Montréal et Saint-Jean de nuit

[Alexis]

Salut la France !

Ce vendredi soir, c'était la rentrée pour ma deuxième saison de vol de nuit. Mais une reprise plutôt particulière puisque ce n'était pas autour de Pau (mon terrain d'attache nocturne), mais à Montréal, Québec.

Et comme, de retour de vol, j'attends que mon souper soit chaud, je me suis dit que ça pourrait être ben l'fun de vous conter ça. Je vais faire en sorte que ça soit pas trop plate !

Je vous plante le décor : L'aéroport de Montréal-Dorval, alias "Aéroport International Pierre-Elliott Trudeau", un vendredi soir, à 18h30. C'est l'heure de pointe, l'heure du retour des vols régionaux et de l'arrivée des transatlantiques. Autant vous dire que ça ne chôme pas. La semaine dernière, au même moment, j'ai compté une arrivée toutes les trente secondes depuis mon balcon.
L'agglomération de Montréal compte près de 4 millions d'habitants. Dorval est donc largement au dessus de nos grands aéroports de province français, et certainement très proches des aéroports parisiens en terme de trafic.
On ne devrait donc pas être tout seul.

Rendez-vous donc dans les locaux de Dorval Aviation, où je rencontre mon guide de ce soir. C'est un Français, de Montpellier. Le monde est petit ! Il me propose un itinéraire qui vaut le coup d'oeil : le tour de la ville, suivi par un poser-décoller (on ne dit pas touch-and-go !) à St Jean, de l'autre côté du Saint Laurent.

Direction donc le parking. On traverse un hangar puis des stationnements où sont garés des jets d'affaires et des biturbines, entourés par des Mercedes rutilantes et autres voitures de misérables.

Mais ce n'est pas vraiment pour ça que je suis venu ici. On va plutôt vers un des trois Cessna 172 de l'école, le C-FHNO, qui sera notre monture de ce soir. Photo souvenir, pré-vol, installation à bord, mise en route, et y'a plus qu'à !

Arrivés au point d'attente, on n'est effectivement pas les seuls en l'air ce soir. On voit trois avions en approche, certainement beaucoup d'autres qui arrivent derrière, et deux pistes parallèles sont en service. Après que le contrôleur ait demandé à un Air Canada de "réduire au maximum, un Cessna au décollage", mon instructeur m'annonce qu'il va falloir aller très vite, et donc je m'aligne sans tarder, plein gaz, et en l'air.

Vario positif, tout dans le vert ... Pas vraiment besoin de l'horizon artificiel, la lumière ne manque pas autour de nous. Ca s'étend à perte de vue autour de nous, et on reconnaît bien la géométrie caractéristique des rues perpendiculaires. Bien que ce soit une immense agglomération, on ressent les mêmes sentiments d'espace et d'absence de promiscuité qu'au sol. Les lumières encerclent de nombreuses taches sombres, ce sont les parcs de la ville. Il y a cependant une grande tache sombre un peu différente : le Saint-Laurent. L'eau ne doit d'ailleurs pas y être très chaude ... on va surveiller le moteur !

C'est donc parti pour un survol de Montréal à 2000 ft. Si, si, 2000 ft ... On est au Québec ici, pas en France ! Le cheminement pour quitter l'aéroport est simple : on suit l'autoroute Ville-Marie, puis on longe le Saint-Laurent. Carte blanche ensuite, pour peu qu'on ne coupe pas les axes de Dorval.

Au aperçoit très vite l'Oratoire Saint-Joseph, implanté un peu en hauteur sur les flancs du Mont Royal. On reconnaît très facilement son dôme caractéristique, le deuxième plus grand au monde après Saint-Pierre de Rome.

