Un article intéressant sur le métier de pilote de ligne, lu sur tour-mag.
http://www.tourmag.com/La-solitude-du-p ... a5478.htmlou l'article:
La solitude du pilote de ligne dans son cockpit...
les 5 composantes de la psychologie du pilote
Le monde des navigants a sa mystique particulière, son propre langage.Pour connaître les problèmes qui s'attachent au transport aérien, ilfaut soit avoir vécu, soi-même, l'aventure aérienne, soit être disposéà rechercher les informations et essayer de comprendre la psychologiedes différents intervenants (a).
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Nos lecteurs ayant été très intéressés par ma chronique "Ici votreCommandant. Bienvenue à bord" - résumant le travail du pilote de ligne- et l’actualité nous laissant un peu de répit, l’occasion est propicepour mieux faire connaître ces pilotes, lesquels, très souvent - pourne pas dire trop souvent - sont mis sur la sellette.
L'initiation au métier de navigant estlente, progressive et naturelle. Elle ne nécessite aucune épreuveparticulière, mais elle est jalonnée des spécificités du métier :remise en cause de leur métier à la suite de divers contrôles ;éloignement de la famille ; nuits blanches ; fatigue due auxchangements rapides de climat et de longitude, aux longs vols, aux volsde nuits, au décalage horaire ; tous éléments qui bouleversent lerythme de la vie.
Ces contraintes sont admises par les pilotes.
Les décrire ne correspond pas à entonner la "complainte du pauvrepilote", mais, simplement, à tenter de mieux faire connaître lapsychologie du pilote de ligne, dont je proposerai, ci-après, cinqcomposantes.
Solitude du Commandant de bord En premier lieu, il convient d'insister sur la solitude du Commandantde bord. Son titre confère à sa fonction des caractères d'austérité etde prestige qui influencent directement les relations individuelles, àl'intérieur du groupe que constitue l'équipage.
Le Commandant de bord - "leader" del'équipage - est, psychologiquement, beaucoup plus seul et isolé que nel'est son collègue militaire, lié et intégré à son groupe d'action etde travail dont il est étroitement et même vitalement solidaire :patrouille, escadrille, escadre. En effet, dans l'aviation civile, àpart les heures de vol, pendant lesquelles il y a réellement un travaild'équipe, il ne se trouve guère d'occasions permettant aux navigants deformer un groupe homogène.
Il n'y a pas de vie d'aéroport, commeil existe, chez les militaires, une vie de "base" ou de "groupe" avecses bureaux opérationnels, ses popotes, ses salles de "briefing". Cesconditions permettent une unité fonctionnelle où se créent ets'élaborent, une communauté, une dynamique de groupe et tout un systèmede relations inter-individuelles polarisées par son "leader".
Même s'il y a une attente prolongéesur le terrain, le temps passé n'est pas forcément stérile, comme sontvécues et ressenties ces "heures de ciment", subies sur les aéroportspar les navigants civils, entre deux vols, ou lorsque l'avion estretardé.
En effet, bien différent est le climatpsychologique dans lequel travaillent les navigants civils. LeCommandant arrive deux heures avant le décollage. Il ignore, parfois,jusqu'à ce moment, la composition de son équipage qui varie,pratiquement, à chaque voyage, ou même à certaines escales. Leséchanges paraissent être réduits aux heures de travail aérien etcentrés sur lui.
Aux escales, où ils séjournent uncertain temps, les navigants se dispersent le plus souvent, au gré deleurs relations personnelles, ou s'isolent, très souvent, dans leurchambre d'hôtel afin d'être en forme pour le prochain départ.
Temps de repos sont de plus en plus réduits Les temps de repos sont de plus en plus réduits et il existe de plus enplus d’escales dans lesquelles, après un vol de 9 heures, le temps derepos dont dispose l'équipage, entre l'arrivée au parking de l'avion etle prochain départ, est de 11 heures.
