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Un P-38, une lettre et des histoires qui relient...

Quand il n'est plus l'heure de voler, le rêve et le plaisir se prolongent dans un bon livre. La littérature aéronautique, abondante, mérite qu'on s'y attarde. Partagez vos découvertes !

Un P-38, une lettre et des histoires qui relient...

Messagede Florian Rochat le Mercredi 25 Janvier 2012 17:28

Le 24 juin 1944, le lieutenant de l'USA Air Force LeRoy Lutz mourait à Mardeui, en Champagne. Il s'était en fait sacrifié, renonçant à sauter en parachute, parce que son avion, touché peu auparavant par la flak allemande, piquait droit sur le village. Il a réussi à éviter un drame en s'obstinant à manoeuvrer pour ne pas tomber sur ces habitations, et s'est tué dans un champ voisin.

Il y a eu plusieurs épisodes semblables au cours de la Seconde Guerre mondiale. En 1999, dans le Montana, j'avais trouvé une lettre résumant ce drame. Douze ans plus tard m'est venue l'idée d'un roman sur la vie d'un pilote américain, reconstituée par une femme d'aujourd'hui qui doit à John Philip Garreau, cet autre LeRoy Lutz imaginaire, le droit d'avoir pu voir le jour. Elle découvre en effet que sa mère, âgée de 4 ans en 1944, aurait été tuée si Garreau n'avait pas adopté un comportement semblable à celui de Lutz.

La mairie et quelques habitants de Mardeuil ont voulu, dès 1947, contacter les parents de LeRoy Lutz pour leur dire ce qu'ils devaient à leur fils. Mais ce n'est qu'en 1997 qu'un homme, André Mathy, a pu joindre le fils de LeRoy Lutz, Richard, dans le Nebraska. C'est une histoire dans le droit-fil du thème sous-jacent de "La légende de Little Eagle": le destin.

Tout récemment, j'ai pu joindre André Mathy, bouclant ainsi la boucle d'une chaîne d'histoires qui, dans la réalité comme dans la fiction, relient les êtres dans le temps et dans l'espace. J'ai envoyé mon livre à André Mathy, très ému de cette ressurgence d'un événement auquel il n'a jamais cessé de penser.

Et je raconte - entre autres - l'histoire de cette lettre ici: http://www.florianrochat.com/blog.htm
Florian Rochat
 
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Re: Un P-38, une lettre et des histoires qui relient...

Messagede jp trimouille le Mercredi 25 Janvier 2012 22:15


Ce thème est un classique de la littérature aéronautique ; un autre auteur l'a également décliné :



POUR TROIS LITRES !

  .

  [SIZE=100](Extrait du Courrier de Bestagenke-Stadt, une sorte de de Hara-Kiri très lu dans la capitale de la Zborzjénie subcarpathique)[/SIZE]


  "Notre armée de l'air veillait depuis ses bases lorsqu'un Pou-du-Ciel survolant une centrale nucléaire fut signalé par le contrôle radar. Sous-officier pilote plein d'allant, l'adjudant Kaskuj se précipita sur son chasseur. Tally ho ! Sabre au clair, le valeureux aviateur quitta le sol dans le tonnerre de la post-combustion, pour le rejoindre aussitôt avec une certaine dureté - fatale à tout dire. l'avion au parking attendait en effet non pas un pilote, mais un plein.

"Il est arrivé déjà qu'un appareil militaire en panne piquât droit sur une école dont les enfants en récréation attirent l'attention de l'institutrice sur le bel avion qui glisse tout en silence vers eux comme s'il voulait... comme s'il voulait... mais que fait-il ? Aah ! Aaaaaaaah !...

"Mais l'héroïsme n'est pas l'apanage des combats. Des Français diraient qu'il n'a pas plus dit son dernier mot à Dien Bien Phu qu'avec les accords d'Evian ; nous avons en Zborzjénie d'autres références non moins certaines. Arqué sur ses commandes figées dans le béton par la panne hydraulique, ce pilote-là n'avait pas oublié son engagement pour défendre et protéger tous les enfants zborzjènes ; au lieu de s'éjecter le pilote avait tout tenté pour dévier, dévier le monstre d'aluminium (nous savons bien qu'un monstre d'acier ferait plus sérieux) de l'école élémentaire sur laquelle un sort implacable voulait le précipiter. Il avait même déployé ses aérofreins à seule fin que leur sifflement alertât les habitants, comme sur un Stuka (Note du traducteur : ne pas oublier de prononcer "Chtouka" puisque le "st" allemand se prononce "cht" comme dans "Stiefel", "Stosstruppe", "Strafarbeit"...)