Voilà maintenant les ponts du Saint-Laurent : Pont Champlain, Pont Victoria, et le pont Jacques Cartier un peu plus loin.
En suivant la rive gauche du Saint-Laurent, nous arrivons au dessus du centre-ville ... toujours à 2000 ft, le sommet des gratte-ciel n'est pas très loin de nous ! Et tout au milieu de ville, cette autre tache sombre qu'est le Mont-Royal. On distingue bien ses antennes balisées, et sa croix illuminée. Finalement, c'est un peu comme le Pic du Jer !

Nous voici maintenant à la hauteur du stade olympique et de la fameuse tour penchée. C'est le premier monument que j'avais reconnu depuis le hublot de l'avion, lors de mon arrivée au Québec. J'avoue que je n'avais pas vraiment prévu de le revoir depuis le ciel, deux mois plus tard !

Il est temps de tourner à gauche, verticale le jardin botanique, puis de longer l'autre côté du Mont-Royal. J'aperçois déjà la tour de l'université ... il faut que je dise que c'est en voyant son balisage de nuit, un soir, que j'ai eu l'idée de ne pas attendre mon retour en France pour commencer la saison de vol de nuit. On peut dire que la boucle est bouclée, mais il nous reste quand même du temps, alors on va continuer à voler !

Ca y est, nous sommes au dessus de l'Ecole Polytechnique. Il y a quelques heures, j'étais là dedans, devant un ordinateur, en train de calculer des écoulements autour d'une aile portante ... heureusement, toute cette théorie n'est pas très utile pour faire voler le Cessna, et l'amener au dessus de la maison, qui doit être quelque part là dessous.
Et voilà à nouveau l'Oratoire Saint-Joseph. Ce tour de la ville m'a permis de revisiter en quelques dizaines de minutes tous les monuments que j'ai vus depuis mon arrivée à Montréal. C'était un autre point de vue, certes, mais tout aussi beau !

Nous prenons maintenant un cap plein sud, direction Saint Jean. C'est un aéroport d'aviation générale, sur la rive sud du Saint-Laurent. La tour de Montréal nous donne une altitude et un cap, puis nous transfère sur le terminal. Traversée du Saint-Laurent, et on aperçoit déjà le phare de l'aéroport. Le terminal nous transfère d'ailleurs sur la tour du terrain, qui nous propose une vent arrière pour la 29. On rappelle donc à cette position, après quoi nous sommes autorisés d'un coup pour l' atterrissage, le décollage, virage à droite après décollage et montée vers 2000 ft. Efficace le contrôleur !

Notre circuit de piste nous emmène au dessus de la ville, puis nous faisons l'étape de base au dessus de la rivière, et nous voici en finale. Ca va être la révélation ... je n'ai pas posé un avion de nuit depuis avril, et c'est la première fois que j'atterris ailleurs que sur de l'eau en Cessna 172. Et pourtant, ça se passe plutôt bien, je n'ai pas perdu la main ! Ni crash-test, ni rebond ! Bon, il faut dire qu'un 172 c'est plutôt docile comme appareil ...

Aller, on ne traîne pas, je ne sais pas combien mesure la piste, mais les lampes rouges et la forêt ne sont pas très loin, alors on re-déchaîne les chevaux, direction Dorval pour le retour.

Le retour se fera sans soucis et sans délai : un seul "orbite" sera nécessaire au dessus du fleuve avant que le contrôleur ne nous intercale entre deux avions un peu plus gros que nous. On pose long de façon à ne pas encombrer la piste trop longtemps.

Nous voilà de retour au parking, après un excellent vol d'1h15. Je pense que je ne suis pas prêt d'oublier cette expérience : décoller en Cessna au milieu des jets et des avions de lignes, et survoler à 2000 ft une métropole comme Montréal, ce n'est pas en France que je pourrais le faire.

Mais rassurez-vous, je ne vais pas non plus cracher sur mes escales nocturnes habituelles comme Pau, Lourdes ou Auch, et je compte bien aller cet hiver y poser régulièrement les roues du Cardinal, si toutefois je n'oublie pas de les sortir !


