Re: L’intelligence artificielle dans le cockpit ?
Posté: Vendredi 4 Janvier 2019 09:38
Eternel débat...
On y arrivera certainement, comme on est arrivé à coupler le PA au TCAS pour éviter que le pilote suivre les ordres du contrôle plutôt que ceux du TCAS.
C'est le " au stade actuel " qui invalide le discours. Il n'a jamais été question de remplacer AUJOURD'HUI les pilotes par une IA.
Vu la rapidité des progrès en la matière, je ne mettrais pas ma main à couper pour défendre ce " nombreuses "
Quelles données factuelles lui permettent d'affirmer ça ? Rien que le fait qu'un automatisme ne fasse pas d'erreur de calcul (dans les situations où l'équipage doit calculer un paramètre) le rend plus fiable d'un humain.
Affirmation bien péremptoire...
Dans le cas actuel, les pilotes avaient l'indication de vitesse foireuse. Si on donne la même situation à analyser à un ordinateur, il sera capable de traiter des milliers de fois plus de données des milliers de fois plus vite. On peut imaginer, même si ce ne sont que des suppositions, que la vitesse continue d'être calculée par les accéléromètres des centrales intertielles, que l'altitude continue d'être calculée par le GPS ou ces mêmes accéléromètres, que la trajectoire soit calculée d'après la position des gouvernes, ... , le tout voir ses capacités de réflexions et d'action fortement diminuées par le stress et la panique d'une situation incontrôlée.
Un ordinateur aurait aussi eu accès à l'information des sondes AOA, et il aurait été capable de piloter l'incidence au 10e de degré près, chose qu'un pilote est incapable de faire surtout en atmosphère turbulente.
On peut sans trop de risques de se tromper affirmer qu'une IA bien conçue aurait compris que l'avion volait toujours parfaitement droit, qu'il n'était ni en survitesse ni en décrochage, et qu'il n'y avait pas lieu de tirer sur le manche.
Encore ce " actuelle "....
Encore ce " nombreuses "
Ces deux phrases détruisent tout l'argumentaire développé plus haut et son le clou dans le cercueil des pilotes : si un ordinateur fait aussi bien (ou aussi mal selon le point de vue) qu'un pilote, il n'y a aucun intérêt à garder des pilotes. On supprime toutes les contraintes (et coûts associés) de la gestion de l'Humain : limitation du temps productif, formation, gestion des à côtés (hébergement / restauration en escale), aspect social (plus de grèves les jours de grand départ en vacances), ...
Chose qui se raréfie. Jan nous a raconté ici les déboires qu'il a eu avec certains de ses jeunes copis, j'ai régulièrement l'occasion de discuter avec des instructeurs qui m'en racontent des vertes et des pas mûres (du style un pilote vietnamien qui n'a toujours pas compris qu'il faut augmenter la puissance quand on met l'avion en montée alors qu'il en est au stade de la qualif de type, ou des ordres venus d'en haut qui imposent aux instructeurs de valider une qualif parce que la compagnie a acheté la qualif de ses pilotes et non pas leur formation, ...)
Et toujours ce " pour encore longtemps "...
Tout ce que ce texte démontre, c'est qu'aujourd'hui on n'a pas d'IA assez performante pour piloter un avion. Mais il suppose que c'est une situation intangible sur le long terme, ce qui est à mon avis la marque d'une profonde méconnaissance des technologies disponibles aujourd'hui, et en cours de développement pour le futur.
C'est aussi nier le fait que l'Etre Humain est par définition faillible, et que tout ce qui pourra remplacer son action par une action automatique ne pourra qu'améliorer la fiabilité en supprimant les erreurs de traitement de l'information et de compréhension des situations et les contraintes environnementales qui influent sur ses capacités (il faudrait que je la retrouve, mais j'avis lu une étude qui démontrait que sous l'effet du stress, les pilotes réagissaient dans près de la moitié des cas à l'inverse de ce qu'ils avaient appris ou des procédures établies).
