Philippe Warter a écrit:Et on a des chiffres permettant d'être aussi péremptoire?
En dehors des émissions de CO2 pendant l'utilisation, connait-on vraiment l'impact d'un véhicule électrique sur l'environnement? Et aussi sur la population?
Parce qu'on ne dit pas assez que les métaux rares nécessaires à la fabrication d'une batterie ne se trouvent pas en Europe. Plutôt en Asie (Chine) et Afrique. Et ceux qui travaillent dans ces mines n'ont pas forcément une protection sociale et sanitaire top niveau.
Emission de GES à la fabrication : 80 kg / kWh aujourd'hui. La batterie de 50 kWh d'une Zoe est donc " rentabilisée " en 40 000 km par rapport à la Clio équivalente (100 g/km). Celle d'une Tesla (100 kWh) en 50 000 km par rapport à une voiture de gamme équivalente (200 g/km).
Pour la consommation électrique, la France est à 107 g Eq CO²/kWh. Pour une consommation moyenne de 15 kWh/100, ça fait 16 G Eq CO²/km (et non pas de CO² seul comme on le calcule pour les voitures thermiques). En Allemagne avec 392 g Eq CO²/kWh on arrive à 59 g Eq CO²/ km et même le mouton noir polonais avec ses 672 g Eq/CO² arrive à peine au niveau de la Clio avec 100 g Eq CO² / km. C'est bien sûr à pondérer avec les consommations réelles plus faibles (15 kWh c'est ma Leaf, pas réputée pour sa frugalité, une Model 3 est à 12 kWh, un E-Niro à 14, une Ioniq à 11) et à comparer avec les émissions des voitures thermiques de gamme équivalente, majorées des émissions des autres GES que le CO², et de l'extraction / transport / raffinage du pétrole. Parce que pour les voitures thermiques, on ne prend en compte que les émission du carburant consommé, et pas celles du puit à la roue comme pour une voiture électrique.
Le lithium ne pose pas de problèmes majeurs, les réserves terrestres sont relativement limitées mais les réserves maritimes sont gigantesques. Et le recyclage permet d'en récupérer une bonne partie. Et l'Europe ne manque pas de réserves de lithium, 39 sites en Finlande, Allemagne, France (Alsace et Massif central principalement), Portugal, Serbie, République Tchèque, Autriche, Royaume Uni, Irlande, Espagne... ont été identifiés à ce jour et/ou sont ou en cours d'exploitation (dans l'Allier chez nous).
La cobalt en pose beaucoup plus de problème mais tous les fabricants sont sur le pont pour trouver des alternatives. Chez Tesla, les premières batteries de 60 kWh en contenaient 11 kg en 2010, les actuelles de 2016 de 100 kWh n'en contiennent plus que 4,5. Et Tesla a annoncé en juin la mise en production d'une nouvelle génération de batterie sans cobalt pour sa Model 3, technologie qui devrait être implantée dans les mois qui viennent sur les Model S et Y à l'occasion de leur remise à niveau.
Le recyclage est en place depuis 2012, mais aujourd'hui on se rend compte que les batteries prévues à l'origine pour 5 ans de durée de vie tiennent bien plus longtemps, grâce à l'amélioration des chimies et de la gestion thermique (au point qu'elles sont aujourd'hui garanties 8 ans) et depuis quelques années une filière de stockage stationaire industrielle, où la densité énergétique est très secondaire comparée aux exigences du transport, s'est mise en place, ce qui prolonge d'autant leur durée de vie opérationnelle. On table aujourd'hui sur 20 ans. Du coup les capacités de recyclage (dont 45 % du total européen se trouve en France avec la SNAM, Euro Dieuze ou Recupyl) ne sont pas encore exploitées à leur capacité maximale. La situation est infiniment plus problématique pour les batteries d'ordinateurs ou de portables, vu leur faible valeur résiduelle, finissent bien plus souvent en décharge que dans la filière de recyclage sans que personne ne s'en émeuve.
Qu'est ce que tu entends par impact sur la population ? Il n'y a aucune émission d'échappement avec tout ce que ça implique (GES, CO, NOx, particules fines) et le bruit, qui est identifié comme une source majeure de stress, est très significativement réduit, surtout en ville où les vitesses sont faibles, et là où justement il y a le plus de personnes potentiellement concernées (et fidèle à moi même j'en remets une couche, mais il serait temps, sur ce seul critère, d'imposer prioritairement la motorisation électrique sur les motos, qui sont ce qu'il y a de plus nuisibles en terme de bruit).
Restent les particules de pneus, à égalité avec les voitures thermiques, et les particules de frein, quasiment réduites à néant vu qu'avec le freinage régénératif on ne freine quasiment pas avec une voiture électrique.
Sur l'aspect social de l'extraction des minerais, c'est une question prise en compte par les fabricants, qui pour des questions d'image cherchent à ne pas donner le baton pour se faire battre. Il y a potentiellement quelques exploitations peu regardantes, mais ça représente une part très minoritaire de la production. Le gros vient de grands groupes industriels eux aussi commercialement soucieux de leur image. Quant à la protection sociale, je suis pas sûr que le mineur chinois soit plus mal loti que le travailleur immigré de l'industrie pétrolière saoudienne (les Saoudiens ne travaillent pas, ils font travailler des immigrés pour leur compte).
Et sinon on peut aussi faire une comparaison point par point avec l'industrie pétrolière, responsable en plus des problématiques d'extraction, transport, raffinage, ... d'impacts climatiques majeurs, mondialement généralisés, aujourd'hui incontrôlables et irréversibles à l'échelle d'une vie humaine (voire même d'une civilisation).
Donc oui la technologie électrique a ses défauts, mais c'est sans commune mesure avec ce qu'on connait aujourd'hui dans notre société pétrolisée. Et accessoirement on est au début de cette technologie avec tout ce que ça implique en terme de potentiel de progression, tandis que la technologie thermique a plus d'un siècle de développement derrière elle est au bout de ses possibilités d'amélioration. Carnot est têtu, un moteur thermique n'aura jamais le rendement d'un couple batterie / moteur, et ne supprimera jamais les émissions d'échappement.
Leon Robin a écrit:Le domaine spatial a contribué à alléger ces réservoirs. Celui de la navette spatiale, en alliage léger (et titane je crois) pesait 13 tonnes à vide pour 82 tonnes d'hydrogène liquide embarqué. Le résultat en changeant d'échelle ne serait pas linéaire, mais on devrait pouvoir réaliser des réservoirs d'un poids raisonnable par rapport à l'énergie embarquée.
Il pesait 26 tonnes dans sa dernière version (contre 35 initialement) pour 108 tonnes d'hydrogène liquide. Mais c'est un détail. Tu crois vraiment qu'on utilisera un jour de l'hydrogène liquide à -252° comme carburant grand public, avec un stockage dans les réservoirs pendant des jours voire des semaines ? Ca va être le feu d'artifice du 14 juillet tous les jours à ce niveau là.
Sinon j'avais trouvé ça sur le poids et le volume des reservoirs d'hydrogène (pages 4 et 5) :
https://www.contrepoints.org/wp-content ... nexe-1.pdfManu