Philippe Warter a écrit:Le 737 Max n'a pas le même diagramme de centrage que ses prédécesseurs,à cause des LEAP, plus lourds que les 56. Ce qui le rend moins stable.
Il lui faut donc des automatismes pour conserver une stabilité artificielle, comme les Rafale par exemple.
Ce n’est pas du tout ce que j’ai compris, et il m’étonnerait beaucoup que les Autorités aient certifié un avion civil stabilisé artificiellement, tout simplement car on doit aussi certifier les cas de panne.
J’ai compris que le problème était non pas de répartition de masses, mais d’ordre aérodynamique: les nacelles plates et avancées du moteur Leap créent du pitch-up à haute incidence, et le MCAS, en fonction de la mesure d’incidence, introduit une correction transparente entre la demande du pilote et le braquage de la gouverne, correspondant à une action à piquer.
On trouve le même principe sur les Airbus pour permettre une action d’arrondi “normale” avec une loi en facteur de charge (ce qui a joué un rôle dans l’accident d’Absheim) ou sur le 777-300 pour éviter le toucher de fuselage à la rotation.
Il suffira peut-être de mesurer l’incidence avec 3 sondes au lieu de 2 (si j’ai bien compris) pour éliminer les fausses mesures déclenchant intempestivement l’action invisible à piquer...
Duckman a écrit:Je ne suis pas persuadé que le MCAS seul puisse mettre l'avion par terre. Il peut être facilement désactivé par les deux cut-out switches du pedestal. […]Procédure qui fait partie de l'histoire de Boeing depuis le B707 et qu'on appelait à l'époque le runaway trim
L’action du MCAS n’est peut-être pas si facile que ça à rattacher au Trim Runaway, et c’est peut-être là l’erreur majeure du constructeur. Le déroulement de trim est annoncé à l’EICAS par une alarme STABILIZER qui déclenche la procédure. Le fonctionnement du MCAS n’est, à ma connaissance, pas annoncé aux pilotes puisqu’ils en ignoraient même l’existence.
De même, il semblerait que le 737MAX ait encore des volants de trim, qui tournent visiblement et bruyamment en cas de déroulement de trim: ce n’est pas le cas en cas de fonctionnement (invisible) du MCAS. Boeing attendrait donc des pilotes qu’ils se lancent dans une procédure sans avoir aucun des symptômes sensés la déclencher, ce qui est quand même plutôt douteux...
Bref, il suffira peut-être au constructeur de faire voter 3 sondes d’incidence au lieu de 2, d’annoncer le fonctionnement du MCAS par une alarme et une procédure dédiées pour sortir du problème.
Mais ça, seuls l’enquête et l’avenir le diront.