En déduisant (pour l'aller et leretour) le temps de chargement des bagages, le transport jusqu'àl'hôtel, la prise d'une collation, le temps restant disponible pourdormir n'est que de 6 heures. Encore faut-il pouvoir dormir "surcommande" !
Quant aux relations avec lespassagers, elles existent très peu sur les avions actuels, les pilotes(surtout avec les équipages actuels à deux) restent assis à leur posteet les visites de courtoisie, tant appréciées des passagers, sont deplus en plus rares, surtout dans les compagnies américaines.
Les visites au poste de pilotage sont,désormais, strictement réglementées, voire interdites. Les pilotes sontdonc coupés, effectivement, de l'objet de leur fonction : transporterdes passagers. Ils peuvent en arriver à ignorer même l’existence deceux dont ils ont la charge physique et vitale. Les passagers ne sontplus, pour eux, que des témoins invisibles.
Les pilotes constituent, eux-mêmes, unmilieu très hétérogène et individualisé, que la participation à desintérêts et des goûts communs n'a pas réussi à façonner, suivant uneformule commune. En effet, aussi bien par leur origine sociale que parleur formation intellectuelle et culturelle de base, leurspersonnalités peuvent différer, entre elles, profondément.
Le recrutement présente d'ailleurs,classiquement, un éventail très ouvert (b), d'où des personnalitésvariées correspondant à autant de systèmes de valeurs.
Plus difficiles deviennent aussi lespossibilités d'adaptation à de nouvelles formes d'existence oud'activité, quand des faits imprévus ou une évolution nécessairetendent à modifier un ordre établi. On s'aperçoit, ici également, quedans certaines circonstances difficiles, les satisfactions matériellesdu pilote, pouvant quelques fois être apportées par le métier,n'épuisent pas et n'équilibrent pas forcément ses problèmes humains,affectifs et relationnels.
Maître d'un domaine limité etinstable, mais représentant un très important potentiel humain, objetd'identification concrète de son équipage et de ses passagers, maisfinalement isolé et réduit dans ses échanges immédiats, le Commandantde bord n'est ni un abstrait, ni un surhomme.
Les équipages procèdent systématiquement à une auto-critique Son équilibre réclame que, lui aussi, soit "pris en charge" et qu'ilpuisse participer et s'ouvrir à d'autres systèmes de compréhension luipermettant, en particulier, d'avoir une notion plus éclairée et plussynthétique de sa fonction.
La relation avec le monde organisé deson travail est, à son égard, très importante, car il doit sentir, à cesujet, la permanence d'un dialogue qui ne pourra s'instaurer que dansun climat paisible et constructif.
Cette continuité serait, de touteévidence, bénéfique pour tous, en particulier, pour le rendement desnavigants. En effet, car plus un sujet participe à des niveauxd'intégration variés, plus il se trouve protégé contre lesmodifications de sa propre organisation et contre les troubles del'adaptation qui en résultent.
Finalement, il faut admettre qu'à cesujet, des progrès très importants restent à faire, car, pourrait-ondire, on est "loin du compte".
Les équipages procèdentsystématiquement à une auto-critique qui se base sur certaines normesdont ils sont tributaires, généralement, appelées règles d'éthiques.Règles qui s'imposent à tous ceux qui ont une certaine élévation moraleet qui leur servent de guide tout au long de leur vie professionnelle.La considération qu'une profession peut avoir, dépend de ces règles etde la rectitude de leur observation. Le code d'éthique doit exprimer lafierté du groupe.
Ainsi, les Commandants de bord sont des professionnels qui s'imposent une discipline propre.
Il est vrai que, régulièrement, ils subissent des contrôles de toutenature (c) : c'est la mise en vigueur d'une discipline normale.
Mais, les vols en ligne sont plusnombreux que les vols de contrôle : le standard est donc maintenu, parles seuls efforts des pilotes, eux-mêmes.
