Le forum des pilotes privés

J'ai retrouvé avec plaisir un album relié du 1er semestre 1956 de l'hebdomadaire catholique pour la jeunesse (si ça ne vous plaît pas je vous emm... charitablement)  Bayard devenu Record par la suite. Je ne l'ai pas lu alors, n'ayant que deux ans et demi, encore qu'à cinq ans je lusse suffisamment bien pour être désigné pour lire publiquement dans l'amphithéâtre de l'école normale de filles de Châlons le compliment de départ en retraite de ma directrice de maternelle. Quand elle y repense aujourd'hui elle en a encore les larmes aux yeux.

Bref j'ai dû le lire vers huit ans, un peu avant Spirou, et comme Spirou il compta beaucoup dans mon orientation aéronautique, car ses pages sont bourrées d'aviation. Voyons un peu comment on éduquait la jeunesse.

Sur 5 numéros consécutifs, une page racontant le film Strategic Air Command avec James Stewart, vrai pilote de bombardier dans le civil, et June Allyson, vrai laideron malgré son nom presque aéronautique. Belles photo d'un B-36 et d'un B-47 en vol. "Belles" est une façon de parler vu la qualité de l'impression grossière sur papier proche de celui qu'on razzie actuellement dans les grandes surfaces.

Les Prospecteurs du Xingu, bande dessinée où l'on voit un ADAV  Lockheed XFV-1 servant d'avion de liaison entre camps de prospecteurs au Brésil, et qui semble être le vrai héros de la série. Egalement un Sikorsky R-4 et un Hawker Typhoon.

Un récit Chrétiens du Viet-nam sur les 800 000 catholiques ayant fui le Nord après 1954, où l'on voit l'un de leurs villages bombardé par un appareil communiste (si cette critique implicite ne vous plaît pas je vous emm... apostoliquement) qui est apparemment un Beech Grizzly.

Astronautique : La première fusée interplanétaire sera en acier inoxydable car "seul un acier inoxydable pourra supporte sans fondre l'énorme échauffement de la fusée lorsqu'elle traversera à grande vitesse l'atmosphère terrestre" et "les savants le croient seul capable de pouvoir servir à la construction des moteurs atomiques qui seront nécessaires pour vaincre la pesanteur terrestre".
Plusieurs autres articles astronautiques.

Article éducatif illustré de dessins et du plan trois-vues du Mystère IV : "La famille des Mystères", les premiers que j'ai vus. Tableau des caractéristiques et performances de l'Ouragan au Super-Mystère.
Je cite pour le pesant de cacahouettes (trois orthographes admises) :
- C'est le 28 septembre 1952 qu'eut lieu le premier vol des Mystères IV. Dès avril 1953 les experts du N.A.T.0. en commandèrent 225.
- Qu'est-ce que c'est le N.A.T.O. ?
- L'organisme chargé de rechercher le meilleur matériel pour les armées de l'Europe occidentale.

Numéro de Pâques (NB : faites plaisir à M. Trump qui demande que le jour de Pâques chacun assiste physiquement à l'office religieux) où après trois belles pages de BD en couleur sur la Résurrection et la messe pascale (si cela ne vous plaît pas je vous emm... pastoralement), le récit sur deux pages du film Le Tigre du ciel, la vie de Mac Connel, as héroïque de la guerre de Corée toute récente. Belle photo de l'as au sol dans un P-80.

Une page avec dessins et plan trois-vues du Caravelle. En 1956 on y croyait.

Une page sur le Trident et le Gerfaut !

Plus des avions disséminés dans plusieurs séries dessinées.

Pas d'article sur l'énergie atomique pacifique ! Rien donc sur les automobiles atomiques, les piles inusables recelant de petites quantités de déchets de fission, les grands travaux de terrassement à la bombe A, etc. Etonnant pour un magazine de 1956.

A part cela la première version en 52 planches du personnage repris depuis en BD Yvan des Valdaï, histoire d'une bande de fugitifs d'un camp pour adolescents orphelins dans l'URSS de 1920. Complètement irréaliste, mais à huit ans belle introduction  (même pas anticommuniste !) à l'atmosphère de la littérature russe du XXe siècle.

Evocation sympa d'une époque (les années 60) ou l'on m'avait abonné au Journal de Spirou. J'ai donc perfectionné mon apprentissage de la lecture avec les aventures de Boule et Bill, de Benoit Brisefer et son cache-col, Gaston (M'enfin!...), Lucky Luke qui a sans doute contribué à mon intérêt pour le grand Ouest américain et son équitation de travail que j'ai pratiqué plus tard, mais aussi un certain Buck Danny

Bref! mon amour pour les choses de l'air n'est pas né à cette époque (il a fallu un vol avec un collègue de boulot 20 ans plus tard) mais mon gout pour l'imaginaire sans doute

@JPT : je t'emm... anti cléricalement

Note, une dame qui a pris sa retraite en 1958 et qui a les larmes aux yeux en 2020, (62 ans plus tard!), on peut supposer qu'elle en a bien profité.

Puisqu'on est dans l'évocation des BD de notre enfance .....