"Non ! La volonté bandée du pilote avait vaincu les lois inexorables de la physique et du destin. Il avait évité de peu le dernier poulailler du village. La nation n'ouble pas ses serviteurs. Funérailles en présence du ministre, discours, croix de chevalier du Sceptre d'Ottobus Ier sur un coussin à glands dorés, cercueil porté par six adjudants-chefs (le grade de la victime ne justifiant pas la prolonge d'artillerie)...

"Hélas !
"Hélas, rien de tel pour cette fois-ci : les réservoirs ne contenaient même plus de quoi parvenir au village ; trois litres de plus auraient suffi pour atteindre, de manière à l'éviter héroïquement, le bourg et son école, dans la cour de laquelle la maîtresse... Au lieu de cela, notre ami s'écrasa bêtement en rase campagne sous les yeux irrités des chasseurs qui pétitionnent déjà régulièrement contre les avions en rase-mottes qui effraient les sangliers.
"Qu'eussent été trois litres ? Discours, croix d'Ottobus, adjudants-chefs... Pour trois litres, tout est perdu !
"Pour trois litres ! Trois litres !...
Dernière édition par jp trimouille le Mercredi 25 Janvier 2012 23:50, édité 1 fois.
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Re: Un P-38, une lettre et des histoires qui relient...

Messagede 4aplat le Mercredi 25 Janvier 2012 22:32

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ça mérite 2.90 € !!!
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Re: Un P-38, une lettre et des histoires qui relient...

Messagede jp trimouille le Mercredi 25 Janvier 2012 22:38

Tiens ! C'était le prix tout rond d'un remorqué quand j'ai commencé à vélivoler en 1970. Un rapport ?
jp trimouille
 

Re: Un P-38, une lettre et des histoires qui relient...

Messagede 4aplat le Mercredi 25 Janvier 2012 22:40

jp trimouille a écrit:Tiens ! C'était le prix tout rond d'un remorqué quand j'ai commencé à vélivoler en 1970. Un rapport ?


en euro constant ?

sinon pas de rapport, j'ai mis une valeur au hasard.............
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Re: Un P-38, une lettre et des histoires qui relient...

Messagede jp trimouille le Mercredi 25 Janvier 2012 23:10

2,29 euros = 15 F (,02)
C'est capillotracté mais ça fait du chiffre.

éditer : tu as mis de l'inflation, du coup la suite ne veut plus rien dire.
jp trimouille
 

Re: Un P-38, une lettre et des histoires qui relient...

Messagede 4aplat le Jeudi 26 Janvier 2012 06:48

je me suis mis "alapage" (.com)
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Re: Un P-38, une lettre et des histoires qui relient...

Messagede jp trimouille le Jeudi 26 Janvier 2012 09:38

Florian Rochat a écrit: une femme d'aujourd'hui qui doit à John Philip Garreau, cet autre LeRoy Lutz imaginaire, le droit d'avoir pu voir le jour. Elle découvre en effet que sa mère, âgée de 4 ans en 1944, aurait été tuée si Garreau n'avait pas adopté un comportement semblable à celui de Lutz.


Une fois encore, je voudrais comprendre comment une personne au sol peut savoir que sans les manoeuvres exécutées par le pilote, l'avion serait tombé sur elle.
Peut-être pourrais-tu passer un extrait qui nous éclairât là-dessus.
jp trimouille
 

Re: Un P-38, une lettre et des histoires qui relient...

Messagede Florian Rochat le Jeudi 26 Janvier 2012 12:21

Bien volontiers, cher JP. Voici un extrait. Mais après, j'arrête. Je ne veux pas être accusé de spammer. (Le lettre est traduite à la fin du livre)

Tiré de "La légende de Little Eagle" - www.florianrochat.com

(...)

Alors que, perchée sur une chaise, je penchai la tête pour en lire les titres, mon regard fut attiré par un bout de papier jaune pâle débordant d’une édition des œuvres complètes de Shakespeare. C’était une copie carbone d’une lettre de mon grand-père, Paul Lenglin, BP 152, Beaune (21), pliée en quatre et insérée dans un passage de La Tempête. Intriguée, je l’ouvris pour y jeter un coup d’œil. Tapée sur une machine à écrire d’un modèle ancien, la frappe des lettres avait perdu de sa netteté. J’allai m’asseoir près de la fenêtre pour décrypter cette missive.