A terme, et possiblement pas si éloigné que ça, les pilotes seront remplacées par la machine. La plus grande limitation ne sera pas technologique mais humaine. De la part des pilotes qui n'accepteront pas d'être évincés, et c'est bien compréhensible, et des passagers qui pourraient être réticents à monter dans un avion sans pilote humain. Mais là aussi les mentalités peuvent évoluer rapidement, il suffit de voir à quelle point la perception de cet aspect change pour ceux qui ont eu l'occasion de conduire des voitures quasi autonomes, alors que cette technologie n'en est qu'à ses débuts et encore très largement perfectible.
D'ailleurs, c'est par ce biais là qu'on aura un premier retour sur les performances de l'IA, le renouvellement du parc auto est bien plus rapide que celui du parc aéro, l'IA sur la route sera déployée plus tôt que l'IA en vol.
Mais on a déjà un premier aperçu : Tesla a enregistré 40 % d'accidents en moins quand ses voitures sont sous PA (en fait une simple aide à la conduite renforcée, on n'en est pas encore à un vrai PA). Et ce sont des données exhaustives, les Tesla sont connectées en permanence et le constructeur fait une analyse des données qu'elles transmettes (comme les compagnies aériennes font une analyse des paramètres de vol), et que n'importe quel accident est détecté, même s'il n'est pas déclaré.
Ca confirme que chaque fois qu'il est possible d'exclure l'Humain de la boucle, on augmente la fiabilité.
Mais ce n'est pas valable que pour les pilotes. J'avais envisagé de passer ma qualif de mécano. J'en ai parlé à ceux de mon boulot, tous me l'ont déconseillé, justement parce que le métier est en train de changer profondément et que l'arrivée des nouvelles technologies va en supprimer tous les aspects les plus techniques et intéressants. Le mécano va devenir un simple exécutant là où les robots ne pourront, temporairement, pas intervenir.
Les recherches de pannes seront de plus en plus automatisées, déjà qu'aujourd'hui dans 99 % des cas il y a juste à appliquer bêtement une procédure formelle (et ça n'importe quel automatisme sait déjà faire), on fait déjà des inspections de structure par drone en moins de 10 minutes, y compris l'analyse immédiate des défauts (avec à terme le traitement en des défauts et la définition d'une solution de réparation en temps réel) contre plusieurs heures pour un mécano plus ensuite le temps passé à l'analyse des défauts trouvés.
Faut pas rêver, on cherche à réduire les coûts d'exploitation. et la part de l'Humain dans ce domaine est prépondérante, que ce soit directe par les salaires, ou indirecte par les limitations qu'il impose. On a bien compris qu'il est nettement plus rentable de payer une fois des ingénieurs pour créer un outil et en assurer le suivi, une fois pour le fabriquer, et ensuite 0 ou presque pour qu'il bosse 24/24 7/7, plutôt que payer chaque homme une fois pour le former, régulièrement pour mettre à jour ses compétences et en permanence pour qu'il bosse moins d'1/3 du temps.
Et l'aéronautique est loin d'être le seul secteur concerné. Même l'assistance à la personne commence par se faire avec des robots au Japon (ils sont un peu perchés avec leurs robots, mais je n'ai aucun doute qu'à terme ça arrivera chez nous)
Manu
Claude ROCHE
Ancien vice-président Grands systèmes de Matra Défense Espace, vice-président de l'AAE a écrit:une commande automatique fait monter l’avion à une altitude de sécurité, en coupant la commande du pilote.
On y arrivera certainement, comme on est arrivé à coupler le PA au TCAS pour éviter que le pilote suivre les ordres du contrôle plutôt que ceux du TCAS.
Claude ROCHE
Ancien vice-président Grands systèmes de Matra Défense Espace, vice-président de l'AAE a écrit:Au stade actuel de l’intelligence artificielle, elle aurait pu faire les mêmes erreurs, et de manière beaucoup plus probable que nos pilotes.
C'est le " au stade actuel " qui invalide le discours. Il n'a jamais été question de remplacer AUJOURD'HUI les pilotes par une IA.
Claude ROCHE
Ancien vice-président Grands systèmes de Matra Défense Espace, vice-président de l'AAE a écrit:et ce pour encore de nombreuses décennies.
