Patrick l'a bien dit, les Polaks sont bons, et même excellents, qu'ils volent en Wilga ou en C152. Peu importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse. A appliquer dans tous les cas, il suffit d'observer leur façon de voler pour s'en convaincre.
Par contre, cette méthode est certainement la meilleure en précision, mais on s'aperçoit d'une part qu'elle n'est pas appliquée par tous les Polonais (et même les meilleurs volent parfois en ligne droite), et d'autre part qu'elle n'est pas une condition
sine qua non pour la victoire, puisque Julien et David ont volé plus ou moins droit et ont tout de même gagné. Ci-dessous la trace en jaune de Julien, en noir de l'un des Wieczoreck (ils sont tout de même trois dans l'équipe, le père, le fils et l'oncle).
Comment faire pour gagner ? S'entraîner entre 100 et 150 heures par an en conditions de compétition. Leur équipe possède en propre deux C152 utilisés en priorité pour le rallye et la précision. Ce n'est pas possible chez nous, il n'y a pas assez de championnats. Malgré tout, certains ont un talent suffisant pour y réussir sans s'entraîner autant. Mais gageons que les Polonais mettront les bouchées doubles pour que cela ne se reproduise pas de si tôt. Ils ne sont pas pilotes militaires, mais volent tous plus ou moins sur Embraer 145 ou ATR, dans la compagnie nationale, voire sur B737 ailleurs.
Les Tchèques étaient absents cette année pour cause de crise (leur compagnie CSA va mal et les pilotes de rallye - par ailleurs pilotes de ligne - n'ont pas obtenu les vacances pour venir à cette compétition).
Enfin, l'envie de réussir, le travail, le support d'une équipe très soudée et énormément de talent ont fait que Julien et David ont réussi en seulement quatre ans de sélections internationales à obtenir des résultats jamais atteints auparavant.
Il aura fallu pour cela beaucoup de volonté et de travail en amont, défricher la discipline, comprendre les méthodes, essayer des méthodes, les abandonner, en inventer de nouvelles, se battre en international, créer des programmes informatiques, créer des championnats, changer d'avion, vomir quelques sacs, former des nouveaux adeptes, organiser des initiations, des compétitions régionales, nationales, des entraînements ciblés, des sélections, apprendre à mémoriser, apprendre à arriver à la seconde près, apprendre à se poser au mètre près sur une ligne, se botter les fesses parfois aussi.
Une petite anecdote sur les chronos. Pour ceux qui ne connaissent pas cette discipline, une partie des épreuves consiste à passer sur les points tournants à une heure imposée, à la seconde près (la vitesse sol de 70kt étant déterminée au départ). Tout écart est sanctionné par deux points de pénalité. En passant les points tournants, nous nous sommes aperçus que les écarts constatées par le GPS ne concordaient pas avec ceux mesurés en vol (on parcourt 35 mètres en une seconde à 70kt). Le programme de scoring a été reprogrammé en cours de compétition car les résultats étaient tronqués au lieu d'être arrondis, ce qui donnait parfois des écarts d'une seconde là où les concurrents passaient à l'heure.
Un dernier mot : des initiations et des compétitions régionales,
ouvertes à tous ont lieu à partir du printemps dans les cinq coins de la France. Cela se passe quasiment toujours à moins d' 1h30 de convoyage. Il n'est absolument pas nécessaire d'avoir l'âme d'un compétiteur pour y prendre part, il existe même une formule qui permet de découvrir la discipline en volant à plusieurs, et il y a toujours des pilotes plus expérimentés prêts à donner des conseils ou des trucs pour débuter et progresser. Participez, parlez-en autour de vous, c'est un excellent moyen de découvrir une manière différente de piloter, exigeante et très formatrice. Les déroutements et les atterrissages en campagne n'auront plus de secret après cela, puisqu'on vole à la carte uniquement et que tout le monde arrive rapidement à poser un avion en sécurité sur un point d'aboutissement de moins de 30 mètres de long.
à bientôt et encore bravo à nos quatre champions !