Comme prévu les dogmes sont aussitôt ressortis du bois!
Comme tout dogme ils se moquent bien de toute rationalité et du plus élémentaire bon sens et dédaignent, voire détournent toute argumentation pouvant les remettre en cause, préférant répéter à l'infini leur mantra...
Rien de nouveau sous le soleil, donc: toute honte bue, nos experts
de cuisine de forum vont en remontrer à M. Jean Pinet, pilote d'essais du Concorde, fondateur d'Aéroformation et de la Flight Safety Foundation, comme ils en ont remontré à M. Claude ROCHE ex-vice-président Grands systèmes de Matra Défense Espace, vice-président de l'Académie de l'Air et de l'Espace!
Manu a écrit:" Cette idée fut confortée par l’important abaissement du taux d’accidents "
Tout est dit (et pas par moi) : les résultats sont là, donc la stratégie est bonne.
Je vais encore pas me faire des potes sur ce coup là.
A commencer par Jean Pinet, qui va moyennement apprécier la malhonnêteté du procédé qui lui fait dire exactement le contraire de ce qu'il dit!
Non, Manu, tout n'est pas dit: tu extrais une phrase de son contexte pour la détourner de son sens.
Disons tout, donc:
Jean Pinet: «
Il y a 40 ans, nous avons fait l’erreur de penser que les automatismes et les procédures allaient résoudre tous les problèmes. Cette idée fut confortée par l’important abaissement du taux d’accidents. Cependant, malgré la persistance de sa faible valeur,
les analyses d’incidents et d’accidents nous laissent atterrés devant leurs causes statistiquement improbables. En conséquence,
on assiste à un retour lent et incertain vers des valeurs négligées, comme le pilotage manuel. »
Ta démonstration basée sur un extrait privé de son contexte, outre la malhonnêteté et l'inélégance du procédé, a autant de valeur scientifique que d'attribuer à Jacques Chirac la responsabilité de l'augmentation de criminalité constatée à New York pendant son premier mandat présidentiel. Comme toujours, tu traites par le dédain les innombrables améliorations de systèmes et d'interfaces bel et bien à l'origine d'une spectaculaire amélioration de la sécurité,
bien que n'ayant strictement rien à voir, la plupart du temps, avec les automatismes.
En parfait accord avec Jean Pinet, la FAA a émis il y a déjà 5 ans la SAFO 13002 (Safety Alert For Operators) statuant: "
Operators are encouraged to take an integrated approach by incorporating emphasis of manual flight operations into both line operations and training (initial/upgrade and recurrent)."
JAimeLesAvions a écrit:Monsieur Pinet nous dit bien que certains inconvénients inattendus sont apparus, mais que les statistiques montrent qu'ils ne remettent pas en cause le fait que les avantages ont dépassé les inconvénients
Il ne faut donc pas mal interpréter ce qu'il dit sur le passé.
C'est toi qui interprètes: Jean Pinet dit bien que c'était une "
erreur de penser que les automatismes et les procédures allaient résoudre tous les problèmes"
L' "important abaissement du taux d'accident"
les a confortés dans l'erreur avouée dans la phrase précédente - alors qu'il était le plus souvent dû à des systèmes et interfaces améliorant indéniablement la sécurité de façon spectaculaire, mais n'ayant aucun rapport avec les automatismes!
La phrase suivante est sans ambiguïté:
les analyses d’incidents et d’accidents nous laissent atterrés devant leurs causes statistiquement improbables. Les analyses de sécurité chères à Manu démontrent que grâce aux automatismes ces accidents ne peuvent exister... et pourtant!
Bee Gee a écrit:.... La prochaine étape sera l'arrivée de l'IA, qu'on le veuille ou non, c'est inéluctable …
Il est parfaitement normal que les concepteurs cherchent à tirer avantage de nouvelles sciences ou technologies en plein développement. Mais il serait bien naïf de recommencer la même erreur qu'il y a 40 ans:
Jean Pinet: « Une très forte tendance contraire, basée sur des motivations essentiellement économiques, milite vers l’idée de supprimer progressivement les pilotes du cockpit. L’idée est reprise par des techniciens, des ingénieurs pour qui l’intelligence artificiel
semble être la solution à tout problème »
Et sa conclusion:
« Lorsqu’on a profondément vécu la passionnante profession de pilote, lorsqu’on a directement observé son propre comportement et celui de ses camarades dans des situations critiques, lorsqu’on a tout aussi directement observé le comportement de centaines et de milliers de pilotes en formation sur des avions au sommet de la technique, on n’est pas indifférent à
l’apparent décalage entre la haute technicité rationnelle des matériels placés entre ses mains et la multitude de « recettes » de tous genres à appliquer pour être capable de les utiliser en les maîtrisant. D’où l’impression un peu désagréable de devoir utiliser des sciences « douces » ou « molles » pour gérer un milieu de sciences « exactes » dans lequel on baigne depuis son éducation de base. »
C'est bien ce que je répète inlassablement: les automatismes, loin de simplifier le pilotage, sont ce qu'il y a de plus difficile et complexe à apprendre et à bien utiliser. Ils ne sont, bien au contraire, pas inutiles, et bel et bien indispensables. Mais leur excès, comme en toute chose, est néfaste.
Les dogmes tuent, ici comme ailleurs.