Je suppose que tout le monde ne partage pas notre humour approximatif mais j'ose faire une digression que m'inspire ce reportage nostalgique que j'ai regardé jusqu'à la fin en espérant ...m'y revoir dans le public.
Flashback :
Surbiton, banlieue de Londres, en 1974. Je ne suis pas tout à fait majeur, et je viens de quitter mon Périgord natal pour une immersion linguistique d'un mois. En fait d'apprentissage d'anglais, j'ai découvert l'ennui que génèrent les villes, quand tu vis chez une femme âgée qui héberge des petits français uniquement pour l'argent. Je m'emmerdais énormément, me sentais seul et désœuvré jusqu'au jour où mon chemin a croisé un compatriote, qui avait les cheveux longs et une guitare. Aujourd'hui, on dirait qu'il avait l'air "cool" et il tranchait avec ma maladresse paysanne au sein de cette zone urbaine qui m'était étrangère mais où il évoluait comme un poisson dans l'eau. Outre m'avoir appris quelques accords de guitare, il m'a amené dans un studio d'enregistrement londonien. Les Rubettes s'y produisaient et je faisais partie de la "claque", c'est à dire que j'étais sensé me trémousser et montrer mon enthousiasme d'assister à leur prestation. J'avais noté qu'un des membres du groupe lançait des oeillades aux jeunes garçons mais pas aux filles. Le lendemain soir, j'ai eu la surprise de me voir dans cet enregistrement à la TV ainsi qu'une prestation des Rolling Stones. Mais en fait, l'enregistrement des Stones avait été fait un autre jour et je ne les avais jamais vu.
Tout le temps qu'a duré le succès des "Roupettes" et de leur tube Chugar Baby Love, j'ai ressenti ce que Proust décrivait avec ses madeleines. En fait, le fumet n'était pas le même, car mon copain cool fumait un tabac dans une drôle de pipe à la forme d'une trompette.
Ah oui...le jeune gars aux cheveux longs, j'ai cru le reconnaître une décennie plus tard en les traits d'un chanteur qui perçait, il s'appelait Renaud.