Matthias a écrit:Pour avoir bossé 15 jours dans une forge automobile dans les années 80 (on y forgeait, entre autre, des vilebrequins), je ne pense pas que ce genre d'industrie d'un autre temps revienne un jour... et c'est tant mieux !
On sait très bien améliorer les conditions de travail autour des opérations difficiles ou dangereuses. Encore faut-il en accepter le prix plutôt que les délocaliser telles quelles dans des pays où perdurent des conditions de travail d'un autre âge.
Nous sommes un certain nombre ici à avoir connu ces conditions il y a quelques décennies, ne serait-ce que lors de stages ouvriers ou visites durant nos études. La sidérurgie en est un bon exemple, mais pas seulement. Le forgeage de vilebrequins, mais aussi d'autres grosses pièces, le laminage et la tréfilerie offrent des images spectaculaires , mais bien d'autres domaines moins médiatiques n'étaient pas en reste. N'ayant pas poursuivi dans l'industrie lourde, j'ose cependant espérer que ce que j'en ai vu a progressé. Dans les années 60, à Usinor Dunkerque tout juste sortie de terre, on pouvait y voir les ouvriers de la tréfilerie adossés au laminoir saisir avec une longue pince le fil incandesceant sortant à 60 mk/h de la filière d'un côté pour l'engager dans la suivante de l'autre côté, le type restant à l'intérieur de la boucle sans aucune protection. A la question "que se passerait-il en cas de blocage de l'alimentation ?", la réponse était sans équivoque.
Les aciéries continuent pourtant à produire des milliers de km de fil d'acier, dans d'autres conditions j'espère. Il est aussi fort probale que ces conditions ont perduré un certain temps, loin de chez nous, après leur transfert, tout comme bien d'autres fabrications consommatrices de main-d'oeuvre - au sens premier du terme.