Extrait du sujet précédemment cité (ça m'évitera de refaire le boulot, à mon humble avis fort bien fait)
Gilles131 a écrit:Beaucoup de réponses intéressantes, merci.
Tout ça montre bien qu’il est parfois difficile d’avoir une conscience précise de ce que l’on fait quand on pilote et qu’on le fait le plus souvent de façon «automatique» plutôt qu’analytique.
En réalité, on passe fréquemment d’un mode de pilotage du plan vertical à l’autre en fonction des circonstances.
Certaines situations imposent la puissance: en montée, ou en plané par exemple. La vitesse est alors pilotée par le manche, et la pente en résulte.
Certaines situations imposent la pente et la puissance: en croisière, paramètres moteurs affichés, et pente nulle, tenue au manche. La vitesse en résulte.
Pour les cas plus complexes, je crois que l’on ne peut comprendre clairement la mécanique du vol sans dissocier les effets immédiats des effets à moyen terme des commandes, c'est-à-dire les régimes transitoire et stabilisé.
Une augmentation de puissance (donc de la force de traction) a pour effet immédiat une accélération longitudinale: la vitesse augmente, de façon transitoire. Mais à moyen terme, une fois les éléments stabilisés, la vitesse sera la même si l’on ne touche pas au trim, puisque sa position définit l’incidence (donc la vitesse) de vol stabilisé. Mais la pente sera modifiée: on sera passé de palier en montée, par exemple.
De même, une action manche avant a pour effet immédiat une modification transitoire de la trajectoire (de palier en descente, par exemple). Mais une modification permanente de la position du manche (et du trim qui va avec) va à moyen terme stabiliser une vitesse différente.
La situation intéressante est l’approche finale, où la pente et la vitesse sont imposées. Et là, il y a deux démarches totalement différentes, qu’il est très intéressant de découpler de façon consciente:
la recherche de l’équilibre (c’est-à-dire des paramètres stabilisant la pente et la vitesse voulues)
la correction des écarts autour de l’équilibre. Ces corrections sont ponctuelles, pour répondre à une perturbation momentanée (rafale, ascendance...) et revenir aux conditions d’équilibre.
La recherche de l’équilibre est du moyen terme: on cherche à afficher la puissance et la position de TRIM qui permettront à l’avion, toutes commandes lâchées, de descendre sur son plan standard à la vitesse d’approche. C’est le TRIM qui définit l’incidence en vol stabilisé, donc la vitesse. C’est alors la puissance qui définit la pente de descente stabilisée: (Pu-Pn)/mg
Un écart constant ou en augmentation régulière montre que les paramètres d’équilibre ne sont pas déterminés avec suffisamment de précision. Si la vitesse est, constamment, un peu trop élevée, c’est que le trim est un peu trop à piquer. Si le plan est trop faible ou a une tendance régulière à la diminution, c’est que la puissance affichée est un peu insuffisante. Corriger de cette façon le plan et la vitesse, alternativement et à toutes petites touches, amènera rapidement à une situation parfaitement stabilisée où notre avion descendra tout seul sur le bon plan et à la bonne vitesse, sans que l’on ait rien d’autre à faire que de surveiller et corriger les éventuels écarts ponctuels.
Une fois stabilisé, la correction des écarts ponctuels se fait aux gaz pour la vitesse, et au manche pour la pente: c’est de l'immédiat, juste le temps de corriger l’écart avec l’ampleur nécessaire, éventuellement importante.
Une ascendance fait instantanément gonfler le plan: on pousse ponctuellement pour le retrouver.
Un cisaillement de vent fait chuter le badin: on rajoute momentanément de la puissance, etc.
Aussitôt l’écart annulé, on annule la correction et on conserve les paramètres d’équilibre retrouvés. On travaille donc au manche autour de la position d’équilibre définie par le trim, sans y toucher, et aux gaz également autour de la position de l'équilibre.
Je trouve étonnant que l’on ne dissocie quasiment jamais ces deux démarches fondamentalement différentes, car leur dissociation consciente est une aide énorme au pilotage d’une finale, et amène à une précision diabolique avec peu d’efforts.
Le seul ouvrage où je l’ai vue mentionnée est «Le vol en montagne» de Daniel Agnoux, collection Les eXpliqués de Cépadues. Pas vraiment étonnant vu l’exigence de cette discipline