Dear Mr. & Mrs. Garreau,

This is a letter to express my deep gratitude for the action of your son, First Lieutenant John Philip Garreau, on August 12 1944. It took much time and many letters and inquiries to US and Allied military authorities to find your address and this is the reason I write only today.

You know of course that your beloved son was killed in action in this part of France during the War when his P-51 Mustang named Lucky Lady crashed. In the name of all the members of my family I present you today my very sincere sympathy for the tragic loss of John Philip.

But perhaps you do not know that First Lieutenant Garreau ACTED LIKE A HERO and saved our lives. He could have parachuted and saved himself when he realized that his plane was out of control, but he did not. On the contrary, he remained in his plane with a burning engine to avoid falling on our village, and more precisely right on our family house. My wife and my two young children were inside. From the front yard, I watched him myself taking a desperate turn very close from the roof in order not to kill us all. The result of this action was that he was killed in a field just behind our house.

Myself and my family, and all the inhabitants of the village of Verdeil, see and will always see John Philip Garreau like a real hero. He was a great ace in air combat but he did not hesitate to sacrifice himself to save other, civilian lives. You can be proud of him and we also are. We will never forget him.

Your son’s body now lies here in our peaceful cemetery, not far from our house. We visit him regularly and lay flowers on his grave.
If you come to France one day, please contact us. It would be a great honor for us to meet the parents of such a brave and courageous young man.


Cette lettre, datée du 14 juin 1947, avait été adressée aux parents du Premier Lieutenant John Philip Garreau, à Browning, Montana, USA.

J’ai dû pâlir. Je me souviens d’avoir dû faire un effort pour reprendre mon souffle. Mon rythme cardiaque s’était accéléré. Les yeux perdus dans les branches des arbres entourant la maison, je luttai non pas pour comprendre, mais admettre le sens de cette lettre que Paul Lenglin avait probablement demandé à quelqu’un de traduire dans cet anglais un peu approximatif. Pour me retrouver très vite face à cette évidence : sans le sacrifice de John Philip Garreau, mes grands-parents, leur fils, leur fille – ma mère, alors une jeune enfant – auraient péri en ce jour d’août 1944. Et… et donc je ne serais pas née… Je n’aurais pas vécu.
Je sus d’emblée que cette révélation allait m’obséder de mille manières. Une fois le choc amorti, je visualisai le drame. J’imaginai, je vis ce pilote dans son appareil en perdition, dans son cockpit inondé d’une fumée noire, apercevant soudain cette maison à quelques dizaines de mètres devant lui, ultime obstacle dans sa ligne de vol au-dessus de ce village où il ne voulait pas tomber, et comprenant en un éclair ce qui allait se passer lors de l’impact en apparence inévitable: le P-51 Mustang avec encore beaucoup d’essence et de munitions, véritable bombe volante s’enfonçant dans la façade, le toit explosant, les murs s’éventrant, les flammes jaillissant des fenêtres. Un fracas infernal. Des morts, des civils sacrifiés.
Mais John Philip Garreau avait pris sa décision quelques instants plus tôt. Rester à bord, coûte que coûte, tout tenter pour éviter une catastrophe. Croyait-il pouvoir s’en sortir encore avec un atterrissage forcé ? Des témoins m’ont confirmé qu’il avait soudain réussi à redonner suffisamment de gaz à son moteur qui crachotait, qu’il avait viré sur la droite au tout dernier moment, l’extrémité de l’aile gauche de son appareil se brisant sur la cheminée, et qu’il s’était écrasé derrière la maison. Je relus la lettre et m’arrêtai longuement sur cette phrase : « Ma femme et nos deux jeunes enfants se trouvaient dans la maison. »
Les jours et les semaines qui suivirent cette découverte, tout en aménageant cette maison pour la rendre plus confortable, une idée me vint, qui prit vite la forme d’un projet. Et même d’une mission, un devoir de mémoire, comme on dit aujourd’hui. J’avais besoin de savoir qui était exactement John Philip Garreau, je voulais connaître sa vie, sa trajectoire d’homme et de pilote. Un homme ? Un très jeune homme, presque encore adolescent. Il avait à peine plus de dix-huit ans.
Florian Rochat
 
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