On a perdu la Coupe du Monde !
Posté: Mercredi 19 Août 2015 10:45L'organisation d'une manifestation, c'est beaucoup de travail en coulisses dont les spectateurs n'entendent jamais parler. Il s'y passe parfois des choses surprenantes ou amusantes. Les championnats du Monde de voltige n'y font pas exception. Ayant vécu plusieurs d'entre eux de l'intérieur, dans l'organisation, je vous livre l'une d'elles.
Fayence 1995. A l'activité habituelle s'ajoutent les préparatifs du Championnat du Monde de Voltige planeurs qui va s'y dérouler. Les organisateurs ont pris possession des lieux et s'affairent à installer tout le nécessaire pour le déroulement de la compétition. Tandis que les officiels supervisent la mise en place des repères de box pour les juges de cadre, les juges repèrent le meilleur emplacement pour un de leurs outils de travail, les chaises-longues sur lesquelles ils vont passer la plus grande partie de leur temps d'activité. C'est pour cette raison que je les ai surnommés "les forçats du transat", ce qui en amuse beaucoup, mais peut-être pas tous.
Pendant ce temps, la directrice de la compétition, Madelyne DELCROIX ("Mady" pour tous les habitués) est partout à la fois pour superviser les opérations, répondre à une question, résoudre un problème, récupérer un document oublié ou un objet qu'elle est venue chercher. Documents et objets se retrouvent immédiatement dans une des innombrables poches d'un gilet qui lui a été offert à l'occasion de l'événement et deviendra célèbre au fil des jours. Il ne se passera pas une journée sans qu'émerge de l'une des poches un document ou un objet que l'on cherchait vainement depuis un bon moment.
Pour les observateurs extérieurs, la compétition qui commence est un peu comme un canard qui glisse sur un plan d'eau : calme à la surface tandis que les pattes s'agitent frénétiquement en dessous sans que personne le voie. La compétition a commencé et s'approche de sa conclusion. Dans les coulisses, les pronostics vont bon train. On est à peu près sûr du podium, mais pas encore de son ordre. Le tenant du titre, le Polonais Jerzy MAKULA va-t-il le conserver ou le céder à un Russe prometteur, Mikhaïl MAMISTOV ? Pendant ce temps, on prépare activement la cérémonie de clôture : podium, coupes et médailles, drapeaux et hymnes nationaux.
Tiens, on n'avait pas prévu de podium (c'est une chose que l'on oublie souvent), mais qu'à cela ne tienne, on va en bricoler un avec des caisses trouvées ici et là masquées par des bâches artistiquement drapées. Un instant d'émotion pour les hymnes nationaux car, évidemment, l'un de ceux dont on va certainement avoir besoin manque à l'appel, mais on finit par retrouver la cassette. Ouf !
Pendant ce temps, Mady fait l'inventaire des coupes et médailles qui seront remises. Il manque le principal : la Coupe du Monde remise au vainqueur. Mady commence à s'agiter et interroge tout le monde autour d'elle : "où a-t-on mis la coupe ?" C'est sûr qu'elle était là, puisque Mady était arrivée avec le précieux trophée qui avait été mis en lieu sûr (mais où ?) dans l'attente de sa remise. Un instant, les mauvaises langues imaginent de dépouiller Mady de son fameux gilet, d'ouvrir les poches et de le secouer, mais l'hypothèse se révèle irréaliste : la coupe est énorme et fait 70 ou 80 cm de hauteur. On redevient sérieux, il faut la retrouver avant la cérémonie de proclamation des résultats en fin d'après-midi, ce qui nous laisse une demi-journée. Tous ceux qui ont approché de près ou de loin le précieux trophée sont mis à contribution tandis que Mady continue à s'affairer, la mine sombre. Enfin, après quelques heures d'inquiétude la nouvelle se propage : on a retrouvé la Coupe du Monde ....... dans un placard à balais. La personne à qui l'encombrant trophée avait été confié avec comme mission "trouve-moi un endroit pour caser ça en attendant" s'est souvenue n'avoir trouvé que ce recoin discret dans un local fermé deux semaines auparavant.
Le podium est installé, les officiels ont validé les résultats, drapeaux et hymnes sont prêts ... et on a enfin retrouvé la Coupe du Monde, la cérémonie peut avoir lieu. Il nous reste un peu moins de deux heures.
Mikhaïl MAMISTOV est champion du monde, il brandit la précieuse coupe (extraite de son placard à balais et soigneusement astiquée), le drapeau et l'hymne Russes s'élèvent. Dans la foule, seules quelques personnes au courant des péripéties se regardent avec un sourire complice. La fête peut commencer.