Quant aux copilotes, il est bon depréciser qu’ils ont la même qualification technique que les Commandantsde bord. Certes, ils travaillent sous leur contrôle direct et constant,mais, pour plusieurs raisons, cette autorité est plus un enseignementqu'une discipline. Cela tient au fait qu'un équipage travaille bienavec un esprit d'équipe et mal dans une atmosphère de contrainte, detension.
Egalement, du fait que les copilotessont - eux aussi - des pilotes appelés à devenir Commandants de bord etqu'ils doivent, à ce titre, s'habituer, de bonne heure, à s'imposer unediscipline.
Ainsi, les pilotes de ligne fonteux-mêmes leur propre discipline et ressentent le besoin d'un standardmoral, pour rendre leurs efforts profitables et efficients.
Intelligence et un jugement sain Aucun travail ne peut être apprécié si l'on n'en retire pas unecertaine fierté (ne pas confondre avec orgueil ou prétention). Lesaviateurs forment une population - unique et distincte à la fois -d'hommes sélectionnés, non seulement en raison de leur santé, maiségalement pour leur instruction, leur contrôle émotionnel et leurjugement.
Ce sont eux qui ont le privilège demettre en oeuvre les rêves, puis les réalisations des ingénieurs et defaire voler les avions, objectif auquel tous les autres personnels del'entreprise ont oeuvré, en amont. Ils offrent ainsi au public le moyende transport le plus rapide, le plus confortable et le plussatisfaisant que le monde ait jamais connu. Situation qu'un homme peutoccuper avec une réelle fierté.
Les buts de la profession de navigantsont très simples à résumer. Il s'agit de piloter un appareil portantune charge marchande payante en passagers et en fret, d'un point à unautre, le plus rapidement possible, avec sécurité, ponctualité etconfort, tout en respectant certaines règles.
Pour atteindre ces buts, il faut uneintelligence et un jugement sain, permettant d'avoir toujoursconscience de certaines limites, à ne pas dépasser.
Tout pilote a fait l'expérience desituations où il était préférable de faire demi-tour ou encore atterrirsur le premier terrain praticable que d'essayer de continuer le vol.Cette solution qui semble la plus facile demande, pourtant, un effortcertain du Commandant, qui recherchera systématiquement toutes lessolutions lui permettant de continuer le vol.
Pour faire son choix définitif, lepilote doit rester conscient de ces deux exigences, souventcontradictoires: la sécurité et le rendement.
Il est des moments où la situation devient critique et où le pilote se trouve face à un danger grave et immédiat.
Unissant simultanément ses réflexes, son expérience, son habileté, safermeté de caractère et son savoir-faire, il contrôlera ses émotions etsa peur éventuelle.
Parce qu'il a été choisi en fonctionde l'éventualité d'une telle situation, il agira de façon correcte etluttera aussi longtemps que nécessaire, aussi longtemps qu'il lepourra, pour écarter le danger.
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Ence qui concerne le comportement des équipages, le moment est venud'insister sur le fait que seul un climat de confiance au sein del'entreprise est propice à une indispensable sérénité, pour exercer cemétier, à haute responsabilité.
Lorsque le climat se détériore, leseffets pernicieux qui en découlent ne vont pas, de toute évidence, dansle sens d'une amélioration de la sécurité. --------
(a).-Pour plus de détails, consulter l’ouvrage du Commandant MichelJouanneaux "Le pilote est toujours devant - Reconnaissance del’activité du pilote de ligne" - Octarès Edition Toulouse - 1999.
(b).- Il existe trois principalessources : les pilotes dont la formation théorique a été faite à l’ENAC(Ecole Nationale de l’Aviation Civile) ; les pilotes militaires en finde contrat ; les pilotes issus des aéro clubs et ayant acquis - à leursfrais - une formation dans différentes écoles en France ou àl’étranger.
(c).- Contrôles médicaux semestriels ; contrôles sur simulateur et en vol ; contrôles à l’issue de divers stages,... Jean BELOTTI - [url=javascript:protected_mail(
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