Le forum des pilotes privés

Salut,

Un ami de la famille a 87 ans.
Il est en bonne forme, et n'est jamais monté dans un petit avion. C'est pourtant un passionné de mécanique, et voler un jour, tant qu'il pourra l'apprécier, est l'un de ses voeux.

Ses proches m'ont contacté pour réserver un vol, et lui offrir ce plaisir.
Je suis très motivé et fier à la fois.

Un peu inquiet aussi.
Bien que je n'envisage aucune folie, y a-t-il des précautions particulières à prendre, des symptômes particuliers qui pourraient survenir, dont il faut tenir compte ? Le vol devrait durer 45 min, ne pas aller au delà de 1500 ft, ni s"éloigner de plus de 10 min d'une grosse plateforme.

Question au médecins du forum...

Merci

Bugs

hello,

je ne suis pas docteur mais j'ai récemment emmené un grand oncle ancien para de 77ans sur un local d'un quart d heure donc pas bien long.
Le passager à réagi un peu comme mon neveu de 8ans! c'est à dire qu'avant le vol il était tout excité et pendant il est resté muet, un peu émerveillé et un peu impressionné à la fois. De retour au sol par contre c'est reparti comme en 40  . Tout ça pour dire qu'il faut rester vigilant car il se peut qu'il ne prévienne pas si jamais il se sent mal.

Il y a longtemps, quand j'ai débarqué à Paris, je louais un logement dans un pavillon chez une vieille dame de 85 ans. Apprenant que j'étais pilote, elle me demande un jour si si pourrais lui faire faire un tour d'avion. Je lui réponds que oui, et n'y penses plus, croyant que c'était juste histoire de parler. quelques temps plus tard, la vieille dame me deamande quand je pourrais lui faire prendre son baptême de l'air. Elle avait vraiment envie de voler. Je l'ai donc emmenée, pour un vol tranquille en Cessna 150, et elle est descendure ravie. Le problème principal avec une personne agée est en général l'accès à l'avion. Le Cessna 172 me semble idéal, évitant les contorsions que nécessitent d'autres avions.

Autre expérience : un de nos membres a fêté samedi dernier au club ses 70 ans de brevet. Il a 88 ans et sa licence tout aussi valide que lui. Prudent, il part avec un pilote de sécurité, mais c'est son choix. Lui vole sur PA28, et je souhaite à bien des gens plus jeunes que lui de tenir la même forme. Il y a 3 mois, l'aéroclub Alpin de Gap a fêté le centenaire d'un de ses membres, qui a fait un vol sur le nouvel avion immatriculé à ses initiales. L'âge ne fait rien à l'affaire, tout dépend de la personne.

Pour en revenir à la question, là où il faut être le plus prudent est lors de l'accès à l'avion (marchepieds et bord de fuite).

Pour moi qui n'ai que 81 ans le problème n'est pas de monter à bord (ma reference étant le bord de ma baignoire qui est à la même hauteur que le marchepied du Rallye remorqueur) mais la descente et l'atterrissage avec une jambe "ferraillée". Là, j'fais gaffe! Je fais entre 80-100 heures de remorquage et plus de 600 atteros par an. Je devais baptiser notre centenaire mais la famille s'y est opposée. Dommage.
Yvan

A part les problèmes d'accès à bord, j'ai demandé à "un" médecin et il m'a dit que d'après lui le seul truc problématique serait au niveau cardio. Une angoisse en vol par exemple, peut avoir des conséquences sur un cardiaque agé.

Demander avis du cardiologue, et si pas de cardiologue, en profiter pour se rendre à une consultation de vérification !

Ma grand mère aussi m'a souvent demandé de l'emmener en vol. Je croyais également que c'était pour "rigoler". En fait pas du tout, et elle a fini par se vexer. Elle n'aura finalement jamais volé avec moi ...

effectivement l'accès à bord semble le plus périlleux, et bien sur ne pas prendre de G.

Pierre H. a écrit:................
Ma grand mère aussi m'a souvent demandé de l'emmener en vol. Je croyais également que c'était pour "rigoler". En fait pas du tout, et elle a fini par se vexer. Elle n'aura finalement jamais volé avec moi ...

Ne jamais remettre au lendemain ce que tu peux faire aujourd'hui !!!  surtout avec des personnes agées ....

Chaque fois que je vais à Ruoms je fais un vol avec mon père qui maintenant à bientot 87 ans il en est chaque fois trés heureux, son comportement de gamin joyeux, sa mémoire des lieux ou il a vécu son enfance et la période noire du maquis, son sens de l'orientation et du repérage, m'étonnent à chaque fois et  c'est pour moi la plus belle récompense.



Je préfère l'emmener en Rallouse car c'est pour lui bien plus facile de descendre dans le rallouse que de s'incruster dans le JoJo

