de Philippe Warter le Dimanche 6 Septembre 2009 05:08
On n'est pas du tout obligé de faire ce voyage en groupe organisé.
Je l'ai fait avec un pote en octobre 1983, en Ambassadeur avec un moteur connu (Continental, pas Potez comme dans l'autre post).
On est parti avec 2 jerrycans (pour ravitailler à Dakhla), quelques dollars, quelques travellers également en dollars, un sac de voyage avec des vêtements complètement standards (sous-vêtements, T-shirts et chemisettes, jeans, baskets), les cartes ONC de la régions, les VAC récupérés au bureau du Bourget, une peau de chamois, 5l d'huile.
Aucun instrument de VSV bien sûr, pas de GPS évidement, pas de transpondeur non plus (pour quoi faire?), j'étais jeune pilote à cette époque, et ça n'avait rien d'un exploit contrairement à ce que pensaient les pilotes adeptes du vol local. Faut juste savoir poser un train classique sur piste en dur, par vent de travers, il n'y a pas trop de dégagements pour un avion ayant 600 km d'autonomie.
Itinéraire : Chavenay-Montpellier-Valencia-Almeria-Casablanca(Anfa)-Agadir-Marrakech(déroutement météo)-La Ayoune-Dakhla-Nouaddibou-St-Louis(Hôtel de la Poste, forcément)-Dakar. 100 LL partout sauf à Dakhla, très chère à St-Louis, mais c'est normal, elle est livrée en fûts (peau de chamois + Japy).
On a ce qu'on pourrait penser être les inconvénients du tout faire soi-même mais c'est ce que j'aime :
Formalités (douane, police), ravitaillement, taxi, hôtel, casse-croûte le soir dans les restaurants sans touristes, le matin météo, avec assez peu d'infos et toujours la même décision (on va voir et on avise en vol), plan de vol et c'est parti. Gros avantage (pour moi) : on n'a aucun contact avec des Européens pendant 15 jours. C'est ce qui m'a toujours fait fuir les trucs organisés : le manque de vrais contacts avec les gens, la vie de groupe à l'escale, le manque d'autonomie dans les décisions.
Seules péripéties : un déroutement météo sur Marrakech et une rupture de direction sur une caisse de loc à Dakar.
Quand je lis les peurs règlementaires de certains, ça me fait un peu sourire. On s'est retouvé pris sous une couche de stratus très bas au sud d'Agadir (200ft s'abaissant), juste avant l'Atlas. Pas une seconde d'hésitation, le salut étant vers le haut, on s'est pas demandé si on avait le droit de franchir une couche OVC. On a visé le halo du soleil visible à travers la couche, comme si on avait été au large de Biscarrosse, 30 secondes max dans la couche, et on était posé à Marrakech une heure plus tard.
C'est vraiment une question de choix : voyage tout organisé, rien à faire soi-même, rien à voir hors spectacles pour touristes, vie repliée sur le groupe, solution chère mais sécurisante (enfin pour moi il s'agit d'une fausse sécurité, si le moteur lâche au dessus de l'Atlas, faut gérer soi-même de toute façon), ou alors vie au jour le jour, prise de décision permanente, autonomie, vie au sol au milieu de la population, solution vraiment économique (taxi, hôtels et nourriture bien moins chers qu'en France) mais demandant un peu d'intiative personnelle.
Et depuis je continue chaque année à faire un voyage du même style, où je me débrouille tout seul. Aller en Finlande fin de années 80 était beaucoup plus compliqué (formalités, météo, navigation).
Les signatures sur les forums internet sont souvent apocryphes. Jules César.