Projet d'amendement aux règles d'emport d'oxygène

[Tontonlyco]

Pour mon cas je trouve que les difficultés cognitives commencent aux environs de 10.000Ft, style erreur de radio, mais j' habite à 2400 Ft et je fais du vélo tous les jours, lorsque j' habitais au niveau de la mer il me semble que la tolérance était moins bonne.

[Gilles131]

Extraits du chapitre sur l'oxygène de l'excellent "Danse avec le vent":

- Si la perfusion digitale du pilote est faible (stress, froid, compression vasculaire par cramponnement), ce qui n'aurait rien d'étonnant en vol à voile, le faible pouls digital empêche le saturomètre de calculer correctement
- La lumière externe envahissant le capteur peut également fausser les résultats, il faut prendre soin de couvrir le doigt portant le capteur par un doigtier en cuir noir, sinon de nombreux artefacts hélio-invasifs rendront l'interprétation aléatoire
- Au moment de la lecture, il n'offre que des valeurs ponctuelles et ne contient pas de mémoire permettant l'analyse approfondie après le vol...

Lors de ses expérimentations patagoniennes, JM Clément a utilisé un saturomètre enregistreur en continu dont les données étaient transférées sur ordinateur après le vol, traitées par un logiciel spécifique puis mises en parallèle chronologique avec le fichier IGC du "logger", tous les événements externes tels que boire, manger, communiquer par radio, uriner, éternuer, se moucher, tousser, téléphoner, faire la sieste, gérer les difficultés météo, se battre avec les cartes, etc., étaient consignés par écrit et pointés sur le tracé de la saturation et de la fréquence cardiaque.
Cet outil a permis de révéler un grand nombre d'anomalies et de tester des solutions.

Parmi les incidents hypoxiques relevés:
- une discussion entre pilotes qui fait tomber la saturation d'un jeune homme très sportif, non-fumeur, en parfaite santé de 93% à 85% pendant 8 minutes (zone de danger latent)
- un homme de 70 ans en bonne santé, IMC normal, se bat pendant 4 minutes contre les difficultés d'une miction en planeur (préparation, position, retenue de souffle pour exercer une pression abdominale, etc.) et voit, malgré l'EDS réglé sur 100% d'O2, sa saturation tomber à 75-80% (possibilité d'évanouissement)
- un homme de 30 ans, très sportif, non-fumeur passe l'EDS sur 100% d'O2 en prévision de manger un sandwich: sa saturation monte de 88 à 94% en 3 minutes. Puis pendant 2 minutes il est occupé à déballer son sandwich et à le manger: sa saturation s'écroule de 10 points jusqu'à 85%. S'il n'avait pas augmenté le débit d'O2 avant cette opération sa saturation serait tombée en-dessous de 80% et il aurait risqué troubles de la vision, étourdissements, etc.
- sur un vol d'entrainement sans pulsoxymètre enregistreur, le médecin de l'expédition est pris de quittes de toux, croit passer l'EDS sur 100% d'O2 mais se trompe (il voit déjà flou): vision tunnelaire, incapacité totale d'agir utilement et de piloter, véritable état de stupeur (impuissance d'agir, les yeux ouverts), impossible de répondre à l'autre pilote dont il entend encore la voix de loin... La fin des toussotements lui permet de retrouver lentement ses esprits, de réaliser son erreur et de passer effectivement l'EDS sur 100% d'O2 et tout rentre dans l'ordre dans les minutes qui suivent. Il déclare "si j'avais été en monoplace j'aurais probablement perdu les ailes et je ne serais plus là pour en parler".



A ceux qui s'imaginent plus forts que les autres, qui montent haut sans oxygène et "ressentent" que tout va bien, je suggère d'aller marcher en montagne au-dessus de 4000m sans entrainement ni accoutumance: chaque pas est y un véritable effort physique et intellectuel et là on a bien plus conscience de son état réel qu'assis dans un avion ou allongé dans un planeur, sans aucun effort physique.

[Jacques HM Cohen]

Le cerveau représente 20% de la consommation totale d'O2 en situation normale. En cas d'effort le débit cardiaque peut jusqu'à tripler et la consommation musculaire exploser de plusieurs dizaines de fois. Tandis que la consommation d'O2 du cerveau ne varie pas dans la même échelle certes mais un peu quand même ( jusqu'à 2 fois ). En hypoxie d'altitude soudaine ( le cas de nos vols ), les performances d'efforts musculaires s'effondrent parce qu'il n'est plus possible de tirer sur la bête qui est déjà limite au repos. Concernant le cerveau, il n'a guère de capacité d'adaptation vers le repos contrairement à un muscle. Le cerveau qui économise cela s'appelle un coma. Et avant il déconne en loupant de petites choses, le plus souvent sans que le sujet ne s'en rende compte.
J.