Bon, je remets ma blouse blanche et je donne mon opinion
On commence par exclure les insuffisants cardiaques et respiratoires décompensés, c'est vite fait, ces patients n'ont de toute façon pas envie de trop bouger car pas biens. S'il sont stables, la faible altitude (1000 - 3000 ft) ne risque pas de les mettre en hypoxie
On évite les infarctus et autres dilatations coronaires de moins de 6 mois ( c'est à dire OK si controle cardio à 6 mois révolus réalisé)
On écarte également les troubles du rythme ( pour faire pratique, les palpitations et les personnes qui prennent des médicamens pour calmer le rythme cardiaque: voir les notices des boites) une forte excitation adrénergique peut déclencher un accés. Le cardiologue traitant ne vous remerciera pas.
On éloigne les asthmatiques impressionables. La crise d'asthme par forte émotion est un mauvais moment pour le patient et le pilote qui n'aimera pas les grands mouvements de bras pour récupérer la Ventoline dans la poche de la veste.
Ensuite réflexion sur la mobilité : en cas de faible mobilité se hisser dans l'avion est difficile, évacuer en urgence l'est encore plus: il faut que le passager et son entourage soient avertis de ce sur-risque ( ex : feu au démarrage)
Plus la personne est âgée, multiplie les traitements, et plus facilement peut survenir un malaise, notamment par forte chaleur. C'est finalement le plus ennuyeux car vraiment imprévisible. Peut-on préventivement clipser la ceinture à enrouleur pour éviter une éventuelle chute en avant? je n'ai pas la réponse.
Et aprés tout celà on se rassure car les avions sont pleins d'octagénaires qui vont aux baléares et en reviennent
J Yves

TiTi05 a écrit:
Je préfère l'emmener en Rallouse car c'est pour lui bien plus facile de descendre dans le rallouse que de s'incruster dans le JoJo

Ben... pour s'incruster dans les Jojo c'est "relativement" facile, approximativement il suffit de se laisser tomber

mais en sortir, c'est une autre paire de manches. Et effectivement en cas d'obligation d'évacuation urgente, on est mal.

Dans ces situations le Cessna est vraiment bien

Brunet a écrit:Bon, je remets ma blouse blanche et je donne mon opinion
On commence par exclure les insuffisants cardiaques et respiratoires décompensés, c'est vite fait, ces patients n'ont de toute façon pas envie de trop bouger car pas biens. S'il sont stables, la faible altitude (1000 - 3000 ft) ne risque pas de les mettre en hypoxie
On évite les infarctus et autres dilatations coronaires de moins de 6 mois ( c'est à dire OK si controle cardio à 6 mois révolus réalisé)
On écarte également les troubles du rythme ( pour faire pratique, les palpitations et les personnes qui prennent des médicamens pour calmer le rythme cardiaque: voir les notices des boites) une forte excitation adrénergique peut déclencher un accés. Le cardiologue traitant ne vous remerciera pas.
On éloigne les asthmatiques impressionables. La crise d'asthme par forte émotion est un mauvais moment pour le patient et le pilote qui n'aimera pas les grands mouvements de bras pour récupérer la Ventoline dans la poche de la veste.
Ensuite réflexion sur la mobilité : en cas de faible mobilité se hisser dans l'avion est difficile, évacuer en urgence l'est encore plus: il faut que le passager et son entourage soient avertis de ce sur-risque ( ex : feu au démarrage)
Plus la personne est âgée, multiplie les traitements, et plus facilement peut survenir un malaise, notamment par forte chaleur. C'est finalement le plus ennuyeux car vraiment imprévisible. Peut-on préventivement clipser la ceinture à enrouleur pour éviter une éventuelle chute en avant? je n'ai pas la réponse.
Et aprés tout celà on se rassure car les avions sont pleins d'octagénaires qui vont aux baléares et en reviennent
J Yves

Que vouloir de plus si ce n'est l'impossible. Je ne fais que poser la question, suis incompétent en matière médicale .

Je songe que la personne la plus âgée que j'ai fait voler n'est autre que moi-même.
Paradoxe : c'est parfois vrai deux fois dans une vie de pilote :
- quand il est vieux
- quand il est jeune et vient d'être lâché

Pas de problème, je fais régulièrement voler mes parents qui ont au moins 50 ans !!!

Bonne soirée

TiTi05 a écrit:Ne jamais remettre au lendemain ce que tu peux faire aujourd'hui !!!  surtout avec des personnes agées ....

Titi à bien raison.

J'avais demandé un jour à mon ex voisine de 105 ans qui m'adorait depuis mon enfance si ça lui disait de faire un jour, un tour d'hélicoptère avec moi si tant est que le directeur de sa maison de retraite, son docteur et son fils soient d'accord.

Elle était partante et ne comptait pas du tout laisser qui que ce soit essayer de l'en empêcher !

L'helico était à l'époque à 1h30 de route, j'étais pas rassuré sur les risques et j'ai hésité plusieurs mois en croyant qu'elle avait oublié .

Quand elle est morte à 107 ans, j'ai appris qu'elle avait récemment dit à un ami commun que je l'emmènerai un jour en vol.

Je m'en voudrais et regretterais ce plaisir partagé toute ma vie.

Thierry

Bonjour.

Perso 2 expériences, ma belle mère 88 ans, bonne santé, 2 heures de vol la dernière fois, enchantée ,seule difficulté, l'accès et surtout la sortie sur une aile basse et enjamber les volets. l'autre expérience ; 87 ans , cardiaque, aile haute donc accès facile, vol de 45 mn, vz modérées en montée et descente, pas de virages à plus de 25/30°, longue finale, altitude maxi 1500 ft/sol avec dialogue permanent pour écouter le passager, la voix donnant une assez bonne idée du ressenti et de l'excitation du passager.
Et puis voir après l'aterro les yeux pleins d'étoiles de ce papy qui n'avait jamais quitté le plancher des vaches, c'est vraiment un bonheur et ce qui me motive à partager le ciel.

Bons vols seul ou pas.

Pour faire monter une personne âgée, ventripotente, à mobilité réduite, le mieux c'est le Rallye :
becs rentrés on fait asseoir sur l'aile le catéchumène par l'avant et après c'est plus simple d'intégrer les places assises.
Bons vols