GATORVAL : Retour vers le Futur
Posté: Dimanche 16 Septembre 2007 07:46J'ai rapporté du futur ce texte de PhM qui n'aura raté aucune des 19 éditions précédentes ! Un fidèle parmis les fidèles !!
Septembre 2027.
Le taxi peine à se frayer un chemin sur l'autoroute qui mène au Bourget.
France Info égrène chaque quart d'heure la situation routière. C'est bloqué de partout en région parisienne à cause de l'évènement.
De temps en temps le stacato des pales d'un hélico de surveillance couvre le bruit de fond de la radio en nous survolant.
Deux plombes que je suis coincé dans cet embouteillage !
Cet enfoiré de chauffeur de taxi a refusé que je pose la glacière sur la banquette arrière. Il a exigé de la déposer dans le coffre pour récupérer quelques Euros de plus pour les bagages.
J'étais content, j'avais amené du vin chilien détaxé et vendangé à la main. Introuvable en France depuis qu'on a considéré que ce n'était plus hygiénique !
Je commence à m'ankyloser sur la banquette arrière de cette voiture dont l'air me parvient raréfié par le passage successif de filtres à charbon, à pollen et bactéricides.
De loin en loin, des panneaux signalent aux automobilistes de préparer la monnaie avant la barrière ou d'obliquer pour aller au parking VIP.
C'est bien sûr ici que le taxi m'amènera si j'en crois l'invitation que je froisse maladivement depuis 2 heures entre mes doigts.
Il est écrit "Gatorval : vingt ans déjà !".
Des maousses en costard sombre et lunettes de la même couleur scrutent l'invitation avant d'intimer à un type à casquette à visière de lever la barrière.
Deux pimbêches que je devine filiformes viennent m'accueillir en voiture electrique qui s'arrête dans un chuintement néo-sidéral que renieraient pas les films d'anticipation de la fin du 20° siècle. Elles arborent une casquette à visière portant le nom de la société évènementielle qui les emploie.
On m'aide à m'asseoir à l'arrière de la voiturette pendant que le chauffeur du tacos pose sans ménagement la glacière sur une plateforme. Je pense tristement au pinard qui manifeste la façon dont il est traité par un gling-gling réprobateur.
La chaleur suffocante de pollution m'étreint la gorge et m'oblige à fermer les yeux. Je me surprends à songer au 1er Gatorval à Issoire...vingt ans plus tôt !
Tout est parti d'une initiative d'un certain Richard M*** -alias Flying Gator- comme il aimait se faire appeler sur LE forum aéro créé par Léon Robin (dont le site fut nationalisé en décembre 2015 pour... raison d'Etat)
Au départ, ce n'était qu'une sympathique rencontre de pilotes privés, ulmistes pour la plupart.
Le modeste constructeur aéro d'alors, acteur principal de l'aérodrome d'Issoire, avait orchestré une partie de l'animation en faisant visiter ses installations.
Fort du succés de cette réunion de famille, l'ami Gator avait tenu à répéter l'évènement l'année suivante.
Un autre constructeur était venu se greffer à la sauterie l'année suivante pour présenter son nouveau modèle. Des commerçants spécialisés dans la pièce détachée aéro, s'étaient imposés deux ans plus tard.
Un journal international spécialisé dans l'aviation d'affaire avait convaincu de sa nécessité à couvrir l'évènement en 2011, moyennant un "impact visuel fort".
La DGAC était présente, elle, dès 2010 date à laquelle il avait été imposé un fléchage routier et des toilettes au sol, ainsi que l'inévitable notam.
La venue en masse des britanniques et plus marginalement des nordiques (danois, suédois et norvégiens) avait fait refluer la sauterie sur un aérodrome plus septentrionnal en 2018.
L'avênement du réacteur dans l'aviation de tourisme avait sonné le glas de ce type de rassemblement sur des terrains de campagne, exempts des commodités que l'on trouve par exemple sur les aéroports outre-Atlantique.
Le nombre croissant des participants à ce Gatorval répondait à un manque provoqué par l'arrêt des meetings aériens, jugés "trop dangereux" par l'Administration. La nature ayant horreur du vide, les spectateurs devenaient acteurs...
Pour la première fois, le Gatorval se tenait au Bourget. Il en avait été décidé ainsi par les plus haute instances dirigeantes réunies : le ministère des Transports, de la Santé, de l'Intérieur, et l'Armée !
Soixante mille personnes, dont la quasi totalité n'avait jamais rencontré Gator, répondaient à un instinct grégaire pour communier au nom de l'aéronautique.
Las, il fallait payer un droit d'entrée couvert de taxes en tous genres !
- taxe collaborative sur la pollution de l'air
- éco-taxe sur le recyclage des déchets
- droit participatif aux rassemblements de plus de mille personnes
- contribution au fonds international de la protection de la couche d'ozone
- redevances aéroportuaires
- etc
La voiturette me déposa sous un chapiteau peuplé de vieilles badernes que je reconnaissais, car elles me ressemblaient :
- nous symbolisions la "vieille garde", celle qui subsistait du premier rassemblement à Issoire en 2007.
Un type habillé en costard à paillettes, déclamait le pédigrée des nouveaux arrivants.
Je n'entendis pas ce qu'il disait à mon propos, tout absorbé que j'étais à détailler le blouson "bomber" en simili-croco qu'arborait Gator.
Deux chiffres d'argent qui formaient le nombre "20" sur sa poitrine renvoyaient l'éclat des éclairages sur l'objectif des caméras...
- Qu'il était loin le Gatorval de 2007 !!!
