Re: Sortie dos
Posté: Mardi 1 Septembre 2015 09:43
Jan Tutaj a écrit:Bee Gee a écrit:
Les bons exercices sont les tonneaux lent (6 sec), puis super lent ... 12 secondes,
Le Grand Neil Williams disait que le tonneau lent était impossible sur Spitfire car il n'y avait qu'une heure et quelques d'essence dans le réservoir...
Pareil pour moi, mes maitres m'ont appris que les recettes de cuisine valaient bien moins que la visualisation.
Apprendre sur des avions sous puissants où l'on doit gérer la misère est également une bonne école.
Mon maitre Bernard Chauvreau m'a dit : Jan, je vous montre le beau geste et après vous refaites la même chose.
En RF6B, c'est pas gagné.
Il me montre la mise dos et la sortie dos parfaite, lente, majestueuse.
Le jour du test, c'est le grand Luis ( Pena) qui me demande cette figure. Que je fais comme Bernard m'a montré. Luis est content.
- comment tu fais ?
- Euh, j'en sais rien, comme Monsieur Chauvreau m'a montré, je suppose ?
c'est ça le truc : le Maître montre le geste parfait, c'est pour ça qu'il est le Maître, l'élève restitue et ainsi de suite jusqu'à la fin des temps.
Jan
Facile, non ?
J'avais croisé quelques fois Neil Williams au cours de compétitions, la 1er fois ce devait être une coupe Doret, un sacré personnage ! Il était arrivé avec son pote Black sur leurs Pitts S1 et avaient enfilé la longue piste d'Ambérieu en vol tranche à ras les briques, une manière à eux d'agir psychologiquement d'entrée de jeux sur les concurrents !
A l'époque le CAP10 venait de sortir et donc je compétitais en 2eme cycle à l'époque sur cet avion que je commençais à avoir pas mal en main.
Neil Williams était intéressé par le CAP pour changer les avions écoles vieillissant du royaume. Auguste Mudry était présent avec l'ingénieur Klinka, il lui a proposé de faire un vol d'évaluation du CAP, Il nous a fait un vrai festival avec cet avion qu'il ne connaissait pas, sauf que selon lui ça vole pas loin comme un Spit, si tu sais voler un CAP tu sais voler un Spit. Et donc il nous sortait d'emblée des figures tirées au cordeau qu'on avait bien du mal à faire malgré nos jeunes âges ! mais le meilleurs a été la suite, quand il a fait un débriefing complet des qualités et défauts du CAP, ça a duré une bonne demi heure, tout y est passé, Williams était avant tout un pilote d'essai rompu à l'analyse. Si Gusty avait tout noté il aurait pu améliorer son CAP sur tout un lot de détails !
La 2eme fois c'était à Châteauroux, il était venu avec son Jodel, son chien et sa femme. Le lendemain de la compet il faisait un temps épouvantable à ne pas mettre un Jojo dehors, on a vu notre Neil embarquer armes, femme chien et bagage dans le jojo bourré à la gueule, et partir pour l'Angleterre comme si de rien n'était. Pour en avoir net j'ai pris le CAP20 sur lequel je venais de me qualifier pour les championnats du monde 1976 à Kiev, et ben j'ai failli me perdre en tour de piste !
Pour nous c'était le héros, mais par la suite on a compris la vraie nature de ce personnage qui a malheureusement disparu peu de temps après, en HE 111 quelque part en Espagne, un jour de mauvais temps. On passe vite de héros à zéro dans ce métier.
Et puis Louis qu'on surnommait affectueusement Luis Miguel de la Pena, un personnage adorable, en somme tout l'inverse de Williams. Lui a continué la voltige, moi j'avais envie de voir autre chose.