mais si tu n'as pas été formé, ou que l'avion soit équipé "basique" et bien je crois fermement que cette "stupidité" ne peut être que salutaire pour avertir le pilote "de base" et aussi ceux qui, ayant reçu la formation, ont tout oublié après quelques années sans pratique, ce qui est d'ailleurs naturel.

Pour ceux qui n'ont pas eu connaissance de l'article :
178 secondes

Combien de temps un pilote, sans formation de vol aux instruments, peut-il espérer tenir le coup lorsque les conditions météo lui ont fait perdre le contact visuel ? Des chercheurs de l’Université de l’Illinois ont trouvé la réponse à cette question. Vingt « cobayes », des étudiants, ont été placés sur simulateur dans des conditions météo exigeant la conduite aux instruments et tous ont effectué des manœuvres ne pouvant que les conduire droit au cimetière. Le résultat final n’a différé que sur un seul point, celui du temps nécessaire pour perdre le contrôle. L’intervalle a varié de 480 à 20 secondes, la moyenne s’établissant à 178 secondes ou trois minutes moins deux secondes.
Voici le scénario fatal...
Le ciel est couvert et la visibilité médiocre. On avait signalé une visibilité de cinq milles, mais elle semble avoir plutôt rétréci à deux milles et vous ne pouvez évaluer l’épaisseur de la couche de nuages. Votre altimètre indique 1 500 pieds mais d’après votre carte, le relief peut atteindre 1 200 pieds. Il y a peut-être même une tour à proximité, car vous ne savez pas exactement où vous vous trouvez par rapport à votre route. Mais comme vous avez déjà volé dans de pires conditions, vous ne vous en faites pas outre mesure.
Inconsciemment pour franchir ces tours qui ne sont pas si imaginaires que çà, vous tirez un peu sur les commandes. Sans aucun avertissement, vous êtes entouré de brouillard. Vous avez beau vous arracher les yeux à percer le mur blanc de la brume, vous ne voyez rien. Vous combattez l’impression désagréable qui vous tiraille l’estomac. Vous essayez d’avaler votre salive mais vous avez la bouche sèche.
Vous vous rendez maintenant compte que vous auriez dû attendre de meilleures conditions. Le rendez-vous était important, mais pas aussi important que cela. Quelque part une voix dit « Ton compte est bon, c’est fini ! ».
Il vous reste encore 178 secondes à vivre. L’appareil a l’air d’être stable, mais votre compas tourne lentement. Vous donnez un peu de pied et essayez de ramener l'avion mais cela vous fait une drôle d’impression et vous revenez à la position initiale. Ça a l’air d’aller mieux, mais votre compas tourne maintenant un peu plus rapidement et votre vitesse s’accroît légèrement. Vous interrogez votre tableau de bord en espérant du secours, mais vous ne vous y retrouvez plus. Vous êtes certain que ce n’est qu’une mauvaise passe. Vous en sortirez dans quelques minutes. (Or, vous n’avez plus ces quelques minutes...)
Il ne vous reste plus que 100 secondes à vivre. Vous jetez un coup d’œil à l’altimètre et constatez avec horreur qu’il dévire. Vous êtes déjà tombé à 1 200 pieds. Instinctivement, vous donnez de la puissance, mais l’altimètre continue à dévirer. Le moteur est dans le rouge, et la vitesse y est presque aussi.
Il vous reste 45 secondes à vivre. Vous vous mettez à transpirer et à trembler. Il doit y avoir quelque chose qui ne marche pas dans les commandes ; plus on tire, plus l’indicateur de vitesse est dans le rouge. Vous pouvez entendre le sifflement déchirant du vent contre l'avion.
Plus que 10 secondes. Soudain, le sol apparaît. Les arbres se précipitent à votre rencontre. En tournant assez votre tête, vous pouvez voir l’horizon, mais sous un angle inhabituel. Vous êtes presque à l’envers. Vous ouvrez la bouche pour hurler mais...
...votre dernière seconde s’est écoulée.

A méditer, au sol, au calme derrière son écran...
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