Une Mésange sort du nid

[Leon Robin]

Un nouveau planeur sort ce soir. C’est l’information qui circulait de temps en temps sur le terrain de Moulins Avermes parmi les stagiaires du camp aéronautique de l’été 1963. C’était toute une affaire, car cela voulait dire qu’un nouveau planeur sorti de l’atelier de la CARMAM allait faire son premier vol. Le premier vol d’une Mésange (c’était le nom des planeurs fabriqués par la CARMAM), c’était quelque chose, surtout avec le pilote qui l’effectuait.

Après la fin des vols de la journée, les planeurs et avions rentrés, on se retrouvait tous en face du hangar de la CARMAM autour de l’oiseau qu’on préparait pour son premier vol. Après une visite approfondie, le pilote s’installait. Le pilote, c’était Marc Eskenazy, chef-pilote du Centre, instructeur avion et planeur, ancien pilote de bombardier (Libérator je crois) dans la RAF, 14000 heures de vol. Une pointure.

Le Tiger Moth ou le MS317 se mettait en position, on accrochait le câble, et c’était le premier envol, prudent, après avoir tâté les commandes pendant un palier plus long que de coutume. Puis le remorqueur prenait de l’altitude en cerclant pour rester verticale terrain et, à bonne hauteur, c’était le largage. Quelques évolutions prudentes pour tester les commandes, vérifier que le planeur est bien né et vole bien, puis on passait à la suite du programme.

Quand un avion ou un planeur sort de fabrication, il faut vérifier qu’il est conforme, donc explorer la totalité de son domaine de vol. Marc Eskenazy nous gratifiait alors d’un festival : tonneaux, boucles,renversements et vrille, ce qui l’amenait en finale sur la piste face au hangar, la Mésange, devenue oiseau, finissait délicatement sa course à quelques mètres des portes du hangar.

La séance se terminait rituellement par un feu de joie. La jante de la roue était en magnésium. On récupérait les copeaux d’usinage qu’on enflammait, une fois la Mésange rentrée dans le nid où elle avait éclos, avant de partir vers d’autres cieux, d’autres vols. La soirée se terminait évidemment dans la bonne humeur, à 50 mètres de là au bar du terrain, où l’ambiance n’était jamais morose, sauf ………….

Marc Eskenazy nous a quittés quelques semaines plus tard, par un funeste jour d’août. Au petit matin, j’ai entendu le moteur du Nord 1000 démarrer, rugir au décollage et s’estomper en s’éloignant. On n’a jamais entendu le bruit de son retour. Les Mésanges ne sont plus jamais sorties du nid aux mains de Marc Eskenazy.

[Greg]

Belle et triste histoire à la fois! On s'y croirait!!

Greg.

[Bob]

Un excellent planeur, le M100S "Mésange". En fait ce n'était pas vraiment le premier vol de la Mésange. Les ingénieurs Morelli frères en avaient déjà construits près de 200 en Italie depuis le prototype en 1957.

En 62-63, la CARMAM rachetait la licence pour la France. 87 ont été construits à Moulins.

Il avait un frein à disque, mais avec un gros défaut : la plaquette unique était rapprochée du disque simplement par le pas du boulon de fixation, c'est à dire très peu....
Le manuel de vol (ou plus exactement la notice succincte d'utilisation ) précisait d'ailleurs qu'avant de partir sur la campagne, il fallait resserrer la plaquette.

La version biplace M200 Foehn était lui aussi excellent, même si avec une charge utile de 120 kg environ, on volait toujours en surcharge en biplace...

Son fuselage court et ventru créait un masque sur la direction qui avait ainsi peu d'efficacité.

Par contre les deux modèles avaient des excellents AF. Un jour, pour le vol de sortie de GV du M200, je n'ai pas pu atteindre la Vne pleins AF !

Un ami un peu corpulent partait régulièrement en place avant G (pour faire comme il fallait...) et revenait en place arrière D, car le centrage était meilleur : c'était un côte à côte décalé d'environ 50 cm.

