gma a écrit:Le réflexe de freiner par à coups sur route mouillée est devenu ABS, le double pédalage-débrayage devenu boîte automatique, vous ne sortez plus de cartes, ne tournez plus de manivelle pour démarrer ou baisser une vitre.
Même le plus réticent d'entres vous aux automatismes ne reviendrait pas en arrière, quitte à rattraper à la main les jeux de ses garnitures de freins, de ses soupapes tous les mois.
Et donc demain, naturellement, vous monterez dans votre solution de mobilité collective (lol) pour dormir, lire, bavarder en sirotant un jus de pomme (avec modération)... Pendant que ça roule vers la destination choisie sur l'écran.
C'est curieux comme le sujet du bon usage des automatismes semble impossible à traiter ici avec nuance et mesure, voire bon sens. Ca part toujours dans la science fiction, et toute position mesurée se voit caricaturée et renvoyée à l'obscurantisme des cavernes.
Je dois donc, une fois encore, préciser ici ma position: je n'ai rien, mais alors rien de rien contre la science et le progrès, mais combats le dogmatisme. Je n'ai cessé de dire et de répéter tout le bien que je pensais de nombre de systèmes modernes et de leurs bienfaits dans le domaine de la sécurité de l'aérien (alarmes centralisées, interfaces simplifiées, ND, FADEC, FMS, AP, ATHR, GPS, GPWS, PWS, EGPWS, TCAS, ACARS, CPDLC, CRM, antiskid, autobrake, ROPS, BUSS, HUD, etc, etc, etc...)
En revanche, il faut bien se rendre à l'évidence: le fantasme du tout-automatique, dogme de la fin du siècle dernier, a amené à ce que la plupart des accidents d'avion aujourd'hui soient liés à la mauvaise utilisation d'automatismes devenus des usines à gaz, à l'utilisation inutile d'automatismes non nécessaires, à la déqualification des pilotes en pilotage manuel, à une formation insuffisante et une certaine paresse, voire appréhension devant le pilotage manuel. Et quand je dis manuel, je veux dire avec les deux mains, comme nous avons tous appris tout petits: la plupart (totalité?) des accidents à l'atterrissage ont lieu en pilotage hybride, l'automanette gérant la poussée pendant que le pilote croit piloter à la main. L'automanette fait "n'importe quoi" et ça se finit en crash.
N'importe quoi, c'est à dire pas ce à quoi s'attendait le pilote. Cela peut, ou pas, être ce à quoi s'attendait le concepteur... C'est la faute du pilote. S'il avait piloté comme tout un chacun en manuel avec ses deux mains, il ne se serait rigoureusement rien passé.
A chaque fois, on met en évidence un nouveau piège de l'automatisme, on modifie (c'est-à-dire complexifie) les procédures, puis on finit par modifier le logiciel (sans revenir sur la procédure) pour en supprimer le piège... et cela en crée un nouveau bientôt mis en évidence par un nouvel incident (ou crash), et ainsi de suite, et l'usine à gaz se complexifie indéfiniment.
Qu'en conclure?
- L'automatisme est, et doit rester, une aide à disposition du pilote, libre de l'utiliser pour ses avantages au moment où ils sont bien réels, ou pas.
- A ce titre, son utilisation doit être simple et intuitive (aujourd'hui, c'est devenu, et de loin, le chapitre plus gros et le plus complexe de la doc comme de la formation).
- Un automatisme, même le plus coûteux (pas celui de nos voitures, donc) est
toujours faillible: il ne doit pas générer de situation irrécupérable.
- La formation de base au pilotage ne peut être négligée, c'est le cerveau reptilien du pilote, le seul truc qui fonctionne encore quand tout part en
c... quenouille tout autour.
- L'entrainement au pilotage manuel est fondamental. Le pilotage manuel doit être et rester aisé et naturel: on n'est pas
soumis à un automatisme, ce n'est qu'une aide à notre disposition.
- Le "murissement" d'un pilote privé ne peut pas consister en de longues heures de ligne droite en niveau de vol: c'est juste du temps (et de l'argent) perdu. Il faut voltiger, remorquer, voler en montagne, faire du vol à voile, bref de la mania pour en tirer aisance et profit.
Et pour revenir à notre sujet: jeu de c..s, quels sont les faits?
Deux pilotes mettent leurs avions en quasi-patrouille en piqué vertical, l'abandonnent et confient le maintien de la trajectoire à un automatisme. L'un suit parfaitement la trajectoire, l'autre part en vrille dos.
L'automatisme a rempli son rôle sur un avion, pas sur l'autre, c'est comme ça.
Un automatisme est FAILLIBLE, comme toute machine, comme tout système. Ne l'oublions jamais.