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Le Bush à oreilles

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Le Bush à oreilles

Messagede Jan TUTAJ le Dimanche 2 Décembre 2007 02:37

Il s’appelle Jean-Philippe, il est belge. On dit Jipi et basta. Il a longuement piloté des Cessna Caravan en Tanzanie. Auparavant, il avait copiloté du CL 44, excusez du peu… là où ça chauffait dur et tombait dru. Après 3 ou 4 000 heures de vol, il a pensé qu’il était temps de tourner la page. Il est venu en Europe, a passé un PL anglais, et réussi le recrutement Gulf Air.
Il est à présent à Barhein, copi sur 320, instructeur simu, et futur ( très proche) Captain.
Christine l’avait rencontré quand elle était guide en Tanzanie et me l’avait présenté.
Nous sommes restés potes. Il avait envie de parler un peu de ses vols et du « climat » de ces vols.
Il m’a autorisé à vous livrer ces quelques lignes.
Bons rêves.



Le Bush a Oreilles

Les pilotes de brousse que je connais sont avant tout des amoureux de la nature, qu'ils ont découvert à travers leurs expériences quotidiennes.
Le vol de brousse est basé sur l’observation et l’étude de l’environnement dans lequel nos avions évoluent. Il est le fruit d’une patience et d’un respect de cet environnement. Dans cette vie sauvage et  grouillante nous devons nous faire accepter, jouer avec les règles de la brousse plutôt que de les forcer. Les techniques de vol ne sont pas celles de cow-boys insouciants comme on pourrait le croire mais le travail au quotidien de pilotes professionnels qui utilisent les performances de leur avions au maximum et vont de temps à autre caresser les limites à la fois de la machine et de l’humain. Ils ont appris a gérer ces deux facteurs et à créer une osmose. La brousse est une leçon d’humilité et l’ego est mis à rude épreuve. Elle nous apprend beaucoup sur nous même, c’est un miroir qui donne la vraie image de chacun. On ne triche pas, on vit le vol dans sa plénitude. L’avion dans ces contrées est un bel outil pour nos jardiniers qui cultivent l’aventure humaine, pour des gens de quelque part qui vont au milieu de nulle part pour se retrouver.

Une journée en Cessna 208

Les vols dans le cœur du Serengeti, situé en Tanzanie au cœur de l’Afrique de l’Est, sont, chaque jour une aventure extraordinaire où les protagonistes  entretiennent une  tradition africaine ancestrale. C’est «  la transmission orale ». Le briefing de la destination consiste à arpenter le tarmac ou bien les ondes radio et à trouver le gourou qui, le dernier  a frôlé de ses plumes notre (nos) destination(s) du jour. Le système s’applique également pour la météo. Le plafond est bas en ces jours de Juillet et espérons qu’à notre retour le soleil aura réchauffé le cœur des hommes et nettoyé ses nuages qui se  faufilent entre les collines avoisinantes. Chaque nuit le Mont Méru du haut de ses 14500 pieds se refuse à libérer cette humidité (tant convoitée lors des saisons sèches) qui lui permet de garder ses couleurs verdâtres. Après le rassemblement d’informations nécessaires,  nous continuons par le  rituel de la «prévol» qui demande une attention particulière car les terrains que nous pratiquons ne tolèrent pas la médiocrité de la mécanique, ni du pilotage. Il faut prendre soin de sa machine si l’on veut qu’elle prenne soin de nous.

Il est huit heures, l’heure de partir pour la tournée du matin. Nous amenons entre autres des touristes qui viennent vivre une expérience extraordinaire au milieu de la vie sauvage, des lettres pour les uns, des journaux pour les autres ainsi que du ravitaillement. Les lignes que nous desservons  passent dans le parc du Tarangire, le Lac Manyara et le Serengeti. Elles s’effectuent la plupart du temps en C208 Caravan ou en C404 Titan, ainsi qu’en  C406 Caravan II. Les passagers s’installent et  le pilote du jour se tourne vers eux  pour leur donner le briefing et les consignes de sécurité .C’est souvent le «  Briefing » qui donne la note d’assurance aux passagers pour qui l’aventure a commencé. Démarrage de la PT6, roulage et décollage après les vérifications d’usage.

Un petit pas pour l’homme mais un grand pas vers l’humanité.