Des infos et des photos sur les deux ici : http://pagesperso-orange.fr/michel.bard ... carmam.htm
(avec une petite erreur sur la masse maxi du M200 : une CN l'avait abaissée de 570 à 520 kg, ce qui explique les seulement 120 kg de charge utile...)

[Leon Robin]

..................... En fait ce n'était pas vraiment le premier vol de la Mésange. Les ingénieurs Morelli frères en avaient déjà construits près de 200 en Italie depuis le prototype en 1957.............. ...

Je parlais simplement du premier vol de l'exemplaire sortant de l'atelier de construction, évidemment pas du prototype. A cette époque, pour nous, pilotes en herbe participant à un camp aéronautique, un terrain comme Moulins était aussi, sans que nous le sachions, un formidable lieu de culture aéronautique, un véritable conservatoire. J'ai déja parlé de Marc Eskenazy, mais il faudrait aussi parler de monsieur Castanier, patron de la CARMAM et dirigeant du club et des instructeurs qui animaient le lieu. Côté matériel, les machines les plus modernes de l'époque, Mésange, Bijave et Bréguet 901 en côtoyaient d'autres, plus anciennes comme les Nord 1300, Castel et C800, déjà mythiques comme le Weihe Minimoa ou rares déjà comme l'aile volante AV36, objet de curiosité quand un des rares pilotes autorisés l'utilisaient. Côté avions, D112 et Piper J3 qu'on voyait sur tous les terrains voisinaient avec des engins déjà rares mais qui volaient couramment, comme le Léopoldoff (aujourd'hui préservé par Philippe Monniot à Isssoire), un Caudron Phalène qui servait aux baptèmes (eh oui, ça m'étonne encore aujourd'hui), et le Nord 1000 déjà tristement évoqu.

Conservatoire aéronautique. Il y venait de temps en temps un monsieur plus très jeune qui s'appelait Maurice Tabuteau. Nous, les jeunes, on ne savait pas qui c'était, on savait simplement qu'il pilotait depuis longtemps, et personne n'a pensé à nous le faire connaître pour qu'on parle avec lui. C'est, souvent trop tard, le grand regret de découvrir qu'on a sans le savoir rencontré et cotoyé un personnage qui aurait pu enrichir notre connaissance. Il aurait suffi de quelques mots, d'un geste, d'un instant. Dans tous les domaines, on manque souvent des occasions de ce genre. A nous d'essayer qu'il en soit autrement.

Pour ceux qui l'ignoreraient, Maurice Tabuteau était breveté pilote vers 1910

[yankeepapa]

je confirme planeurs sympas, en particulier le M200 pour baptiser les demoiselles, rien a voir avec un k13 ou un bijave, si vous voyez ce que je veux dire.
a moulins en en 77 ou 78 il y avait 4 ou 5 mesanges au club et certaines avaient la réputation d'etre vicieuses. un dimanche pour lever le doute je fais un tour dans chacune d'elles pour vérifier. pas de différences notables. le lundi une petite discussion avec le zyto de service à la Carman (le menuisier de l'époque) qui me confirme qu'a part les casses de fuselages à l'arrière toutes les mesanges étaient semblables. me confirme aussi qu'il a renforc2 quelques poutres de queues et que certaines doivent etre un peu plus rigides et un peu plus centrées arrieres.
par contre la Carman n' a jamais fabriqué de libelle H201, il s'agissait uniquement d'un contrat de sous traitance pour la finition, poncage et montage pour le compte du fabricant allemand.
c'est vrai que le terrain de moulins était un terrain sympa, avec un sacré ambiance aéro (dans les années 77/78) . c'était une epoque de grande liberté aéro.
YP

[EchoVictor]

je confirme planeurs sympas, en particulier le M200 pour baptiser les demoiselles,
YP

J'en vois un, là, qui a du faire des vaches qui ne devaient pas être involontaires !!!

[TiTi05]

Celle là aussi elle sort du nid



TiTi ancien pilote de Mésange et M200

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[René-Pierre Teindas]

Certaines Mésanges et C800 de Moulins avaient migré à la BA278/ARAA624 d'Ambérieu en 68.