[Splitcat]

Il est curieux de voir la persistance de comportements dangereux concernant l'hypoxie chez les pilotes quand les plongeurs ont cessés de jouer aux cons depuis longtemps. Tu as eu un peu mal au crane au retour chat coupé, Gilles a cité un exemple de type tout fier de lui qui n'avait rien ressenti, mais dont le posé montrait objectivement qu'il n'était pas dans son assiette....
JL propose de se baser sur les "premiers signes" d'intolérance. Ils peuvent parfaitement manquer. Ou sur l'oxymètre avec une SaO2> à 85%. D'abord le gadget est en effet sensible à la température, donc choix entre une électrode collée et réchauffée à usage unique qui ne se branche pas sur les gadgets de bord ou mettre la pince au chaud comme quelqu'un ( GMA je crois ) l'a suggéré. Ensuite, ce qui compte pour l'organisme ce n'est pas la pression partielle alvéolaire, c'est en bout de chaîne la quantité d'O2 qu'un vaisseau peut délivrer aux cellules par unité de temps, selon son débit donc son état, celui de la pompe cardiaque, de l'échangeur pulmonaire, mais aussi la concentration hémoglobinique. Un accès palustre à falciparum va mourir d'anémie et donc d'anoxie faute de globules avec une SaO2 de 100%

J.

Est-ce vraiment dangereux ? Suivant les conditions, oui et non.
En tout cas c'est légal, pour une fois que la réglementation est plus permissive que le bon sens, utilisons le bon sens à fond

Il s'agit de rester raisonnable, justement l'idée de ma question ici c'est de sortir avec des chiffres
Par exemple, mes cours mermoz me disent que 85% de SaO2 c'est dans la" zone de compensation complète".
La zone de compensation incomplète ne commençant que plus bas (environ 80%)...
Et par exemple, si jamais je voyais une altitude cabine au FL180 (dans un avion pressu en panne de pressu ou bien dans un avion non pressu étant monté avec mon consentement plus ou moins éclairé) : je me fixe comme règle de débuter une descente d'urgence.
En se disant ce genre de choses avant un vol on favorise la prise de décision telle que prévue au sol. Le principe du briefing quoi.

Pour l'instant je pars sur le chiffre de FL160, validé par un collègue pilote de planeur. Pour lui ça pose aucun problème de monter à 5000 mètres (je prends ça avec des pincettes bien sûr, il ne s'agit pas d'y rester 3 plombes mais juste de faire descendre l'indication sur un oxymètre)

[Tontonlyco]

L' aventurier Splicat est au forum, ce que Macron est au PS, toutes proportions gardées ...

[patrice lapierre]

sans oublier de bien s'hydrater... car même sans effort physique la déshydratation guette en altitude (air plus sec, hyperventilation...)
déshydratation + hypoxie = pas glop !
pour peu que ce soit un cardiaque qui s'ignore... bingo ! je crois que c'est à Megève qu'il y avait eu un accident de ce type il y a quelques années...

[patrice lapierre]

L' aventurier Splicat est au forum, ce que Macron est au PS, toutes proportions gardées ...

[Philippe Warter]

Je ne vois pas bien l'utilité de jouer avec sa vie pour cette raison.

Je n'ai jamais eu aucun pb d'altitude. Mais je sais qu'il vaut mieux que je ne dépasse pas 2000 m d'altitude (sans O²). Donc je ne monte pas plus haut. Ca permet le niveau 65, déjà pas si mal.
Et je n'y vais pas souvent. Uniquement lors des survols maritimes.

C'est quand même difficile d'admirer Chambord ou le phare de Chassiron depuis le FL100.

[Gilles131]

Pour l'instant je pars sur le chiffre de FL160, validé par un collègue pilote de planeur. Pour lui ça pose aucun problème de monter à 5000 mètres

Décidément...
Voir plus haut.

[Splitcat]

C'est quand même difficile d'admirer Chambord ou le phare de Chassiron depuis le FL100.

Deux conceptions différentes de l'aviation

[Tontonlyco]

Un indicateur de SAO² est un accessoire utile et pas cher.

[Tontonlyco]

C'est quand même difficile d'admirer Chambord ou le phare de Chassiron depuis le FL100.

Deux conceptions différentes de l'aviation

Oui Emmanuel, je suis tout à fait de votre avis, je vole toujours au FL 95, en panne moteur ça laisse 30Km pour trouver un terrain, l'air est calme, les VOR marchent, les cumulus sont en dessous, enfin le matin.

[Gilles131]

Un indicateur de SAO² est un accessoire utile et pas cher.

Avec ses limites.
Voir plus haut

[Tontonlyco]

J'en ai un, on voit bien sa SAO² diminuer avec l' altitude.

[Gilles131]

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