L'aéronaute télescopique

[Delépine]

Sait-on que Santos-Dumont eut un rival, un autre aéronaute brésilien venu se montrer à Paris en même temps ?
l'Illustration du 10 mai 1902 nous apprend que M. Auguste Severo fit construire aux ateliers Lachambre, de Vaugirard, un ballon elliptique cubant 2500 mètres, long de 30 m et de 12 m de diamètre au maître-couple. Deux moteurs Buchet de la force de 20 chevaux chacun, disposés aux extrémités d'une longue nacelle entraînent deux hélices axiales placées respectivement à la pointe avant et arrière de l'enveloppe du gaz hydrogène.
Le mouvement se transmet de chaque moteur dans l'intérieur du ballon par un puits qui montre jusqu'à l'axe de roulis. De là est attaqué l'axe horizontal long d'environ huit mètres allant à l'hélice. Le gouvernail aérodynamique est remplacé par une hélice placée comme un anticouple d'hélicoptère à chaque bout de la nacelle. Une cinquième hélice de petit diamètre à la fonction indéterminée figure encore en bout de nacelle.
On voit que l'aérostat est établi en vue d'une grande simplicité de construction comme de fonctionnement. M. Severo est au Brésil un journaliste important et un parlementaire en vue. Esprit avancé, il promeut les idées de paix universelle et pour ce motif a baptisé Pax son aérostat. Le premier vol captif eut lieu à Vaugirard le 4 mai 1902.

Il ne fallut attendre que huit jours pour apprendre le 17 mai dans l'Illustration suivante la terrible tragédie survenue le 12. Prenant l'air à 5 h 1/2 du matin en compagnie du mécanicien Saché, M. Severo planait au-dessus du cimetière Montparnasse en essayant ses hélices directrices. Il venait après cela de donner le signal de son départ vers le champ de manoeuvres d'Issy-les-Moulineaux quand brusquement un cri d'horreur jaillit de toutes les poitrines. Une flamme issue de l'arrière remontait sous toute la longueur de l'enveloppe, et l'on entendit une détonation formidable. On vit la nacelle à peu près seule s'abîmer de plus de 400 mètres pour venir se broyer au coin de l'avenue du Maine et de la rue Vercingétorix. Les deux aéronautes périrent ; tombant sans doute en position debout, M. Severo était retrouvé absolument télescopé. Le mécanicien Saché avait les mains et la figure horriblement brûlés.

La complexité de la machine laisse plutôt indéterminée la cause du drame. M. Severo qui a dépensé toute sa fortune de 200 000 francs (équivalant à 800 000 euros) dans sa construction laisse une femme, qui assistait à la catastrophe, et sept enfants absolument démunis. Espérons que le parlement brésilien se souviendra d'eux.

[Tontonlyco]

Puisqu'il est question d' illustration elle serait bien venue pour mieux comprendre l' architecture de la machine.

Votre projet de la reconstruire me semble téméraire.

[Delépine]

Je ne passe plus d'images ; ça ne marche plus chez moi.

[Leon Robin]

Extrait de "La locomotion aérienne" de J. Lecornu (ca 1905)







Vu la position du moteur et de l'échappement, le destin de l'engin était écrit dès le départ

[Leon Robin]

La description donnée par Delépine est probablement extraite d'un document nettement postérieur (Wikipedia ?), car on imagine mal l'Illustration parler en 1902 de "rotor anticouple d'hélicoptère" plusieurs années avant les premières expériences d'Oemichen.

Voici un extrait de la description dans l'ouvrage précité. On notera que la puissance des moteurs diffère dans cette version

[Tontonlyco]

Je ne passe plus d'images ; ça ne marche plus chez moi.

Mais si il suffit de passer par:

http://fr.tinypic.com/

Ça marche même dans les endroits très reculés.

[FbS]

Ceci explique mieux l'illustration que j'avais trouvé de l'incident : https://www.alamyimages.fr/photo-image- ... 40204.html


J'ai trouvé ca aussi : http://lavoixdu14e.blogspirit.com/archi ... sache.html

[Delépine]

La description donnée par Delépine est probablement extraite d'un document nettement postérieur (Wikipedia ?), car on imagine mal l'Illustration parler en 1902 de "rotor anticouple d'hélicoptère" plusieurs années avant les premières expériences d'Oemichen.

Et les euros !
Je ne recopie jamais un texte sans fournir les références de la source. S'il n'y en a pas, c'est que le texte est du Delépine simplement inspiré par les tournures de l'époque, soit issues de l'article soit pas du tout. Provient de l'Illustration la notion d'aéronaute télescopé, ainsi que la clameur issue de toutes les poitrines et diverses autres expressions.

[Delépine]

Les ateliers Lachambre à Vaugirard ne chômaient pas, en cette année 1902. A peine l'aéronaute brésilien Severo en avait-il décollé le 10 mai pour aller s'écraser à peine plus loin en plein Paris, un aéronaute allemand prenait l'air à son tour du même endroit dans un autre ballon dirigeable. Les détails techniques manquent, et nous n'apprenons rien de ses caractéristiques dans l'Illustration du 18 mai 1902 qui relate succinctement les faits.

La baron de Bradsky, puisqu'il répondait à ce nom, s'envolait le 13 mai en compagnie de l'ingénieur Paul Morin qui l'avait assisté dans la conception de son aérostat. Il devait faire mieux que Severo. Les lecteurs du Savant Cosinus se rappellent comment en dépit de toutes ses tentatives à pied, à bicyclette ou en automobile le professeur Cosinus ne parvenait jamais à sortir de Paris. Après Severo qui n'y réussissait pas davantage, le baron de Bradsky au contraire atteignait la plaine-Saint-Denis.

Son aéronef montra dès l'envol qu'il n'obéissait ni à son hélice ni à son gouvernail. Emportés par le vent un peu au-delà des barrières de la capitale, les voyageurs aériens voulurent se poser. C'est alors qu'on vit se détacher pour une raison inconnue les cordes à piano retenant la nacelle à l'enveloppe. Les deux hommes précipités au sol s'y fracassèrent. Le ballon allégé reprenait son vol pour s'échouer finalement à Ozouer-la-Ferrière (sic).

La photographie des corps ne les montre apparemment pas télescopés comme celui de M. Severo une semaine auparavant.

Le ballon se présente sous la forme d'un long cylindre terminé par une sorte de pointe à l'avant et un hémisphère à l'arrière. Sur le milieu de cet hémisphère est implanté le gouvernail, lui-même d'une hauteur qui ne représente pas la moitié du diamètre du cylindre ; autant dire qu'il semble aussi mal alimenté que possible.