[Billy]

Celle là aussi elle sort du nid



TiTi ancien pilote de Mésange et M200

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Miam , miam ....... non je rigole , je ne touche même pas une mouche

Billy , chat nourit en croquetes

[denis r-e]

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Y fait la gueule ton bestiau ! On lui a retiré sa licence ?

[Duckman]

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Y fait la gueule ton bestiau ! On lui a retiré sa licence ?

Meuh non, vient de passer sa licence ulm.

[aviateur bourbonnais]

Je parlais simplement du premier vol de l'exemplaire sortant de l'atelier de construction, évidemment pas du prototype. A cette époque, pour nous, pilotes en herbe participant à un camp aéronautique, un terrain comme Moulins était aussi, sans que nous le sachions, un formidable lieu de culture aéronautique, un véritable conservatoire. J'ai déja parlé de Marc Eskenazy, mais il faudrait aussi parler de monsieur Castanier, patron de la CARMAM et dirigeant du club et des instructeurs qui animaient le lieu.
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Conservatoireaéronautique. Il y venait de temps en temps un monsieur plus très jeunequi s'appelait Maurice Tabuteau. Nous, les jeunes, on ne savait pas quic'était, on savait simplement qu'il pilotait depuis longtemps, etpersonne n'a pensé à nous le faire connaître pour qu'on parle avec lui.C'est, souvent trop tard, le grand regret de découvrir qu'on a sans lesavoir rencontré et cotoyé un personnage qui aurait pu enrichir notreconnaissance. Il aurait suffi de quelques mots, d'un geste, d'uninstant. Dans tous les domaines, on manque souvent des occasions de cegenre. A nous d'essayer qu'il en soit autrement.

Fini terminé tout ca.
Moulins Avermes a disparu, noyé sous je ne sais quoi; un lotissement, une ZI, des HLM.
Carrier nous le dira peut-etre.

Côté matériel, les machines les plus modernes de l'époque,Mésange, Bijave et Bréguet 901 en côtoyaient d'autres, plus anciennescomme les Nord 1300, Castel et C800, déjà mythiques comme le WeiheMinimoa ou rares déjà comme l'aile volante AV36, objet de curiositéquand un des rares pilotes autorisés l'utilisaient. Côté avions, D112et Piper J3 qu'on voyait sur tous les terrains voisinaient avec desengins déjà rares mais qui volaient couramment, comme le Léopoldoff(aujourd'hui préservé par Philippe Monniot à Isssoire), un CaudronPhalène qui servait aux baptèmes (eh oui, ça m'étonne encoreaujourd'hui), et le Nord 1000 déjà tristement évoqu.

Sauf erreur, le Leopooldoff a été racheté par les frères Citerne, JP ayant longtemps pdt du club de Lapalisse.
Depuis sa mort, l'avion est conservé à Issoire chez P Monniot.

[Mousquetaire]

Effectivement c'est M. Citerne de Lapalisse qui avait récupéré ce Léopoldoff, et je ne pense pas qu'il soit, à ce jour, à Issoire ...

En fait le Piper L4 (J3) est en CNRA (F-PHUF) et s'appelle Camandre 01. Cet avion est toujours à l'ACB à Montbeugny...

[Leon Robin]

Effectivement c'est M. Citerne de Lapalisse qui avait récupéré ce Léopoldoff, et je ne pense pas qu'il soit, à ce jour, à Issoire ......

Il y était pourtant il y a un peu moins d'un an, propriété de Ph Monniot depuis longtemps, sa provenance et l'histoire de son achat mayant été confirmée personnellement par son propriétaire et son épouse.

Issoire, septembre 2007


Le même dans son hangar à Moulins-Avermes en 1970

[Mousquetaire]

Pour le F-BHGX effectivement, il appartient à la famille Moniot depuis très longtemps, mais il y a eu un autre Léopoldoff à La Palisse, d'où la confusion.