Vu la rapidité des progrès en la matière, je ne mettrais pas ma main à couper pour défendre ce " nombreuses "
Claude ROCHE
Ancien vice-président Grands systèmes de Matra Défense Espace, vice-président de l'AAE a écrit:L’apprentissage dit « profond » ou « intuitif » actuel malgré ses qualités garderait dans ce cas-là un taux d’erreur bien supérieur à celui d’un humain.
Quelles données factuelles lui permettent d'affirmer ça ? Rien que le fait qu'un automatisme ne fasse pas d'erreur de calcul (dans les situations où l'équipage doit calculer un paramètre) le rend plus fiable d'un humain.
Claude ROCHE
Ancien vice-président Grands systèmes de Matra Défense Espace, vice-président de l'AAE a écrit:L’estimation du risque de décrochage de même. La complexité de la situation ajoutée à l’insuffisance des informations reçues dépasse la capacité de l’apprentissage IA.
Affirmation bien péremptoire...
Dans le cas actuel, les pilotes avaient l'indication de vitesse foireuse. Si on donne la même situation à analyser à un ordinateur, il sera capable de traiter des milliers de fois plus de données des milliers de fois plus vite. On peut imaginer, même si ce ne sont que des suppositions, que la vitesse continue d'être calculée par les accéléromètres des centrales intertielles, que l'altitude continue d'être calculée par le GPS ou ces mêmes accéléromètres, que la trajectoire soit calculée d'après la position des gouvernes, ... , le tout voir ses capacités de réflexions et d'action fortement diminuées par le stress et la panique d'une situation incontrôlée.
Un ordinateur aurait aussi eu accès à l'information des sondes AOA, et il aurait été capable de piloter l'incidence au 10e de degré près, chose qu'un pilote est incapable de faire surtout en atmosphère turbulente.
On peut sans trop de risques de se tromper affirmer qu'une IA bien conçue aurait compris que l'avion volait toujours parfaitement droit, qu'il n'était ni en survitesse ni en décrochage, et qu'il n'y avait pas lieu de tirer sur le manche.
Claude ROCHE
Ancien vice-président Grands systèmes de Matra Défense Espace, vice-président de l'AAE a écrit:Les deux se trompent, mais beaucoup plus l’IA actuelle qui n’apprend pas encore en construisant des schémas.
Encore ce " actuelle "....
Claude ROCHE
Ancien vice-président Grands systèmes de Matra Défense Espace, vice-président de l'AAE a écrit:c’est-à-dire dans de nombreuses décennies.
Encore ce " nombreuses "
Claude ROCHE
Ancien vice-président Grands systèmes de Matra Défense Espace, vice-président de l'AAE a écrit:il n’y a que les outils « d'intelligence artificielle » qui peuvent les résoudre, et encore avec des erreurs comparables aux erreurs humaines devant les mêmes problèmes quand on a eu de la chance ! [...]
Si cela marche bien, elle fera autant d’erreurs qu’un humain, et elle sera à gérer comme lui.
Ces deux phrases détruisent tout l'argumentaire développé plus haut et son le clou dans le cercueil des pilotes : si un ordinateur fait aussi bien (ou aussi mal selon le point de vue) qu'un pilote, il n'y a aucun intérêt à garder des pilotes. On supprime toutes les contraintes (et coûts associés) de la gestion de l'Humain : limitation du temps productif, formation, gestion des à côtés (hébergement / restauration en escale), aspect social (plus de grèves les jours de grand départ en vacances), ...
Gilles131 a écrit:Des pilotes bien formés et bien entrainés, on n'a pas encore trouvé mieux, et pour encore longtemps.
Chose qui se raréfie. Jan nous a raconté ici les déboires qu'il a eu avec certains de ses jeunes copis, j'ai régulièrement l'occasion de discuter avec des instructeurs qui m'en racontent des vertes et des pas mûres (du style un pilote vietnamien qui n'a toujours pas compris qu'il faut augmenter la puissance quand on met l'avion en montée alors qu'il en est au stade de la qualif de type, ou des ordres venus d'en haut qui imposent aux instructeurs de valider une qualif parce que la compagnie a acheté la qualif de ses pilotes et non pas leur formation, ...)