Pour la petite histoire (encore), c'est tard dans la soirée du dîner de clôture, alors que la nuit est noire et sans lune qu'un plaisantin annonce au micro qu'une démonstration de voltige nocturne en planeur va avoir lieu. Bien qu'incrédules, tous sortent ... pour ne rien voir bien entendu avant de retourner continuer à fêter les vainqueurs (et les autres) jusque tard dans la nuit.
Fayence 1995. A l'activité habituelle s'ajoutent les préparatifs du Championnat du Monde de Voltige planeurs qui va s'y dérouler. Les organisateurs ont pris possession des lieux et s'affairent à installer tout le nécessaire pour le déroulement de la compétition. Tandis que les officiels supervisent la mise en place des repères de box pour les juges de cadre, les juges repèrent le meilleur emplacement pour un de leurs outils de travail, les chaises-longues sur lesquelles ils vont passer la plus grande partie de leur temps d'activité. C'est pour cette raison que je les ai surnommés "les forçats du transat", ce qui en amuse beaucoup, mais peut-être pas tous.
Pendant ce temps, la directrice de la compétition, Madelyne DELCROIX ("Mady" pour tous les habitués) est partout à la fois pour superviser les opérations, répondre à une question, résoudre un problème, récupérer un document oublié ou un objet qu'elle est venue chercher. Documents et objets se retrouvent immédiatement dans une des innombrables poches d'un gilet qui lui a été offert à l'occasion de l'événement et deviendra célèbre au fil des jours. Il ne se passera pas une journée sans qu'émerge de l'une des poches un document ou un objet que l'on cherchait vainement depuis un bon moment.
Pour les observateurs extérieurs, la compétition qui commence est un peu comme un canard qui glisse sur un plan d'eau : calme à la surface tandis que les pattes s'agitent frénétiquement en dessous sans que personne le voie. La compétition a commencé et s'approche de sa conclusion. Dans les coulisses, les pronostics vont bon train. On est à peu près sûr du podium, mais pas encore de son ordre. Le tenant du titre, le Polonais Jerzy MAKULA va-t-il le conserver ou le céder à un Russe prometteur, Mikhaïl MAMISTOV ? Pendant ce temps, on prépare activement la cérémonie de clôture : podium, coupes et médailles, drapeaux et hymnes nationaux.
Tiens, on n'avait pas prévu de podium (c'est une chose que l'on oublie souvent), mais qu'à cela ne tienne, on va en bricoler un avec des caisses trouvées ici et là masquées par des bâches artistiquement drapées. Un instant d'émotion pour les hymnes nationaux car, évidemment, l'un de ceux dont on va certainement avoir besoin manque à l'appel, mais on finit par retrouver la cassette. Ouf !
Pendant ce temps, Mady fait l'inventaire des coupes et médailles qui seront remises. Il manque le principal : la Coupe du Monde remise au vainqueur. Mady commence à s'agiter et interroge tout le monde autour d'elle : "où a-t-on mis la coupe ?" C'est sûr qu'elle était là, puisque Mady était arrivée avec le précieux trophée qui avait été mis en lieu sûr (mais où ?) dans l'attente de sa remise. Un instant, les mauvaises langues imaginent de dépouiller Mady de son fameux gilet, d'ouvrir les poches et de le secouer, mais l'hypothèse se révèle irréaliste : la coupe est énorme et fait 70 ou 80 cm de hauteur. On redevient sérieux, il faut la retrouver avant la cérémonie de proclamation des résultats en fin d'après-midi, ce qui nous laisse une demi-journée. Tous ceux qui ont approché de près ou de loin le précieux trophée sont mis à contribution tandis que Mady continue à s'affairer, la mine sombre. Enfin, après quelques heures d'inquiétude la nouvelle se propage : on a retrouvé la Coupe du Monde ....... dans un placard à balais. La personne à qui l'encombrant trophée avait été confié avec comme mission "trouve-moi un endroit pour caser ça en attendant" s'est souvenue n'avoir trouvé que ce recoin discret dans un local fermé deux semaines auparavant.
Le podium est installé, les officiels ont validé les résultats, drapeaux et hymnes sont prêts ... et on a enfin retrouvé la Coupe du Monde, la cérémonie peut avoir lieu. Il nous reste un peu moins de deux heures.
Mikhaïl MAMISTOV est champion du monde, il brandit la précieuse coupe (extraite de son placard à balais et soigneusement astiquée), le drapeau et l'hymne Russes s'élèvent. Dans la foule, seules quelques personnes au courant des péripéties se regardent avec un sourire complice. La fête peut commencer.
Pour la petite histoire (encore), c'est tard dans la soirée du dîner de clôture, alors que la nuit est noire et sans lune qu'un plaisantin annonce au micro qu'une démonstration de voltige nocturne en planeur va avoir lieu. Bien qu'incrédules, tous sortent ... pour ne rien voir bien entendu avant de retourner continuer à fêter les vainqueurs (et les autres) jusque tard dans la nuit.
