Tontonlyco a écrit:Le respect des lois de l' electromagnétisme est nécessaire pour qu'un rayonnement se transmette, sinon il ne peut ni être absorbé ni reflété, ni propagé etc...
Si vous enlevez l'eau au poisson il ne nage plus.
Ceci dit, cela pose le problème de la conservation de l'énergie, c'est pour ça que l' interface entre un vaisseau de matière "ordinaire" et la matière sombre doit être si intéressante, laissons les physiciens s'en débrouiller.
Tontonlyco,
je comprends mieux le contexte de cette discussion.
Tu t'intéresses à la cosmologie et à la physique des particules mais il te manque certaines bases ce qui aboutit à des interprétations incorrectes.
Tout d'abord, au sujet des publications du CERN.
Il faut savoir qu'à partir du début du 20ième siècle, il y a eu plus de séparation qu'avant entre la physique expérimentale et la physique théorique.
En gros, et à quelques exceptions près, ce ne sont pas les même têtes qui font progresser l'une ou l'autre.
Les raisons sont multiples :
- D'une part les théories qui permettent d'organiser la physique quantique sont de plus en plus compliquées, à commencer par la théorie des champs quantiques (QFT).
A mon modeste niveau je pouvais encore lire la publication de Bardeen, Cooper et Schrieffer sur la théorie de la supraconductivité (application de la QFT aux phonons)
http://journals.aps.org/pr/pdf/10.1103/PhysRev.108.1175ou celle de Feynman sur l'électrodynamique quantique
http://authors.library.caltech.edu/3528/1/FEYpr50.pdfMais je suis incapable de vraiment comprendre ce qui suit avec les théories de brisure de symétrie (Higgs), l'unification électrofaible (Glashow, Salam, Weinberg), ou le modèle standard de la chromodynamique quantique.
- D'autre part, l'expérimentation demande du matériel de plus en plus lourd et demande plus des qualités d'ingénieur que des qualités de théoricien.
Donc les progrès de la physique quantique ressemble à une danse à quatre temps.
1. une découverte expérimentale met à jour un phénomène que les connaissances du moment ne peuvent expliquer
2. des équipes de physiciens théoriciens proposent des théories qui permettent d'expliquer le phénomène. Souvent plusieurs théories se font concurrence.
3. des équipes de physiciens expérimentaux mettent au point des expériences qui pourraient valider ou invalider l'une ou l'autre de ces théorie.
4. lorsque plusieurs expériences concourrent à valider une de ces théorie ou montrent que la théorie passe avec succès les tests qui pourraient l'invalider, la communauté scientifique arrive progressivement à un consensus pour considérer cette théorie comme une bonne explication du réel.
Le CERN est très actif dans l'étape 3.
A ce titre il communique sur les théories pour lesquelles on tente de mettre au point des expérience de validation/invalidation.
La matière noire en est plus ou moins à ce stade.
La publication d'article par le CERN signifie que l'hypothèse de la matière noire est suffisamment sérieuse pour consacrer des efforts et de l'argent à mettre au point des expériences.
Maintenant, à propos de l'idée que tu cites que la lumière nécessite un mileu "favorable" pour se propager, il s'agit d'un retour en arrière de plus d'un siècle.
La relativité restreinte et également la théorie des champs quantique suppose que la lumière n'a pas besoin de support pour se propager.
La lumière n'a besoin que d'espace pour se propager. Elle se propage dans le vide complet, elle se propage dans le vide entre les particules, et elle se propage aussi dans l'espace non-vide occupé par une autre particule avec juste la conditions d'avoir peu ou pas d'interaction avec cette particule.
Tontonlyco a écrit:Non absolument pas, il faudrait qu'elle soit "perméable" à l' electromagnetisme, le CERN nous dit le contraire, donc que devient l' énergie rayonnée par un vaisseau immergé dans cette matière.
Je comprends que c'est cette idée de "perméabilité" qui te fait problème.
En fait, au niveau des particules, par défaut tout est perméable à tout.
Une particule n'empèche pas une autre particule de passer, à moins qu'elles n'aient une interaction mutuelle.
Le CERN indique bien que la matière noire n'a pas d'interaction avec l'électromagnétisme.
la matière ne peut pas absorber, refléter ou émettre de la lumière
En d'autres termes, l'hypothétique matière noire serait complètement transparente à la lumière.
Pour comprendre à quoi cette matière pourrait faire obstacle, il faut revenir à la notion d'obstacle.
Les particules peuvent interagir pas 4 interactions, et un cinquième effet, l'exclusion de Pauli, vient s'y ajouter.
1. L'électromagnétisme : c'est cette interaction qui est à l'origine de notre perception que deux objets ne peuvent s'interpénétrer. C'est elle aussi qui fait que la plupart des objets sont opaque à la lumière.
2. L'interaction forte : c'est elle qui est responsable de la cohésion des quarks à l'intérieur du proton ou du neutron. C'est une force à très courte portée.
Autrement dit, s'il n'y avait pas les forces électriques, deux cailloux se traverseraient l'un l'autre sans problème : il y a tellement de vide entre les noyaux des atomes (noyau +/- 100,000 fois plus petit que l'atome) que, au cours d'une telle traversée, chaque noyau a une chance sur 10 milliard d'être pile aligné sur un autre noyau qui se trouve sur son chemin. Et l'interaction forte décroit tellement vite qu'en dehors du noyau on peut estimer qu'elle n'existe plus.
3. L'interaction faible : comme son nom le dit, elle est très faible.
Il arrive sur terre environ 65 milliards de neutrinos solaires par centimètre carré et par seconde.
Or dans un détecteur de 1 m3, on s'attend à obtenir moins d'une réaction par an.
En gros, la terre est transparente pour les particules qui n'interagissent que par l'interaction faible.
4. La gravité : c'est avec l'électromagnétisme l'interaction par lequel les objets s'influencent les uns les autres à distance.
Contrairement à l'électromagnétisme qui peut être répulsif, la gravité n'est qu'attractive.
5. L'exclusion de Pauli est ce qui empèche que deux objets entre lesquels s'exerce une interaction attractive ne finissent par ne former qu'un seul point infinitésimal.
L'exclusion de Pauli ne concerne que les fermion (particules à spin demi-entier ou multiple impair de 1/2) et impose que deux fermions qui ont les mêmes nombres quantiques ne peuvent pas se trouver au même moment au même endroit.
Si tu examines bien cette liste de cinq interactions, tu concluera que l'hypothétique matière noire ne peut avoir aucun effet sur la lumière à part un effet gravifique et qu'elle n'a probablement aucune interaction "significative" avec notre matière ordinaire (protons, neutrons, électrons) à part l'effet gravifique.
Pour la lumière : 1. électromagnétisme : pas pour la matière noire, 2. interaction forte : pas pour la lumière, 3. interaction faible : pas pour la lumière, 4. gravité : oui, 5. exclusion de Pauli : non, lumière=bosons et de toute façon les nombres quantiques sont différents pour des particules de nature différentes.
Pour la matière ordinaire: 1. électromagnétisme : pas pour la matière noire, 2. interaction forte : pas d'effet sauf à très courte distance, 3. interaction faible : effets insignifiants, 4. gravité : oui, 5. exclusion de Pauli : non, les nombres quantiques sont différents pour des particules de nature différentes.
Luc