Pas de photos prises en vol, car la nuit je sais pas faire ... Mais une vue d'un bout de l'aéroport :


Et le Cessna 172 C-FHNO :



Bon week end à tous, volez bien !
Alex

[Caroline]

Finalement, c'est un peu comme le Pic du Jer !

Alex

Merci pour ce beau récit, Alexis  

MAIS

Le Pic de Jer ne peut se comparer à rien d'autre, Alexis...
Je suis mortifiée de devoir te le rappeler...
Décidément, ils t'ont bien changé les mangeurs de sirop d'érable...
Tu en oublies tes fondamentaux!!!

[FAUCHERON]

J´etais a Montreal le mois dernier et j ái ete amusé de voir plusieurs C-172 longeant le St Laurent a 2000 pieds, cap Est. ... La piste de degagement est longue et large mais un peu humide !

[René-Pierre Teindas]

Alex, peux-tu me dire si au 2éme étage du 26.... (je ne me souviens + bien du N° exact) de la rue Côtes de Liesses, au 180 de Dorval avion, la lumière brille toujours ?.

Peut-être qu'il faudrait que j'aille remplacer l'ampoule depuis le temps (années 80/81) ?
Nostalgie, nostalgie!

[Alexis]

Caro, j'espère que le Pic du Jer me le pardonnera, depuis 21 ans que je lui dit bonjour tous les matins, on peut se permettre quelques infidélités . Et puis il domine le Mont Royal de 800 m, quand même !

René-Pierre, je suis passé par là en allant à l'aéroport ... si tu veux j'irais vérifier !

Alex

[Hugues]

Tiens encore un pilote qui a craqué pour le vol de nuit chez les cousins.

Pour ceux qui voudraient passer quelques jours à voler.
Aller donc passer votre annotation vol de nuit chez les cousins.

C'est 20 hdv de nuit, c'est possible en une quinzaine de jours....Et avec le taux de change du dollar c'est cadeau

J'ai fait ça il y a quelques années, un vrai régal. Mais aller peut être sur un aéroport secondaire de Montréal, moins de traffic, plus de souplesse. St Hubert, Mascouch....

Mais il est clair que remonter Ste Catherine à 1500 ft, aller prendre un verre au terminal de Mirabel, descendre le St Laurent vers Québec en suivant le fleuve....

A+

Hugues
Hiboux Franco québéquois...

[Alexis]

C'est 20 hdv de nuit, c'est possible en une quinzaine de jours....Et avec le taux de change du dollar c'est cadeau

Un peu étonné de ce que tu dis : mon habilitation VFRN, je l'ai passée en France en début d'année, avec 7hdv de nuit seulement (le minimum légal est de 5 d'ailleurs !). Bizarre qu'ici il faille 20 h !

Mais je suis bien d'accord avec toi sur la beauté des vols de nuit le long du Saint-Laurent. Sans compter que, si j'ai bien compris, les conditions météo requises ici sont beaucoup moins limitatives qu'en France pour voler de nuit !

Alex

[Gordon]

Alex Faux Cul!!
Ils sont bien les Cessnouilles hein??? Après les avoir débinés si longtemps!!
  
Sympa chez les Cousins

[Alexis]

Alex Faux Cul!!
Ils sont bien les Cessnouilles hein??? Après les avoir débinés si longtemps!!
  

Forcément Gordon que je débinais les Cessna, la première impression que j'en avais eu c'était avec toi, tu te rends compte ?

Mais bon, toi qui me connait bien tu dois savoir que ca relevait plus de l'humour gratuit que du fond de ma pensée !

Il est indéniable que chaque avion a ses spécificités et ses qualités : si j'aime bien le D112 pour son charme, son économie, et ses qualités de vol, je suis aussi bien content, pour une nav de nuit par exemple, de m'assoir dans un Cardinal qui est plus rapide, mieux équipé, et ... mieux chauffé !

Bref, je pense que ca coulait de source mais je voudrais éviter de me faire traiter de Jodéliste primaire, bien que ce soit un qualificatif qui ne me dérange pas .

Alex