Chers camarades, si vous venez, vous aurez été prévenus de la portée funeste de votre geste !
_________________
PhM
Septembre 2027.
Le taxi peine à se frayer un chemin sur l'autoroute qui mène au Bourget.
France Info égrène chaque quart d'heure la situation routière. C'est bloqué de partout en région parisienne à cause de l'évènement.
De temps en temps le stacato des pales d'un hélico de surveillance couvre le bruit de fond de la radio en nous survolant.
Deux plombes que je suis coincé dans cet embouteillage !
Cet enfoiré de chauffeur de taxi a refusé que je pose la glacière sur la banquette arrière. Il a exigé de la déposer dans le coffre pour récupérer quelques Euros de plus pour les bagages.
J'étais content, j'avais amené du vin chilien détaxé et vendangé à la main. Introuvable en France depuis qu'on a considéré que ce n'était plus hygiénique !
Je commence à m'ankyloser sur la banquette arrière de cette voiture dont l'air me parvient raréfié par le passage successif de filtres à charbon, à pollen et bactéricides.
De loin en loin, des panneaux signalent aux automobilistes de préparer la monnaie avant la barrière ou d'obliquer pour aller au parking VIP.
C'est bien sûr ici que le taxi m'amènera si j'en crois l'invitation que je froisse maladivement depuis 2 heures entre mes doigts.
Il est écrit "Gatorval : vingt ans déjà !".
Des maousses en costard sombre et lunettes de la même couleur scrutent l'invitation avant d'intimer à un type à casquette à visière de lever la barrière.
Deux pimbêches que je devine filiformes viennent m'accueillir en voiture electrique qui s'arrête dans un chuintement néo-sidéral que renieraient pas les films d'anticipation de la fin du 20° siècle. Elles arborent une casquette à visière portant le nom de la société évènementielle qui les emploie.
On m'aide à m'asseoir à l'arrière de la voiturette pendant que le chauffeur du tacos pose sans ménagement la glacière sur une plateforme. Je pense tristement au pinard qui manifeste la façon dont il est traité par un gling-gling réprobateur.
La chaleur suffocante de pollution m'étreint la gorge et m'oblige à fermer les yeux. Je me surprends à songer au 1er Gatorval à Issoire...vingt ans plus tôt !
Tout est parti d'une initiative d'un certain Richard M*** -alias Flying Gator- comme il aimait se faire appeler sur LE forum aéro créé par Léon Robin (dont le site fut nationalisé en décembre 2015 pour... raison d'Etat)
Au départ, ce n'était qu'une sympathique rencontre de pilotes privés, ulmistes pour la plupart.
Le modeste constructeur aéro d'alors, acteur principal de l'aérodrome d'Issoire, avait orchestré une partie de l'animation en faisant visiter ses installations.
Fort du succés de cette réunion de famille, l'ami Gator avait tenu à répéter l'évènement l'année suivante.
Un autre constructeur était venu se greffer à la sauterie l'année suivante pour présenter son nouveau modèle. Des commerçants spécialisés dans la pièce détachée aéro, s'étaient imposés deux ans plus tard.
Un journal international spécialisé dans l'aviation d'affaire avait convaincu de sa nécessité à couvrir l'évènement en 2011, moyennant un "impact visuel fort".
La DGAC était présente, elle, dès 2010 date à laquelle il avait été imposé un fléchage routier et des toilettes au sol, ainsi que l'inévitable notam.
La venue en masse des britanniques et plus marginalement des nordiques (danois, suédois et norvégiens) avait fait refluer la sauterie sur un aérodrome plus septentrionnal en 2018.
L'avênement du réacteur dans l'aviation de tourisme avait sonné le glas de ce type de rassemblement sur des terrains de campagne, exempts des commodités que l'on trouve par exemple sur les aéroports outre-Atlantique.
Le nombre croissant des participants à ce Gatorval répondait à un manque provoqué par l'arrêt des meetings aériens, jugés "trop dangereux" par l'Administration. La nature ayant horreur du vide, les spectateurs devenaient acteurs...
Pour la première fois, le Gatorval se tenait au Bourget. Il en avait été décidé ainsi par les plus haute instances dirigeantes réunies : le ministère des Transports, de la Santé, de l'Intérieur, et l'Armée !
Soixante mille personnes, dont la quasi totalité n'avait jamais rencontré Gator, répondaient à un instinct grégaire pour communier au nom de l'aéronautique.
Las, il fallait payer un droit d'entrée couvert de taxes en tous genres !
- taxe collaborative sur la pollution de l'air
- éco-taxe sur le recyclage des déchets
- droit participatif aux rassemblements de plus de mille personnes
- contribution au fonds international de la protection de la couche d'ozone
- redevances aéroportuaires
- etc
La voiturette me déposa sous un chapiteau peuplé de vieilles badernes que je reconnaissais, car elles me ressemblaient :
- nous symbolisions la "vieille garde", celle qui subsistait du premier rassemblement à Issoire en 2007.
Un type habillé en costard à paillettes, déclamait le pédigrée des nouveaux arrivants.
Je n'entendis pas ce qu'il disait à mon propos, tout absorbé que j'étais à détailler le blouson "bomber" en simili-croco qu'arborait Gator.
Deux chiffres d'argent qui formaient le nombre "20" sur sa poitrine renvoyaient l'éclat des éclairages sur l'objectif des caméras...
- Qu'il était loin le Gatorval de 2007 !!!
Chers camarades, si vous venez, vous aurez été prévenus de la portée funeste de votre geste !
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PhM