Au début des années 50, on m'a fait découvrir le Journal de Tintin. J'allais sur mes 10 ans, une nouvelle fenêtre s'est ouverte sur le monde. C'est là que j'ai pris mes premières leçons de pilotage, lorsqu'à commencé à paraître une rubrique hebdomadaire détaillant chaque leçon du "1er degré". Une aubaine pour un gamin qui vivait le nez en l'air chaque fois qu'il entendait le bruit d'un avion. Rapidement, je passai au stade du simulateur de vol, une révolution en 1953 : un cockpit et des commandes en Meccano avec instruments dessinés sur des bouts de carton, le tout fixé sur la table de cuisine. Les vols ne pouvaient évidemment se dérouler qu'en dehors des repas et de leur préparation . Inutile de dire que chaque semaine j'attendais impatiemment la leçon suivante.

Ben moi c'est le Testament de Mr Pump et la forme de cet étrange avion qui m'a passionné suivi du Stratonef H22. Je possède toujours ces BD. Et après le Golden Rocket d'EP Jacobs qui ressemblait étrangement au Comet dont la forme du cockpit a été reprise par le Sud Aviation SE 210 alias Caravelle. Toute une époque. Ces dessinateurs fabuleux j'ai eu la chance d'en rencontrer quelques uns dans mon métier, ces gars sont exceptionnels.

J'achetais pour quelques centimes des petites boites de réglisse en carton (rouge de mémoire)

Après m'être régalé du contenu, je dessinais maladroitement des aiguilles sur le fond de la boîte et du couvercle pour en faire des cadrans.

Une fois collés sur une planche en bois, j'avais le beau cockpit du monde et Buck Danny n'était pas mon cousin...

Philippe Warter a écrit:Note, une dame qui a pris sa retraite en 1958 et qui a les larmes aux yeux en 2020, (62 ans plus tard!), on peut supposer qu'elle en a bien profité.

Retraite d'institutrice à 55 ans ; elle est donc née en 1903, et le 29 février, ce qui lui fait ainsi aujourd'hui juste un peu plus de 29 ans.

Leon Robin a écrit:Au début des années 50, on m'a fait découvrir le Journal de Tintin. J'allais sur mes 10 ans, une nouvelle fenêtre s'est ouverte sur le monde. C'est là que j'ai pris mes premières leçons de pilotage.../....

Je suis heureux de partager le même bonheur que Léon, mais un peu plus tard. Pour mes 7 ans en 1964, ma grand-mère a acheté plusieurs hebdomadaires et m’a demandé de choisir celui que je préférais pour m’offrir l’abonnement. J’ai préféré Tintin aux autres Mickey et BD diverses dont j’ai oublié les noms.
C’était vraiment une ouverture sur le monde, à une époque où l’unique chaîne de TV n’émettait qu’à temps partiel. J’ai découvert plein de choses et j’ai débuté ma culture générale avec cette lecture. J’y ai forgé aussi ma passion pour l’aviation en construisant une réplique du Carreidas avec une boîte d’emballage en carton rouge. J’étais un pilote hors pair, je le faisais atterrir sur la table de la cuisine ...la roue avant en premier !
J’ai été abonné jusqu’au dernier numéro.

Dans cet avion super bien dessiné dont l'histoire en BD est pleine de fines allusions diverses il faut voir sans doute en filigrane la signature cachée de Bob de Moor, l'âme damnée anversoise de Hergé comme dirait l’infâme Olrik, . Ils étaient comme d’ailleurs EP Jacobs des passionnés d'aviation à l'insu de leur plein gré et ça transparait furieusement quand on relit toutes ces histoires désormais cultes.

Ben ma première revue fut "Pilote" ! ("Lui" ne vint que 5/6 ans après, et ca n'avait rien d'officiel; l’abonnement n'était simplement pas concevable)
Ma déception immense après avoir découvert que ce n'était PAS une revue de pilotes n'eut d'égal que mon addiction toujours vive, xx années après.

Vivent les laiderons !!

PhM a écrit:... J’ai découvert plein de choses et j’ai débuté ma culture générale avec cette lecture. J’y ai forgé aussi ma passion pour l’aviation en construisant une réplique du Carreidas avec une boîte d’emballage en carton rouge. J’étais un pilote hors pair, je le faisais atterrir sur la table de la cuisine ...la roue avant en premier !

Mais moi aussi j'en ai un de Carreidas ! (Marcel Dassault, sors de ce corps !)
Il est vraiment super ce Carreidas, je joue avec tous les jours (oui... OK... seulement en période de confinement quand l'absence de soleil m'a trop tapé sur la tête)

Il est superbe ! Tu l’as acheté récemment ou bien es-tu un conservateur soigneux ?

Acheté il y a 3-4 ans peut-être.
Mais le Vol 714 pour Sydney j'étais en primaire, et vraiment déjà fasciné par cet avion.

Il y en avait un autre très chouette aussi, dans un opus de Mandrake il me semble.
Je.n'en ai plus de trace.

et vous oublier certainement TANGUY & LAVERDURE qui donna naissance dans les années 60/70 à la série des Chevaliers du Ciel avec le générique chanté par Johnny Halliday avec comme acteurs Messieurs Christian Marin dans le rôle de LAVERDURE et Jacques Santi dans le rôle de Tanguy, (qui ont été pour moi plus convainquant que ceux du films), j'ai quelques épisodes sur mon pc...
J'ai également connu les Buck Danny et surtout Sony Tucson (le rouquin) et Jerry Tumbler le plus tempéré des trois.
Également Tintin, la bande a Spirou, Melle Jeanne, Fantasio, Lontarin et Monsieur Gaston Lagaffe.