de Jacques HM Cohen le Mercredi 29 Mai 2019 19:41
En effet! Parmi les physiciens restés en territoire occupés par les nazis, seul à ma connaissance Max von Laue ne joua pas avec le feu de continuer des travaux parfois plus tout à fait théoriques. F. Joliot-Curie refusa les offres US de partir clandestinement. Et continua à recevoir les collègues allemands à Paris. Ayant calculé le premier la masse critique nécessaire, il avait déposé un brevet pour une bombe atomique en 1939 et semblait d'autant plus intéressant qu'il était chose rare, à la fois un théoricien et un expérimentateur. Au contraire d'Heisenberg excellent théoricien mais peu doué pour les choses pratiques qui se hasarda pendant la guerre à construire un réacteur qui pris feu des sa mise en route...
Après la victoire, les anglais avaient fait le coup de la maison de verre aux physiciens allemands comme aux généraux nazis. Une résidence luxueuse pour des prisonniers aux critères de l'époque, mais dont le moindre recoin était truffé de micros. Ils comprirent vite que Laue se demandait ce qu'il faisait là. Et certains tenaient des propos du genre, "on l'a échappé belle de n'avoir pu poursuivre les expérimentations, sinon on ne serait pas là mais à Nuremberg" Faisant sans doute allusion aux prisonniers affectés aux manipulations dangereuses. Aucun ne pensait qu'ils auraient pu finir une bombe avant longtemps faute de moyens industriels. Lise Meitner, fit pas mal de reproches à O Hahn après la libération mais reprit des discussions scientifiques avec lui et ils finirent par redevenir amis.
L'autre grand absent du Nobel est Léo Szilard ayant envisagé le premier ou avec Lise la possibilité d'une réaction en chaîne et pris le brevet du réacteur avec Fermi. Mais en dehors de la physique, il fit plein de choses utiles, ce qui le desservit.
Un point qui me fascine, c'est qu'il avait un pif politique extraordinaire. Mais il n'y a pas de Nobel pour cela. Il a toujours quitté successivement 4 ou 5 pays d'Europe juste à temps, dont l'Allemagne l'après-midi précédent la nuit de cristal ! Et c'est lui qui a pensé à mettre en vitrine A Einstein par une lettre à FD Roosevelt qu'il avait d'ailleurs rédigée. Il avait aussi prédit dès les années 50 que la recherche sur programmes et objectifs ne pouvait que trouver ce qu'on savait déjà et transformer les chercheurs en chasseurs de primes lors des appels d'offres et en menteurs bureaucrates.....
J.
Jacques HM Cohen
LFFH