La montée s’effectue à travers une couche compacte de stratus et stratocumulus. Tout doucement, nous émergeons du manteau blanc. Et là, c’est avec  les yeux pleins d’émerveillement, que  nos visiteurs du monde entier  contemplent le spectacle grandiose des collines jouant les icebergs au milieu des nuages. Le soleil pâle du matin caresse le visage de nos passagers qui n’en perdent pas une miette.

Traversée de la couche en descente au milieu du plateau du Tarangire et on commence à découvrir autour des points d’eau une animation d’éléphants, nombreux dans cette région. L’arrivée à Mamire se fait toujours en se présentant aux villageois par un passage pour vérifier l’état de la piste et ainsi convaincre les enfants qui y jouent de laisser place à l’oiseau bruyant. (La traduction d’un avion en swahili est oiseau « Ndege »). Mamire est une  longue piste en latérite bien dégagée, avec pour seule  difficulté,  les plafonds bas ! Il faut  percer 5  nautiques avant, au milieu d’un marécage, car la piste en elle-même est entourée de petites collines. Les passagers débarquent puis nous déchargeons leurs bagages, et à nouveau nous chargeons les bagages des passagers qui poursuivront avec nous. La destination suivante est le Lac Manyara dont le survol est d’une beauté imparable. Les couleurs qui s’y mélangent donnent l’impression qu’au fil des saisons le lac se pare d’une nouvelle garde robe de couleur qui passe par des gris mélangeant des bruns, des verts pastel comme dans une peinture de Dali.

Le terrain est situé sur le bord d’une falaise qui délimite la célèbre Rift Vallée. L’approche est directe et sans préavis car c’est un petit aéroport. La finale est très courte,  car à un nautique du seuil de piste il y a une petite colline de 350Ft de hauteur. Le décollage qui suit est un moment d’adrénaline pour les passagers car il se fait en plongeant de la falaise. Après le décollage dans la montée initiale, on voit bien le sol s’affaisser de 500 pieds dans la Rift vallée. Virage à gauche et montée au niveau 125 pour ne pas se frotter aux montagnes qui gardent la partie sud du cratère du Ngorongoro et qui sont sur notre route en direction de Serengeti  South, à une demi-heure de là.
Apres le passage de ce délice de couleurs pastel,  qui descend comme inachevé  dans le cratère du Ngorongoro, nous apercevons Olduvai,  l’endroit où a été découvert l’un des chaînons manquant de l’humanité : l’homo humilis. Descente vers la piste ! C’est là qu’on se rend compte de l’étendue du Serengeti, espace de liberté qui pousse à l’humilité devant cette splendeur que la nature nous a offerte.
L’atterrissage est sans problème bien qu’il souffre de cet éternel vent de travers qui peut atteindre parfois  15 à 20 nœuds. Petit arrêt jus de fruit qui nous est souvent offert à notre arrivée, pour nous diriger vers l'étape suivante Seronera, cœur du Serengeti,  point de rendez-vous de tous ses chercheurs de nature, qui y rencontrent l’aventure de leur vie. Là, avant l’atterrissage, passage basse altitude obligé. Cette piste regorge d’animaux et la vigilance doit être constante lors des finales et même jusqu’au parking. Le temps d’accueillir les dernières personnes qui se dirigeront vers Arusha, notre base de départ.
On se balade au niveau 115. La route est agrémentée de merveilles de la création. Le volcan Oldonio Lengai qui signifie en Masai la montagne des Dieux. De temps a autre il se rappelle à nous  en crachotant des fumées a travers ses petites cheminées. C’est marrant cela ressemble un peu a la planète du « Petit Prince ».  Voilà également le cratère Empakai avec son lac habité de flamants roses. Descente sur Arusha avec par temps clair un regard du Kilimandjaro , entouré de nuages qui dansent une ronde en l’honneur de sa majesté « le toit de l’Afrique ». Atterrissage sur le petit Aéroport d’ Arusha. Petit break avant de redémarrer le régulier de l’après midi qui nous emmènera rêver vers les plages de Zanzibar, cette île d’aventures et qui attira des aventuriers célèbres comme Livingstone,  Stanley... Mais, comme dit Kipling, c’est une autre histoire.

JP
Jan TUTAJ
 

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