Et toujours ce " pour encore longtemps "...
Tout ce que ce texte démontre, c'est qu'aujourd'hui on n'a pas d'IA assez performante pour piloter un avion. Mais il suppose que c'est une situation intangible sur le long terme, ce qui est à mon avis la marque d'une profonde méconnaissance des technologies disponibles aujourd'hui, et en cours de développement pour le futur.
C'est aussi nier le fait que l'Etre Humain est par définition faillible, et que tout ce qui pourra remplacer son action par une action automatique ne pourra qu'améliorer la fiabilité en supprimant les erreurs de traitement de l'information et de compréhension des situations et les contraintes environnementales qui influent sur ses capacités (il faudrait que je la retrouve, mais j'avis lu une étude qui démontrait que sous l'effet du stress, les pilotes réagissaient dans près de la moitié des cas à l'inverse de ce qu'ils avaient appris ou des procédures établies).
A terme, et possiblement pas si éloigné que ça, les pilotes seront remplacées par la machine. La plus grande limitation ne sera pas technologique mais humaine. De la part des pilotes qui n'accepteront pas d'être évincés, et c'est bien compréhensible, et des passagers qui pourraient être réticents à monter dans un avion sans pilote humain. Mais là aussi les mentalités peuvent évoluer rapidement, il suffit de voir à quelle point la perception de cet aspect change pour ceux qui ont eu l'occasion de conduire des voitures quasi autonomes, alors que cette technologie n'en est qu'à ses débuts et encore très largement perfectible.
D'ailleurs, c'est par ce biais là qu'on aura un premier retour sur les performances de l'IA, le renouvellement du parc auto est bien plus rapide que celui du parc aéro, l'IA sur la route sera déployée plus tôt que l'IA en vol.
Mais on a déjà un premier aperçu : Tesla a enregistré 40 % d'accidents en moins quand ses voitures sont sous PA (en fait une simple aide à la conduite renforcée, on n'en est pas encore à un vrai PA). Et ce sont des données exhaustives, les Tesla sont connectées en permanence et le constructeur fait une analyse des données qu'elles transmettes (comme les compagnies aériennes font une analyse des paramètres de vol), et que n'importe quel accident est détecté, même s'il n'est pas déclaré.
Ca confirme que chaque fois qu'il est possible d'exclure l'Humain de la boucle, on augmente la fiabilité.
Mais ce n'est pas valable que pour les pilotes. J'avais envisagé de passer ma qualif de mécano. J'en ai parlé à ceux de mon boulot, tous me l'ont déconseillé, justement parce que le métier est en train de changer profondément et que l'arrivée des nouvelles technologies va en supprimer tous les aspects les plus techniques et intéressants. Le mécano va devenir un simple exécutant là où les robots ne pourront, temporairement, pas intervenir.
Les recherches de pannes seront de plus en plus automatisées, déjà qu'aujourd'hui dans 99 % des cas il y a juste à appliquer bêtement une procédure formelle (et ça n'importe quel automatisme sait déjà faire), on fait déjà des inspections de structure par drone en moins de 10 minutes, y compris l'analyse immédiate des défauts (avec à terme le traitement en des défauts et la définition d'une solution de réparation en temps réel) contre plusieurs heures pour un mécano plus ensuite le temps passé à l'analyse des défauts trouvés.
Faut pas rêver, on cherche à réduire les coûts d'exploitation. et la part de l'Humain dans ce domaine est prépondérante, que ce soit directe par les salaires, ou indirecte par les limitations qu'il impose. On a bien compris qu'il est nettement plus rentable de payer une fois des ingénieurs pour créer un outil et en assurer le suivi, une fois pour le fabriquer, et ensuite 0 ou presque pour qu'il bosse 24/24 7/7, plutôt que payer chaque homme une fois pour le former, régulièrement pour mettre à jour ses compétences et en permanence pour qu'il bosse moins d'1/3 du temps.
Et l'aéronautique est loin d'être le seul secteur concerné. Même l'assistance à la personne commence par se faire avec des robots au Japon (ils sont un peu perchés avec leurs robots, mais je n'ai aucun doute qu'à terme ça arrivera chez nous)
Manu