gma a écrit:Il est assez aisé de montrer qu'avoir les notions ne suffit pas. Prenez un pilote qui n'a pas fait de VSV depuis 3 mois, vous pouvez constater sans problème la relative incertitude dans la tenue de cap et altitude.
On conviendra que ce défaut ne détermine pas la perte de contrôle, question dont il s'agit.
Pour faire réfléchir, voici comment le forum a manqué ne pas profiter de mes interventions :
Le 19 décembre 1976 je fais en Robin 15 minutes sous capote, mon premier essai en la matière, sans décollage ni approche, le tout en l'air, montées et descentes douces, virages peu inclinés. Temps de calme plat, double commande, mais 15 mn sans reprise du manche par la place droite ni perte de contrôle.
Le 5 janvier 1977 sans autre exercice de PSV depuis le précédent, je pars en voyage.
A mi-chemin j'arrive à la perpendiculaire face à une falaise nuageuse bien nette qui va du sol au plafond (500 mètres/sol) en s'étendant bien rectiligne à perte de vue à gauche et à droite.
A 300 mètres sol environ j'entre aussi perpendiculairement qu'illégalement dans la falaise en pensant que si je n'ai pas débouché au bout de trente secondes, je ferai demi-tour et trente secondes après la fin du 180 ressortirai mathématiquement de cette falaise qui est si bien délimitée.
Au bout de trente secondes c'est toujours le nuage. Je fais demi-tour et ensuite attends trente secondes. Flûte, je ne retrouve pas la visibilité. Au bout d'une minute non plus. Je ne comprends pas... (et n'ai d'ailleurs toujours pas compris).
C'est ennuyeux. Je fais alors le geste qui s'impose évidemment : dans le blanc je consulte ma carte !
Pas fou, je commence par "asseoir" l'avion à vitesse et régime faibles. Je suis ainsi occupé à ma lecture, dont me tire un bruit aérodynamique inaccoutumé.
Les gaz réduits sont quand même remontés à 2500 tours tandis que le badin marche vers la Vne. Sur l'horizon artificiel, il y a un coin de bleu en haut à gauche, assez penché ma foi.
La dernière chose à faire serait de s'énerver. Je me rappelle la "procédure de Saint-Cyr" que j'ai lue quelques années plus tôt dans un Aviasport jaune. Elle est tout précisément destinée à ce cas de figure. Elle consiste à dé-com-po-ser l'action pour ne pas s'emmêler les pinceaux quand on manque d'entraînement au PSV.
1) réduire à fond,
puis2) revenir à inclinaison nulle,
puis3) revenir en palier.
Je mets en oeuvre la procédure de Saint-Cyr (qui n'en présente pas moins l'inconvénient de maximiser la perte d'altitude par rapport à une action au manche coordonnée). Pendant la phase 3) j'ai la chance de ressortir sous le plafond (étrangement bien plus bas qu'avant l'entrée dans la falaise). Je dis chance, car si j'avais fini de redresser plus haut je serais resté dans le blanc, et là pour le coup bien ennuyé.
En fin de ressource il reste près de cent mètres sous les roues.
Je renonce à poursuivre.
Disons qu'on n'est pas nécessairement mort après la connerie et qu'il faut s'accrocher. Il y a bien eu des passagers et passagères incompétents qui ont ramené l'avion au sol après l'infarctus fatal du pilote. Je crois que je n'aurais pas su.
Deux ans plus tard le même avion se reperd dans le blanc, fait deux morts, un blessé grave et un blessé léger.
Modérateur, effacez si vous n'aimez pas.